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Critique de Julaye30


Après avoir apprécié Olympe de Gouges et Kiki de Montparnasse, c'est tout naturellement que je me suis tournée vers le dernier roman graphique du duo Catel et Bocquet. Cette fois-ci, la dessinatrice et l'auteur s'intéressent à une figure oubliée de l'histoire du cinéma : Alice Guy, la première femme réalisatrice.

Née en France en 1873, Alice Guy passe une partie de son enfance au Chili où son père dirige une chaîne de librairies. À l'âge de six ans, elle rejoint ses soeurs dans un couvent en Suisse. Les années passent et son éducation se poursuit dans un pensionnat à Ferney-Voltaire. La famille s'installe ensuite à Paris. À dix-sept ans, Alice trouve une place d'apprentie sténodactylographe.

En 1894, Alice est engagée au Comptoir de la photographie Richard. C'est un certain Léon Gaumont qui la reçoit. Grâce à son nouveau travail, elle assiste aux démonstrations des toutes dernières inventions en matière d'image animée : Demenÿ et son phonoscope ou encore Les Frères Lumière et leur cinématographe.

Lorsque le Comptoir de photographie est menacé de fermeture, une société se constitue avec à sa tête Léon Gaumont et parmi ses membres, Gustave Eiffel. le projet de la société est « l'avenir de la photographie, L'IMAGE ANIMÉE ». Demenÿ développe alors pour Gaumont deux appareils : le biographe et le bioscope. « le premier permet la prise de vue, le second permet de projeter des images.» Gaumont commercialise le bioscope, mais les ventes ne décollent pas ...

À la fin de l'année 1895, le cinématographe des frères Lumière remporte un succès inattendu. Les inventions se multiplient. Dans ce roman graphique, on retrouve bien entendu Méliès et son kinétographe. Avec ses trucages, Méliès inaugure un genre nouveau.

En 1896, Alice Guy tourne son premier film « La fée aux choux ». Curieuse, j'ai marqué une pause dans ma lecture pour visionner ce court métrage d'une durée d'une minute. (C'est assez amusant, mais à la vue de ces images, on ne peut que s'exclamer « Pauvres bébés !»)

Au début du XXème siècle, Alice Guy continue à tourner de nombreux films et se voit confier par Gaumont la direction du théâtre de vues. Elle réalise notamment La vie du Christ en plusieurs épisodes. L'ensemble (qui dure environ une demi-heure) est considéré comme le premier péplum de l'histoire du cinéma. Elle tourne de nombreux phonoscènes et collabore avec l'auteur Louis Feuillade. Je suis allée voir par curiosité son film intitulé Les résultats du féminisme. Alice Guy y inverse les rôles traditionnels des hommes et des femmes sur un ton burlesque.

Elle épouse ensuite le britannique Herbert Blaché et le suit aux États-Unis où elle poursuit sa carrière malgré la naissance de ses deux enfants. Elle rentrera en France dans les années 1920 après son divorce, mais sa carrière de cinéaste ne redémarrera pas...

Le personnage d'Alice Guy m'est apparu agréable. Cette lecture fluide et distrayante m'a permis de découvrir le remarquable parcours de cette femme. Pour approfondir, on trouve à la fin de l'ouvrage une chronologie détaillée et les biographies des différents personnages qui apparaissent dans l'histoire. Les dessins sont plutôt sympas même si j'avoue que j'aurais apprécié qu'ils soient colorisés.

Je me questionne cependant sur un point. La scène où Alice Guy tire sur son époux avant de retourner l'arme contre elle n'apparaît pas dans le livre. Je me demande par conséquent si ce livre ne présente pas une vision un peu trop édulcorée de cette femme. Malgré ce petit bémol, j'ai appris énormément de choses sur cette pionnière du cinéma qui a réalisé plusieurs centaines de films dont malheureusement une grande partie a disparu.
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