Les yeux de Zia sont des recueils de vastitudes. Des mirages s'y déploient ; des abîmes s'y approfondissent ; le gris magnifique de ces yeux-là est ruisselant de phosphorescences palpitantes ; des troubles y passent par instants, des troubles qui bouleversent les contemplations, enfantent les fièvres et les folies, et ressemblent au deuil de la nature lorsque le soleil est mourant, au deuil qui s'étoile langoureusement.
Je me figure que des perles qu'on mettrait dans la main d'un diable auraient la nuance de tes yeux...
Vos genoux sont pointus ; vous êtes très maigre. Un homme maigre, je n'aime pas ça - parce qu'il fait mal en vous étreignant, et puis parce qu'il a l'étreinte trop courte. Chez lui aux moindres mouvements la coupe se verse. C'est quelquefois ennuyeux lorsqu'on a soif...
Je la retiens par le bras :
- Zia... Ecoutez... Zia, dites-moi, je vous prie, que vous êtes persuadée que l'étreinte, même sans amour, est un trait d'union sublime...
- Allons, voyons, pourquoi voulez-vous que je vous dise ce que je ne pense pas ?... Un trait d'union sublime !... Non, mais vous êtes à encadrer, vous !...
Une complexité troublante dans une complexion adorable : Eurynome-Aphrodite.
Elle était cela.
Étrange, et sans volonté bien déterminée.
Ainsi qu'un abîme qui exhalerait des douceurs de parfums parmi une fureur de grondements.
Le rire clair qu'elle eut, tintera en tous les instants de ma pensée. - Des fragments importants de la vie peuvent s'accrocher à l'intensité d'une note absurde et rester continuellement en évidence sur le champ vaste du souvenir ; haillons de rêve. - J'entends le rire de Zia, et je vois mon état d'âme d'alors jeter au mouvement des choses son frémissement de passion et d'angoisse.