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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Thanos, tome 1 : le retour de Thanos (épisodes 7 à 12) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Une connaissance superficielle du personnage suffit pour apprécier le récit. Il comprend les épisodes 13 à 18, initialement parus en 2018, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Geoff Shaw avec une mise en couleurs d'Antonio Fabela. Il comprend également le numéro annuel 1, paru en 2018, composé de plusieurs histoires courtes réalisées par différents auteurs.

Galactus, Odin, Thor, les inhumains, les Avengers, Silver Surfer, ils le savent tous : les batailles sont sans fin. Elles perdureront après eux, et à la fin Thanos gagne. Sur la planète Chitauri Prime, la bataille fait rage entre ses plus puissants habitants, l'atmosphère étant si froide que les gouttes de sang congèlent en pleine atmosphère et sont ramassées ensuite par les habitants pour nourrir leurs enfants. Il y a cinq heures, Thanos est arrivé sur Chitauri Prime et a commencé à massacrer tout le monde. Commençant à y voir clair, Thanos se rend compte que le roi est blessé allongé à ses pieds. Il a le malheur de supplier Thanos : celui-ci lui écrase le crâne sous sa botte. Il s'installe sur le trône et contemple le champ de bataille jonché de cadavres de Chitauri. L'un d'entre eux prend le risque de s'approcher de lui pour lui annoncer une nouvelle : un ennemi d'une puissance extraordinaire fonce droit sur la planète. Son arrivée est une question de minutes. Toujours assis, Thanos apprécie la pluie de sang, les gouttelettes étant devenues plus nombreuses avec l'arrivée de cet ennemi. Il s'agit d'un cavalier à la tête enflammée, chevauchant une moto cosmique, avec des chaînes de flamme virevoltant autour de lui, et faisant feu avec un fusil laser dans chaque main.

Rider écrase tout le monde sur passage, éventre l'armée qui s'était positionnée devant le stade où se trouve le trône. Il arrête son engin au pied de Thanos et le salue. Il indique à Thanos qu'il faut qu'il vienne avec lui. Thanos l'envoie paître indiquant que Mephisto n'a qu'à se déplacer en personne s'il veut lui parler. Rider indique qu'il se trompe sur la personne qui l'a envoyé, et il commence à se lancer des explications confuses. Thanos ne se montrant pas très compréhensif, Rider décide de le neutraliser avec ses chaînes de feu, et il l'emmène sans plus de cérémonie. Thanos se retrouve ainsi devant le Roi Thanos.

En 1973, dans le numéro 55 de la série Iron Man apparaît un nouveau personnage créé par Jim Starlin. Il devient rapidement l'ennemi de Captain Marvel après s'être emparé du cube cosmique, puis d'Adam Warlock après avoir réuni les 6 gemmes de l'infini. En 2012, le personnage apparaît dans les crédits de fin du film The Avengers de Joss Whedon. Il devient la menace principale des films Infinity War (2018) et Endgame (2019) des frères Russo. En parallèle, Jim Starlin réalise une série de nouveaux récits consacrés au personnage, à commencer par THANOS : LA REVELATION DE L'INFINI (2014). Pendant ce temps-là, Marvel confie le personnage à Jonathan Hickman pour les Avengers, puis à Gerry Duggan pour les Gardiens de la Galaxie. le lecteur sait donc qu'il ne va pas lire une aventure de la version du personnage fidèle à la vision de Jim Starlin, mais une aventure correspondant à son évolution post films Avengers. le scénariste commence par une page évoquant la mortalité ou la finitude des superhéros, puis le titre en gros en double page sur fond cosmique, et c'est parti pour le massacre. Il a donc choisi de laisser de côté l'aspect romantique du personnage pour se concentrer sur l'individu qui gagne, et il gagne en massacrant ses opposants. Dans les épisodes 2 et 3, le scénariste évoque rapidement la mise à mort de quelques superhéros de premier plan par Thanos, sous la forme d'une case avec un commentaire du narrateur omniscient. C'est donc l'histoire d'un individu à la puissance colossale, à la volonté inflexible, à l'absence totale de remord. Lorsque le Rider fait usage de son regard d'expiation sur Thanos. Ce dernier prend grand plaisir à revoir toutes les souffrances qu'il a pu infliger, sans en éprouver le moindre effroi, la moindre repentance.

