Vikram Seth :
Deux viesDans le cadre du "Salon du livre" dont le pays invité est l'Inde,
Olivier Barrot présente cette semaine des livres d'auteurs de ce pays depuis le
collège franco-britannique à la Cité Internationale Universitaire de Paris.
Olivier Barrot parle du livre de
Vikram SETH , "
Deux vies" aux éditions Albin Michel. Photos extraites du livre.
Mais outre les leçons que l'histoire écrit en lettres capitales (cette façon, par exemple, d'éviter de répéter les erreurs politiques les plus grossières), il en est de plus discrètes, rédigées en petits caractères, que le coeur peut faire siennes. Ainsi s'aperçoit-on que les décisions et les actes (triviaux ou grandioses) d'individus ordinaires peuvent mener, parfois imperceptiblement, parfois par bonds (et pas toujours dans une seule direction), à la création d'un monde plus humain et relativement sûr pour ses habitants, ou au contraire à celle d'un monde clivé et inquiétant, terre de chagrin, d'injustice, de peur, de faim et de douleur.
Je sais que certains de mes amis ont tourné avec le vent, comme la marée avec la lune, et vous ne pourrez me blâmer de les mépriser. Je sais que "l'erreur est humaine et le pardon divin", mais la façon dont les nazis se sont trompés est inhumaine, "impardonnable" et, je l'espère, inoubliable.
(18 Juillet 1946
Extrait d'une lettre de Henny aux époux Mahnert)
Sur le chemin du métro, je réfléchis (...) dans le contexte d'un XXième siècle malfaisant et du siècle présent, plus dangereux encore. Puissions-nous nous révéler moins ineptes que nous ne semblons condamnés à l'être. Si nous ne pouvons battre en brèche toute haine, puissions-nous du moins en finir avec les haines collectives. Puissions-nous comprendre que nous aurions pu naître de l'autre côté. Puissions-nous, en somme, croire en une logique humaine et peut-être, le moment venu, à l'amour.
Quand un gouvernement est déterminé à obtenir ce qu'il veut, il l'obtient en général, d'une façon ou d'une autre.
(...)
Je ne sais pas ce que nous faisons sur terre et pourquoi nous mourons et où nous allons. Je ne sais pas s'il y a un paradis ou un enfer. Mais je sais que si le paradis existe, c'est là que mon frère doit se trouver. Il me manque terriblement. Je dois désormais le voir à travers son fils ainé Michi. Dorénavant, ce que Michi accomplira sera pour moi ce que mon frère aurait accompli.
(...)
(13 Octobre 1942 Lettre de Shanti à Henny évoquant son frère Raj)
Il ne pouvait pas non plus se passer de logis. Après quelques mois, il essayait régulièrement d'en trouver un moins cher pour faire durer son pécule. Pendant un moment, il loua une chambre dans la maison d'une physiothérapeute dont le mari , un jour que Shanti avait mal à l'abdomen et ne pouvait s'offrir de faire venir un médecin, lui suggéra de poser leur gros chat tigré sur son ventre. L'effet fut remarquable.
Ce qui étonnait le plus Savita, c'était la douceur du bébé. Cette douceur, quasi insupportable, de la plante des pieds, de la saignée du bras, du bas de la nuque - cet endroit surtout, tendre à vous briser le cœur ! Elle posait parfois le bébé à côté d'elle sur le lit et le regardait avec admiration.
L'arrêt en gare de Rudhia dura trois bonnes minutes, puis le train repartit, ahanant dans la chaleur de l'après-midi. Une pancarte devant le bureau du chef de gare annonçait : "Notre but : Sécurité, Sûreté, Ponctualité". En fait, le train avait déjà une heure et demie de retard, circonstance banale que les voyageurs se gardaient bien d'aggraver par des récriminations.
C'est ce que j'aime chez mon gendre, se dit L.N. Agarwal. Il n'est pas muet, mais il ne parle pas.
Prenez le sang d'une chouette, d'un oiseau de jungle et une chauve-souris en égale proportion, et après avoir étendu le mélange sur votre pénis, faites l'amour avec la femme. Elle ne désirera plus jamais un autre homme.