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Critique de traversay


Si un livre de 500/600 pages mérite déjà le titre de roman fleuve, que dire d'un ouvrage comme Les luminaires qui frise le millier de pages ? Bouquin océan ? Un vrai tour de force en tous cas pour maintenir éveillé l'intérêt du lecteur, à l'instar d'un Vikram Seth (ce n'est qu'un exemple parmi d'autres) dans l'extraordinaire Un garçon convenable. Mais Eleanor Catton, après un premier livre déjà remarquable (La répétition), notamment de par son architecture, a les moyens de son ambition : la trame des Luminaires (Le soleil ou la lune en astrologie) est complexe, bâtie avec une maîtrise du rythme confondante. Lent au début, pour s'accélérer progressivement jusqu'à atteindre des vitesses affolantes dans ses toutes dernières pages. Qu'elle place son récit sous le(s) signe(s) du zodiac n'a qu'une importance relative et le lecteur réfractaire à l'astrologie peut laisser de côté cet habillage du roman quoiqu'on peut y trouver de quoi nourrir ses interrogations sur le poids du destin, des hasards et des coïncidences. On sera plus sensible au style, victorien, admirablement traduit, soit dit en passant. Une très belle langue qui chatoie et ruisselle dans une intrigue de roman feuilleton à rallonge tout à fait captivant, tableau vivant d'une micro-société (très intéressants sont les portraits des minorités étrangères à ce petit monde, chinois, maori, femmes, à contre-courant des clichés habituels). Un livre à intrigues multiples et à très nombreux personnages, lesquels se trouvent comme satellisés dans la petite ville néo-zélandaise de Hokitika, au temps de la ruée vers l'or. D'or et d'opium, Les luminaires tournent autour de ces deux ingrédients symboliques de la cupidité, de la faiblesse et de la bassesse, n'ayons pas peur des mots, de l'homme. Eleanor Catton s'amuse à jouer et faire rejouer des scènes, en variant les points de vue, comme le génial Kurosawa dans Rashomon, en distillant de nouvelles informations au compte-goutte. Il peut arriver de perdre le fil, d'autant que la romancière refuse toute linéarité, et de s'emmêler les pinceaux entre les personnages à la fois comploteurs, escrocs, fraudeurs, menteurs et ... victimes. Mais contre les vagues de cet océan, il est inutile de lutter. Eleanor Catton sait parfaitement où elle nous entraîne et le plaisir que l'on prend à la lecture n'est que plus grand si on se laisse emporter vers le large. Confiance en la romancière qui saura nous ramener sur la grève, trempé mais heureux après une telle aventure. Quelle équipée, mes aïeux !
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