AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Junie


Quel enfant aimerait écouter une histoire écrite par un mathématicien?
Un mathématicien bègue et un peu sourd, fils de pasteur et enseignant à Oxford. Aucune chance que son histoire plaise à une fillette de 10 ans.
Alice devait être une enfant bien étrange pour aimer ce conte à dormir debout, et pour devenir l'amie du révérend Charles Dodgson, qui trouvait en elle l'inspiration poétique et littéraire de son récit. Dans une Angleterre puritaine et conformiste, l'imagination débridée de Lewis Carroll lui donne un siècle d'avance sur son époque. Ses personnages sont habités d'une frénésie, d'une liberté, d'une fantaisie qu'on retrouvera bien plus tard chez la beat generation, le Pop-Art, chez Beckett, chez Pérec, chez les Surréalistes.
L'humour est constamment présent dans les dialogues ou les situations. Un humour subtil, où le non-sense bouscule la pensée, où la logique est sans cesse convoquée pour mieux être démolie, abattue, vaincue.
Alice ne sait plus qui elle est, où elle va, elle est perdue dans un univers en trompe-l'oeil, une sorte d'asile psychiatrique où on croise une cruelle reine hystérique, des animaux loufoques qui racontent n'importe quoi, où le temps s'écoule à l'envers, où les évènements sont imprévisibles et parfois effrayants.
Ce livre parle de l'enfance, du sentiment d'étrangeté que les enfants éprouvent, des épreuves émotionnelles qu'ils doivent affronter: la crainte de se perdre, de disparaitre, de grandir trop vite, de ne pas comprendre ce qui arrive, de se sentir étranger, d'être rejeté ou dénigré.
Certains enfants ressemblent à Alice, et ils aimeront ces histoires.
D'autres les trouveront idiotes, ridicules, absurdes, sans queue ni tête.
Mais le révérend Dodgson s'en fiche, il est passé de l'Autre côté du Miroir.
Commenter  J’apprécie          180



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}