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Critique de afriqueah


Il faut prendre très au sérieux la dédicace d'Avant de sombrer : «  A ceux qui vivent dans nos coeurs et dans nos mémoires », ainsi que la citation de William SHAKESPEARE “ La mémoire est la sentinelle de l'esprit. » ”
Cyril Carrère a écrit un thriller, bien entendu, cependant le sujet me semble être la mémoire, celle qui défaille à Jérôme, le premier personnage du roman : il se réveille après avoir appellé son adjoint à l'agence, sa femme l'a supplié de rentrer vite et bam, un bête accident de voiture, qui le conduit amoché à l'hôpital. Or il n'est pas chef d'agence, mais flic, il ne conduisait pas mais a été agressé en prison… où il purge une peine… pour meurtre.
De sa femme Céline.
Ce sont des malfrats dans la prison qui l'ont agressé.
Mémoire défaillante, dénis, oublis du passé, régression, et désespoir de son avocat et d'une amie, Sylvia, puisqu'ils tiennent à prouver son innocence et que lui ne se souvient de rien.
Pour cela, Sylvia va même jusqu'à souffler dans la mémoire d'un vieil homme, lui insuffler des faux souvenirs, destinés à innocenter Jérôme.
Ne nous mentons pas, Sylvia, depuis le début, ne nous parait pas très claire dans ce jeu, quand elle demande dans l'EHPAD où elle travaille à un vieil homme pleurant la mort de sa femme : «  et les menaces anonymes que vous avez reçues ? (il n'y avait jamais eu de menaces).
 “Son histoire jalonnée de balises factices, diluées dans la mer de ses réels souvenirs, le vieil homme était mûr, prêt à jouer son rôle”. Puis elle demande à entrer comme profileuse dans la police pour se rapprocher de Jérôme, et de sa femme Céline, victime d'un AVC.
Avec des allers-retours avant la mort de Céline, sa maladie de Crohn qui s'est empirée après des essais censés la guérir, la perversion du laboratoire, payant d'éventuels plaignants, des morts, et le départ de leur fille Marine, outrée de l'acceptation de son père, les chapitres défilent.
Comme le vieil homme, qui s'attend à ce que ses enfants viennent seulement après sa mort pour hériter et vendre la maison, Jérôme n'est pas franchement gâté dans sa paternité. Marine devient son ennemie la plus farouche, le haïssant sans nuance.
le thriller est mis en place avec ces deux composantes : la perte de mémoire, la fragilité des liens parents/enfants, dont certains au moment de la rentrée scolaire “bénissaient cette reprise après deux mois à se coltiner leur progéniture non-stop ”.
Et bien entendu l'histoire elle-même dont je ne vous dirai que quelques mots. (Petit bémol : j'ai dû chercher le sens des mots savants comme algologue, syllogomane, n'étant pas proche du métier médical). Car il est question d'essais de laboratoire, et le livre de Cyril Carrère m'a fait penser à La constance du jardinier de John le Carré : trafics, mafia, labos mafieux, morts et chantages. Espoir à la fin du livre : Jérôme rêve et cela l'aide à se souvenir partiellement de son passé (comme la réminiscence dont parle Freud.)

Enfin, cerise sur le gâteau, “Petit clin d'oeil au professeur Elizabeth Loftus, experte de la malléabilité des souvenirs et notamment de l'effet de la désinformation sur les témoignages. Spécialiste des faux souvenirs, elle est celle qui m'a donné l'idée de cette intrigue. », nous dit Cyril Carrère.
Rien n'est donc inventé dans la manipulation du vieil homme par Sylvia.
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