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Critique de terryjil


J'ai été ravie de retrouver la plume de Cavanna que je lisais jadis dans Charlie Hebdo, même si ici c'est une plume moins récente, mais plus jeune, pas encore bouffée par la maladie de Parkinson qui l'a emporté en 2014...

Une plume qui raconte l'enfance et l'adolescence dans le désordre comme ça vient, en assumant le chaos en question, chaos pourtant parfaitement cohérent avec l'adulte qu'il est devenu, un peu rebelle mais coeur tendre (la fugue avortée à cause de ça est un grand moment), amoureux du dessin, du verbe et de l'humour, qui regarde la vengeance et l'honneur comme des trucs monstrueux, comme les gens qui font du mal aux animaux ... Sur ce dernier point il a l'air de tenir de son père qui aimait les bêtes et filait des os aux chiens en les appelant tous Pataud.

Une plume qui date: elle explique le système des sous et des francs ; et là je me dis que celleux qui ont connu les sous, les anciens francs, les nouveaux francs, ont bien le droit d'être perdus avec les euros quand c'est arrivé en 2002! une plume qui raconte les bonbons-bégots (roudoudous, réglisse, fraises et Aspirefrais-l'ancêtre du Mistral gagnant!) et les journaux bd comme Bibi Fricotin que sa mère aimait tellement, le Fernet-Branca des nonnas (citation sur mon blog Sirènologie, j'ai mis le lien en dessous), la TSF, les chanteurs de rue, les marchands d'huile, le pucelage perdu au bordel et les séances animées de cinéma...

Une plume au verbe truculent: marrant comme on y croit quand il dit avoir très tôt aimé Rabelais, Molière, La Fontaine ou Voltaire, plutôt que Rousseau, Corneille ou Chateaubriand! Une plume crado aussi: ce n'est pas aseptisé, c'est bourré d'argot et il y a des mots comme salope, négro, bicot, tout simplement parce que des gens les disaient et qu'ils les a pris comme ça, parce qu'il était gosse à l'époque, et qu'il raconte l'époque; à charge à l'intelligence des personnes qui le lisent de faire le tri entre le vocabulaire employé et ses opinions... Mais c'est sûr que ça peut mettre mal à l'aise aujourd'hui si on ne connaît pas le bonhomme ou qu'on lit trop vite!

Une plume qui pique: Il y a vraiment des passages qui font mal au coeur, le retour du banquet des Garibaldiens, le destin de l'oncle Jean, le truc le plus malaisant pour moi ça a été le jeu de la chasse des mômes de la rue Sainte-Anne... L'éducation n'était pas positive ni même bienveillante! Et puis on passe très vite à autre chose, de moins polémique, plus drôle, ou plus quotidien: l'expression " passer du rire aux larmes" n'est ici pas galvaudé!

Une plume qui chatouille: les blagues de Louis/Louvi/Vigeon, le père ( ah, le cien del couré!) sa désinvolture quant aux numéros du mètre de maçon, ou sa manière de parler aux pierres qu'il enlève du sol... Ca donne envie de sourire, de rire, c'est tendre et drôle. "Les Ritals" c'est peut-être "La gloire de mon père" version prolo de banlieue de l'Est avec un maçon videur de fosses sceptiques à la place de l'instit ?

Une plume que j'ai dévorée: des paragraphes longs, des chapitres courts, qui sautent du coq à l'âne, des anecdotes vivantes, un texte qu'on aimerait lire à haute voix parce que c'est une langue orale, encore plus quand il écrit l'accent italien et que ça donne l'impression d'entendre son père et tous les autres Ritals. Ecco. Comme le "çouffor" Nine "di-ou te stramaledisssa"!

Une plume qui titille et qui tease: ça se termine sur août 39 et l'arrivée à la Poste. Vivement la guerre et "les Russkofs"!
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