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Critique de michfred


Encore un petit trip au Salvador?

Après La Mémoire tyrannique, j'ai retrouvé-  un peu - Clemen Aragòn, fils de Pericles, remarié,   rangé des voitures, et de ses cuites mémorables.. .et même essayant d'empecher celles des autres, puisqu'il est devenu (comme le Cognac),  grand chef trois étoiles.. des Alcooliques Anonymes où viennent battre leur coulpe  tous les militaires d'Amérique centrale, portés sur la tequila ! 

Mais cette fois, le Salvador passe au second plan: pleins feux sur le Honduras, ses propriétaires de latifundia gigantesques,  avec leur mépris atavique pour leur main d'oeuvre  salvadorienne à bon marché, ces  frontaliers toujours un peu guérilleros, prompts à dégommer leur tyranneau local -tous de dangereux  infiltrés communistes qui risquent d'influencer le petit prolétariat hondurien si respectueux du Parti nationaliste au pouvoir..!

Donc j'ai navigué d'une frontière à l'autre, avec en arrière-plan la baie des Cochons, les menaces castristes et l'assassinat de Kennedy, et au premier plan la guerre honduro-salvadorienne dite "guerre du foot"! Oui, vous avez bien lu, du FOOT. Je vais encore me faire incendier par certains, (Pascal, ne lis pas cette chronique ), mais le foot est vraiment le seul sport, à  ma connaissance, à avoir déclenché une vraie guerre avec réfugiés, expulsions, raids aériens et vrais morts, civils et militaires!

Tout commence donc par le mariage du beau Clemen,  mûri et assagi mais toujours salvadorien, avec Teti la fille chérie d'Erasmo , avocat hondurien et bras droit du Parti nationaliste local.

Tout va bien jusque là: gai, gai, marions-les! Mais la mère  se rebiffe. Et à côté de doña Lena, les hystériques de Charcot sont des modèles de zénitude. Ça chauffe donc chez les Mira Brossa. Ou plus exactement dans la salle de bains d'Erasmo Mira Brossa, de part et d'autre d'une porte cadenassée par l'épouse vindicative. Scène d'exposition théâtrale tirant sur le vaudeville trash ( aucun besoin naturel ne nous sera épargné. ..).

Début en fanfare.

Comme dans la Mémoire tyrannique, l'auteur affectionne les ruptures de ton,  les changements de focale et de voix narrative, déployant  l'éventail des genre littéraires: le théâtre avec la farce, le genre épistolaire  avec la tradition de l' heroïde, adaptée au lien filial cette fois, le témoignage avec le compte-rendu factuel et  réaliste  qui sert de conclusion au roman - conclusion à peu près aussi frustrante que la caméra qu'on se prend dans la g.. à la fin du film  Monty Python, Sacré Graal...

Les points communs avec la Mémoire Tyrannique ne manquent pas. 

Même humour décapant, même critique acerbe des élites bourgeoises de part et d'autre de la frontière, même ironie amère dans la vision politique de cette Amérique centrale en ébullition permanente et qui passe d'une dictature à l'autre sans jamais réussir à  établir ses velléités de  gouvernement  démocratique.

Pourtant j'ai moins aimé ce roman-ci  de Castellanos Moya. 

 Doña Lena n'a rien d'une Haydée et Teti pleure plus qu'elle n'agit ou ne résiste à son dragon de mère.  Même la trame m'a paru plus lâche:   le meurtre le plus violent du récit , qui touche tous les protagonistes, ne reçoit aucune explication: " Tant de zèle pour aussi peu de resultats" dira l'ineffable Doña Lena. 

Je ne serais pas loin de dire la même chose de l'ensemble du roman. Much ado about  nothing.

Est-ce que par hasard je ne ferais pas ma doña Lena, sur ce coup-là ? 
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