J’ai l’impression de n’en être jamais partie.
Les sons et les odeurs sont exactement pareils. L’argent, le pouvoir, le sexe et la dépravation entremêlés de peur, d’horreur et d’une soumission immuable.
Je suis l’agneau sacrificiel attendant le carnage.
Je n’ai jamais ressenti autant de pouvoir dans ma faiblesse.
Quand une personne, même une en qui vous avez confiance, sait ce que vous chérissez, cela devient une faiblesse, un point sensible à exploiter.
Il m’a heurtée de plein fouet, faisant onduler mes cheveux sur mes épaules en se précipitant sur ma peau exposée. Sa présence prime celle des autres. Ce lien que je sens entre nous est davantage que la connexion d’un sauveur et d’une victime. C’est une attraction plus profonde qui se déroule depuis le fond de mon ventre, elle remonte à travers ma poitrine et martèle ma cage thoracique, exigeant qu’on la libère. Son animosité envers moi ne fait rien pour éteindre les flammes de ce besoin. Ce feu qu’il allume en moi ne fait que s’intensifier et s’étendre. Je veux le brûler, enfoncer mes doigts ardents dans sa colère et attirer sa fureur vers moi. C’est stupide et imprudent, mais il semble également incontrôlable.
J’ai caché le mien dans ma poitrine et l’ai barricadé derrière une haie d’épines. Pour tout le monde, j’apparais n’en avoir aucun. C’est ce qui m’a gardée en vie.
Je retire sa barrière dans le noir de la nuit et me glisse silencieusement dans sa bulle. Je rêve d’air frais, de cieux bleus et d’eaux purificatrices. Je souhaite une vie que je n’ai jamais connue.
Cette fille est d’une beauté éthérée, mais c’est lorsqu’elle ouvre les yeux que j’ai la tête qui tourne et je trébuche en arrière, tombant presque sur le cul comme un enfant effrayé. Ces yeux me hantent. Un bleu irisé, et presque sans vie, ils ressemblent aux yeux des défunts et ont pourtant une profondeur qui parle d’une vitalité incalculable. Ils me fixent comme un ciel nuageux d’été, truffés de brins de vie si vifs que vous voudriez volontairement vous noyer dedans.
La vie m’a appris comment être un fantôme. Mes pieds ne laissent pas de traces et ma taille n’est pas un obstacle alors que je me glisse sans effort d’un arbre à l’autre. Cet ours polaire ne va pas me voir ni m’entendre venir.
On ne devient pas ami avec Satan quand il a soif de votre sang...
Leurs corps contusionnés et maigres ne tremblent pas de peur. Ils ont été entraînés à obéir, conditionnés à croire que leurs vies ne leur appartiennent pas et que leurs corps ne sont que des réceptacles pour le plaisir des autres.
Je suis comme un Crocodile Dundee des temps modernes, sans le stupide chapeau ou le collier pathétique fait de dents. Les trophées que je porte autour de mon cou sont plus que des prix gagnés en luttant avec des animaux sauvages. Je les ai payés de mon sang, ma chair et ma santé mentale. Cela les rend inestimables.
Le relent de peur se dissipe comme si un vent frais avait soufflé dans la pièce et emporté avec lui la puanteur de l’horreur.