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Critique de EvlyneLeraut


Béatrice Castaner détient cette capacité de créer des romans empreints de sensibilité et de dépaysement. Rappelons-nous les sublimes « Aÿmati et La femme-Maÿtio ».
la vie à pleines brassées. L'humanité dès son originelle trace. C'est cela l'ultime de Béatrice Castaner, une écriture quasi légendaire.
Ici, nous sommes en pleine contemporanéité. Un livre presque gémellaire de celui de Fanny Wobmann « Les arbres quand ils tombent » aux éditions Quidam éditeur.
« Maï et Mouna » sont soeurs jumelles. Grandissantes au fil des pages. Elles sont d'ubiquité.
Deux pays qui s'assemblent, telles des poupées gigognes. le Burkina Faso durant l'année scolaire. La France, le temps de la villégiature. La maman est burkinabé, le papa est français. Elles, deux métisses qui vont bâtir leur devenir grâce à l'éducation ensoleillée et de rectitude, un libre-arbitre construit en plein coeur d'un pays de soleil et d'exotisme. Maï et Mouna sont deux astres contraires. L'une, Mouna est solaire et protectrice. Maï est lunaire et beaucoup plus introvertie. La dualité.
« A l'oreille de maman, je murmure, regarde, tu as fait une part plus grande que pour Maï, tu sais qu'elle ne va pas aimer cela… Retiens bien cela Mouna, l'amour comme le temps ne se tranche pas car l'un et l'autre nous pensons les contenir dans des cases. »
Professeur, le père est souvent muté. La petite famille s'adapte, tel un caméléon futé, traverse le Burkina Faso. La mère est griotte, un peu sorcière, conteuse et guérisseuse et grande sentimentale. C'est l'autre versant. L'un est intellectuel, poète et rêveur, elle est d'essence, d'idéal et de légendes. le soin à l'autre à l'instar d'un baume sur le coeur.
Les fillettes grandissent, pétillantes et malicieuses. Elles aiment l'heure des vacances en France en plein coeur du Limousin. La grand-mère paternelle tient un bar. Les petites filles sentent les éclats du soleil du Burkina Faso dans cet antre. La Gémellité est une corde à sauter. Elles ne ratent pas un saut, complices et siamoises.
« Du Sud au Nord, tel est l'apprentissage de notre géographie mentale de l'amour, à l'inverse de la hiérarchie de lecture de la mappemonde familiale qui trônait sur le bureau de notre père…Maman dit qu'il faut tout un village pour qu'un enfant vienne au monde. Jamais cette maxime n'aura eu autant de résonance que dans les cent mètres carrés du bar de Jeanne, ouvert aux quatre vents des espérances. »
La trame est un banc public. Il se passe toujours ce quelque chose qui va faire office d'initiation. Les personnalités de ces jeunes filles devenues des cases noires et blanches. Les conséquences qui en résultent sont ferventes et travailleuses.
Maï va disparaître. Où et pourquoi ?
Mouna deviendra le Radeau de la Méduse de Géricault.
Le fil rouge de cette histoire tremblante de vie et d'apprentissage est plausible. Elle s'attache autour de nous, comme un fil magnétique, intrinsèque et parabolique.
« Ne donne jamais ton rêve à manger. »
L'étymologie, la grandeur de ce grand livre, sont la douceur de la soie. Bienfaisant, il est le livre des heures qui se réveillent après des années de sommeil.
Tout est fondamental, langue et silence. le secret comme un soupir crépusculaire. le lien générationnel somptueux à l'instar d'une renaissance. Fondamental, il est l'allégorie de la vie. La matrice-mère. Publié par les majeures Éditions Serge Safran éditeur.
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