Chronique express - Les livres de K79
Les gens portaient un masque en société. Le Japon était champion en la matière. Dès qu'on grattait un peu la surface, les comportements les plus déviants étaient mis a jour et les psychés dévoilées.
Un thriller innovant, de la construction de l’intrigue à celle des personnages, servi par une écriture fluide et cinématographique et un art consommé du suspense.
À ce stade, il était patent que nous étions tous devenus dépendants. Nous vivions exclusivement dans l'attente de nos samedis soir, et cette avidité se moquait de la discrétion.
Les gens portaient un masque en société. le Japon était champion en la matière. Dès qu’on grattait un peu la surface, les comportements les plus déviants étaient mis au jour et les psychés dévoilées. Et le pire dans tout ça, c’est que la plupart s’en tiraient sans le moindre dommage
« L’alcool insufflait le désir, déliait les langues, réchauffait l’atmosphère. L’heure tournait avec davantage de voracité dans ces moments de dépravation. »
Être assimilé aux autres, à la « masse » comme il la qualifiait, le rebutait. Il avait toujours vécu à l’écart des autres, comme un loup séparé de sa meute. Dès le plus jeune âge, il avait traversé, de force, des ordalies envahies par l’odeur de la mort. Il avait tué. Beaucoup. Ici, ailleurs.Des hommes, des femmes, et même des adolescents. Tout ça dans le seul but de le fortifier, transformer ses émotions les plus basiques en un mélange difforme et confus, pour le préparer à ce qui se présenterait un jour à lui. S’en était suivi un entraînement à la dure, tant physique que psychique. Il devait être fort, rapide, agile. Ingénieux, vivace, prompt à parer à toute situation. Discret, cultivé. En un mot : multitâche. Tout l’arsenal pour se fondre dans la société. Vivre sous l’identité nécessaire à l’accomplissement de ses missions. Le panel de compétences ultime, acquis au travers d’un travail acharné. Infernal.
Pourquoi l’avait-on choisi, lui ? La question se posait depuis très longtemps. Trop longtemps. Mais maintenant, il savait.
L’homme se contempla pendant de longues secondes dans le miroir central, se plongeant dans ses deux billes noires, opaques. Froides. Elles brillaient toujours de la même lueur, du même éclat après une opération rondement menée. Son entrejambe durcit à l’idée d’exécuter sa prochaine cible, et se procurer à nouveau ces poussées d’endorphines libératrices. Pas besoin des autres pour se satisfaire. Sa personne lui suffisait amplement. Il n’aimait que lui.
Pourquoi obéissait-il comme un chiot aux ordres venus d'en haut ? Pourquoi n'essayait-il pas de creuser pour savoir ce que ces pourritures cachaient ?
P 162
Pour une fois, Laurent avait l’alcool gai. De bonne humeur, il voulait recoller les morceaux avec sa femme. L’occasion était belle. Il ne tint pas compte du dédain avec lequel Sophie prit son énième retour au bercail en état d’ébriété.
Plus tard, au fin fond de sa cellule, il réaliserait qu’il aurait peut-être dû.
Sa femme était du genre bouquineuse, grande consommatrice de thrillers. Elle devait surement être dans le final d’un énième polar islandais ou finlandais avec un thé bien chaud, en pensant à la chronique qu’elle devait rédiger le plus tôt possible, selon les délais saugrenus qu’elle s’était infligés à elle-même. Impossible de décrocher avant la dernière page, disait-elle souvent. Il ne comprenait pas cette passion dévorante et encore moins cette lubie de partager ses ressentis avec de parfaits inconnus, au travers des réseaux sociaux. Face book, Twitter, Instagram. Et même un blog à son nom. A quoi ça rimait, sérieusement ?
Elle ferait mieux de s’occuper des gosses. Ca, c’était du temps bien passé. C’était bien à ça qu’elle servait, non ?
Un thriller sombre, captivant, très bien mené, de l'émotion à l'état pur . . .
Je suis restée scotchée de n'avoir rien vu venir !
Un twist final stupéfiant !
Un roman percutant : Bravo ! ! !
M. Cyril CARRERE, vous m'avez manipulée du début à la fin !