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Critique de andman


Bernarda Soledade Tigresse du Sertão” : voici un titre qui fleure bon le dépaysement et le mystère !
Je remercie Paula, directrice de la jeune maison d'édition Anacaona axée sur la publication de littérature brésilienne, de m'avoir gentiment adressé cette oeuvre de l'écrivain Raimundo Carrero parue au Brésil en 1973 et traduite en français au printemps dernier.

La préface écrite par Ariano Suassuna, fondateur du mouvement armorial en 1970, permet de découvrir un genre d'expression artistique qui puise ses racines dans la culture traditionnelle du Nordeste brésilien. le mouvement armorial empreint d'un esprit épique est multidisciplinaire et mêle les arts littéraires, plastiques, scénographiques, etc.

La couverture et les illustrations intérieures ont été réalisées par Fernando Videla qui, s'inspirant du style nordestin en matière de gravure, a remarquablement traduit en images l'atmosphère tempétueuse et mystique de “Bernarda Soledade Tigresse du Sertão”.

Ce roman raconte la folle nuit de trois femmes, recluses dans une maison de maître située au coeur du vaste domaine de Puchinãnã. Une épouvantable tempête balaie sans discontinuer la fazenda et les sifflements incessants du vent auxquels se mêlent les hennissements apeurés des chevaux dans les corrals font un vacarme à effrayer les fantômes.

Gabriela, la mère, vient de revêtir sa robe de mariée et se croit au matin de ses noces. Elle ne s'est jamais remise de la mort de son mari retrouvé pendu dans une grange à maïs.
Bernarda, l'aînée des deux filles, a pris les rênes du domaine après le décès paternel. Elle dirige Puchinãnã d'une main de fer et, telle une tigresse, a constamment les sens en alerte.
Inès, tout comme sa soeur, est d'une grande beauté mais se singularise par un côté fleur bleue. La tempête qui gronde ne l'empêche pas de se concentrer sur sa broderie.

A partir de ce pesant huis clos féminin, Raimundo Carrero revient par de nombreux flashbacks sur l'histoire tragique de Puchinãnã parsemée de luttes armées, de trahisons et de règlements de comptes.
Émerge la personnalité impitoyable de Bernarda qui dicte ses ordres à des hommes de mains, s'approprie les terres à sa guise, apprivoise les chevaux sauvages même au plus fort d'une grossesse...

L'ambiance fantomatique de cette nuit d'orage n'est pas sans rappeler l'ultime chanson des Doors : “Riders On The Storm”, composée en 1970. L'amour, la mort, le meurtre, la famille et le destin apparaissent dans les écrits de Raimundo Carrero comme ils apparaissaient dans les paroles de Jim Morrison trois ans plutôt.
C'est un petit bonheur que d'apprécier de concert ces deux oeuvres convergentes !
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