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Critique de nadejda


J'ai achevé la lecture de ce livre il y a plusieurs jours et je n'arrête pas d'y penser. Il m'a bouleversée et a ouvert une brèche qui a entraîné un flot de questions.
C'est un livre d'une poésie violente, intense, la lave d'un volcan en éruption, qui progressivement gagne du terrain, alliée au bleu infini du ciel que l'on voudrait rejoindre dans un vol, comme le tentent les adolescents membres du Flying Freedom qui se rassemblent spontanément pour sauter dans le vide. Ils désirent par là retrouver pendant quelques instants la légèreté, la liberté que les dérives totalitaires des gouvernements qui continuent à se réclamer de la démocratie leur ont enlevé, avant que la pesanteur ne les rattrape en les écrasant au sol.

«Nous touchons à une légèreté inexplicable alors que la pesanteur des systèmes commence à se dissoudre dans l'infini.» p72

Par leur geste, il veulent provoquer une réaction au sein de la société dans laquelle ils n'ont pas leur place, témoigner de son horreur, faire prendre conscience.

Tous sont à la recherche de Y qui pourrait être l'hypothétique coordonnateur de ce mouvement déstabilisant mais dont aucun indice dans le cours du récit ne permet de confirmer l'existence.
Toutefois l'auteur nous donne une clef que je vais interpréter à ma façon. L'ensemble des romans de Antoni Casas Ros est un jeu aux règles ouvertes comme le chaos n'est pas vraiment le chaos mais un état passager qui permet tous les possibles et engendre et fait naître une harmonie nouvelle à chaque instant, par l'intermédiaire de chacun.
En note il nous indique dès le début que la structure de la «suite de Fibonacci» dans laquelle chaque terme de cette suite est la somme des deux précédents : 1.2.3.5.8.13.21.34.55.89, transparaît dans celle de «Chronique de la dernière révolution».
Je ne crois pas qu'il nous dise cela pour nous faire remarquer qu'effectivement les chapitres sont numérotés en suivant cette suite. Si chaque terme s'additionne cela veut aussi dire, que la pensée, les désirs, les actes de chacun des protagonistes de ce récit vont s'additionner indépendamment d'eux pour entraîner effectivement une dernière révolution, une révolution que personne n'aura vu venir et dont personne ne pourra interrompre le développement, la révolution du silence.
Et je voudrais citer l'auteur qui parle de la littérature à travers un commentaire sur Cortazar (voir site Fluctuat.net) dont il avalerait, s'il devenait bibliophage, « Marelle» ce livre inoubliable qui «a ébloui ses 15 ans»
« Il (Cortazar) veut nettoyer non seulement le langage mais le cerveau lui-même dont le fonctionnement lui semble emprunter toujours les mêmes voies tracées par le jeu des conventions et c'est là que se situe la révolution la plus profonde. Ouvrir à la machette de nouveaux sentiers dans la jungle des mots.
Entrer dans le Jeu, que Cortazar considérait comme l'essence du sacré, abandonner les formes existantes est la révolution de l'écriture. C'est ce qui nous touche encore aujourd'hui dans l'oeuvre de Cortazar : un combat sans fin qui considère le langage comme une manifestation de l'infini et dont l'usage conduit à la découverte de soi.»
Antoni Casas Ros, fidèle à l'éblouissement de ses 15 ans, réussit à nous le transmettre à travers tous ses livres.
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