En refermant
le Royaume nous avions laissé
Emmanuel Carrère serein, confiant dans son avenir. Et puis il est resté silencieux 6 ans, je comprends maintenant pourquoi.
Au début de
Yoga, il semble aller bien encore, et se propose d'écrire un ouvrage «subtil et souriant » sur le
yoga, mais ce n'est qu'une apparence car déjà se profile la plus grave dépression de sa vie qui le conduira 4 mois à Sainte Anne où il subira une dizaine d'électrochocs.
Nous suivons sa plongée dans les abîmes de la conscience où la détresse morale est tellement intense que seul le suicide est la solution.
Il nous relate sa souffrance psychique intolérable, sans filtre et sans aucune complaisance pour lui-même.
C'est un récit intense, poignant et sincère un témoignage courageux qui n'hésite pas à aborder le tabou de la maladie mentale.
Paradoxalement ce n'est pas un livre voyeur ou egocentré, plutôt un miroir qu'il nous renvoie car, selon la formule de
Victor Hugo, en nous parlant de lui il nous parle de nous et nous invite à réfléchir sur nous même en comparant son histoire. «Quand on confesse des choses, c'est bien pour les autres ».
Et en ce sens il touche à l'universel.
Malgré sa noirceur, c'est un livre lumineux qui se referme avec beaucoup d'émotion sur ces mots: « je suis pleinement heureux d'être vivant »
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