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EAN : 9782847432480
100 pages
Petra (04/05/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
De jour en jour, on observe, on écoute, on s'émeut, on acquiesce ou on refuse, on se réjouit ou on s'angoisse, on s'interroge : en ville, chez soi, sur une plage ou dans un jardin, à la fenêtre ou sur un chemin, seul ou en compagnie, à la rencontre du monde, des gens et des bêtes, des pierres et des plantes, des souvenirs et des livres. Les notations concrètes jalonnent ces poèmes en prose, qui forment une histoire du quotidien. Mais au moment de l'écrire, il arrive... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un ange ouvre ce recueil ; il le referme en cassant comme un poussin la coquille du monde. Entre les deux poèmes, il a grandi, comme le poussin, se nourrissant du monde, de chaque « épiphanie ordinaire du présent » que lui a donné le regard du poète. Car c'est bien à cela que sert la poésie : à transformer chaque détail du quotidien en un instant magique qui nourrit l'ange en nous, le fortifie, le force à éclore et à percer la coquille du monde sensible. Alors il deviendra le temps, « le temps à son terme, qui un jour vient nous prendre en repliant sur nous ses ailes doucement. »
le recueil tout entier s'inscrit dans cette dialectique de l'éphémère et de l'éternel, de l'anodin et de l'universel, de la notation fugace et de la narration. Ces « chroniques », appelées à fixer le temps, non des batailles et des grands événements qui font Histoire, mais de l'inobservé qui fait Vie, sont écrites dans un no man's land entre prose et poésie, entre narration et évocation. Voilà pourquoi elles resteront « incertaines », à la différence des Annales de Tacite ou des Chroniques de Froissart, que plus grand monde ne lit. On trouve ici de courts apologues qui pourraient s'intituler, comme une fable d'Ésope, « le lion et le Chow-Chow », « La fourmi rebelle »… On y croise des regards, au sens géologique du terme, une minuscule ouverture qui éclaire toute une caverne, comme ce court texte sur le hibou digne du Parti pris des choses. Il y a des portraits d'un La Bruyère qui saurait se montrer plus complice que railleur, comme celui de la petite dame trisomique. Des poèmes de l'instant, qui savent transformer le sommeil en ballon noué au pied du lit. Des visions fugaces de l'abstrait, d'une mélancolie « légère, transparente et lente comme un ciel de traîne avant ou après un désespoir », ou d'un « malheur à venir dont on voudrait déjà vendre la peau ». Dans tous les cas, il s'agit d'« enregistrer le perceptible », de chroniquer ce que personne ne remarque, « l'insolite ordinaire », et de le donner à voir à celui qui cherche un peu de nourriture pour son ange.
« Bonne pêche ou mauvaise pêche, ma pensée pêche au hasard. Elle se tient sur la rive de l'anodin ou de l'essentiel, du familier ou de l'inattendu, de l'inconnu ou de l'oublié. » Ces chroniques du détail qui passe inaperçu ne se font pas au hasard. Certes, il y a l'oeil, à l'affût dans la rue, dans le métro, dans la forêt ou à la fenêtre. Mais il s'éduque. « Reconnaître l'instant qui n'est que l'instant » est le propre des enfants et des animaux. L'adulte doit se délivrer de préjugés pour « prendre au sérieux l'anodin, s'émerveiller de l'inutile ». Ne pas se fier aux trompe-l'oeil de l'imagination, comme les rêves et leur fantasmagorie trop facile. « le quotidien a-t-il à tout prix besoin de rêve ? » Se méfier des généralisations intellectuelles, car chaque apparition est unique. « Même s'il ne s'agit que d'une mouche, c'est celle d'aujourd'hui. » Alors chaque détail devient un pas vers l'éternel ; alors on joue comme un gamin, « un, deux, trois, soleil, à l'éternité » ; alors on « soulève un instant un fragment du récit de l'univers ».
Derrière le sourire, il y a une conviction, celle que la durée n'existe que dans les moments qui la composent. Car la durée intervient aussi dans ces chroniques, mais elle se réduit en fin de compte à l'instant. On peut écouter jour après jour un oiseau, mais c'est parce qu'il dégage « une saveur sonore, éphémère ». On tente d'oublier un arbre en énumérant ceux que l'on a croisés — mais si l'on s'en souvient avec une telle acuité, c'est que tous sont uniques et croqués par une notation percutante. On peut suivre la course lente de l'escargot — mais « une heure de paix » à l'observer, n'est-ce pas un instant étiré par l'éternel ? La durée comme répétition du même, comme acceptation de la différence, comme fixation du fugace, donnerait au poème une épaisseur philosophique s'il ne s'inscrivait délibérément dans la notation fugitive, jamais appuyée. Respectons-la : les idées nourrissent le philosophe, voilà pourquoi il n'aura jamais les ailes de l'ange.
http://www.jean-claude-bologne.com/lectures19.html#castex
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Rien à puiser dans les profondeurs, tout vibre à la surface du visible. On jouit alors de l'insolite ordinaire, on en recueille l'essence, peut-être le menu bagage d'une image à emporter, l'écho d'un son ténu, la trace à peine du passage d'un geste, l'effluve furtif d'un arbuste en fleurs, ou le goût discret d'une baie sous la dent. Les mots ensuite feront ce qu'ils pourront.
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