L'histoire raconte comment King Thanos à la fin des temps fait appel à une version plus jeune de lui pour pouvoir combattre le dernier ennemi : le Déchu. le premier épisode fait office de prologue : le combat sur Chitauri Prime pour pouvoir montrer qui est Thanos, un combattant implacable et sans état d'âme. le second épisode met face à face King Thanos et Thanos pour que le second prenne la mesure du premier. le troisième épisode permet d'étoffer un peu l'environnement de King Thanos. Les quatrième et cinquième montrent le combat contre le déchu. Tout du long, Donny Cates a intégré des surprises. Il raconte son histoire avec une pointe de cruauté, mais aussi une pointe de sarcasme, rendant la lecture très agréable. Dans un premier temps, la narration visuelle de Geoff Shaw est claire mais vaguement fade. Les superhéros sont dessinés en tout petit dans la première page. Thanos est massif à souhait, mais sans dimension romantique vénéneuse, sans l'emphase habituelle. le lecteur remarque plus la qualité de la mise en couleurs : les camaïeux pour les fonds cosmiques, les paillettes rouges pour les gouttelettes de sang figées dans l'air de la planète, la trace de feu du Rider qui contraste avec le bleu très clair de sa roue avant, le magnifique rougeoiement de ses chaînes. Par la suite, il habille les dessins dans des compositions qui nourrissent les décors, qui installent une ambiance particulière (le tout violet & pourpre du dernier épisode), dont les effets spéciaux font bouillonner les scènes de combat.

L'arrivée tonitruante de Rider change le regard du lecteur : pour commencer un dessin occupant les deux tiers de la page magnifique d'exagération, puis le chemin que se fraye Rider au travers de l'armée, tout en flammes. Ça continue avec Thanos chargé des chaînes de Rider. En fait, les dessins de Geoff Shaw font preuve de la même violence que le récit de Cates, et de la même forme d'humour entre sarcasme et moquerie. Avec cet état d'esprit en tête, les dessins acquièrent une toute autre saveur. King Thanos est massif sur son trône et la silhouette élancée de Rider à ses côtés semble rieuse. Il est impossible de ne pas sourire alors que Thanos soulève Rider du sol, en le tenant par le crâne, et qu'il s'agite dans tous les sens. L'association des dessins et des couleurs donnent une majesté imposante à la demeure de King Thanos, qui n'est autre que le cadavre d'un personnage bien connu. L'arrivée du Déchu est fracassante. L'intervention de Maestro (Hulk dans une forme tyrannique) impressionne par sa force et son esprit dompté. le combat final est aussi sauvage que cruel, avec en contrepoint les minauderies d'un personnage spectateur. Passé un premier temps d'adaptation, le lecteur prend la pleine mesure de l'adéquation des dessins Geoff Shaw au scénario de Donny Cates, et de ses saveurs subtiles.

Tout du long de ces 6 épisodes, Donny Cates met à profit la liberté narrative qui lui est autorisée. Ça commence avec Rider, ça continue avec King Thanos, puis avec l'identité du Déchu. Ça culmine dans l'épisode 16 avec les 13 pages consacrées à l'origine de Rider. le lecteur peut se demander si l'histoire avait vraiment besoin de ça, mais il prend un tel plaisir à l'inventivité de cette histoire qu'il savoure les dessins et oublie bien volontiers que le scénariste tord la personnalité originelle du superhéros qu'i a choisi pour transformer en Rider. C'est à la fois drôle et dramatique, spectaculaire et amusant (le dessin en pleine page de Galactus et Rider chargeant droit devant eux). Donny Cates a l'art et la manière d'insuffler une énergie entraînante dans ses histoires et de construire un monde avec une logique interne, même si elle met un peu à mal les caractères des personnages. Après cet épisode, impossible de résister à la tentation de lire Cosmic Ghost Rider avec Dylan Burnett. Puis après cette histoire, il va se jeter sur tout le reste écrit par Donny Cates : Silver Surfer : Black avec Tradd Moore, Guardians of the Galaxy avec Geoff Shaw, Venom T01 avec Ryan Stegman, Thor avec Nic Klein.

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Annuel 1 - Thanos supervise l'entraînement de Gamora (par Donny Cates &Geoff Shaw). Une courte histoire sympathique pour le monologue de Rider. Thanos rend visite à un jeune garçon de banlieue pavillonnaire à chaque anniversaire (par Chris Hastings & Falviano). Une fable rigolote et légère. Thanos confectionne un nouveau cadeau pour la Mort (par Kieron Gillen & Andre Aurojo). Une idée imaginative mais qui manque de macabre pour avoir de l'impact. Thanos arrive sur une planète de mignonnes créatures choupinettes qui l'accueillent à bras ouvert (par Katie Cook & Heather Breckle). Une esthétique de dessin animé pour très jeunes enfants pour un conte d'une belle noirceur. Thanos aide une vielle femme à traverser la rue (par Ryan North & Will Robson). Un autre conte bien noir et cruel. Thanos massacre la divinité d'un peuple aimant et en paix (par Al Ewing & Frazer Irving). de magnifiques dessins pour un conte à nouveau bien cruel.

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Pour une première histoire pour l'univers partagé Marvel, Donny Cates montre que les possibilités sont infinies : il écrit une histoire originale cruelle, violente et drôle, avec des dessins efficaces, et plus savoureux qu'il n'y paraît de prime abord.
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