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Citations sur Les Ritals (55)

Tous les jeudis matin, jour sans classe, j'allais avec un cabas à la bibliothèque municipale...
On avait droit à deux livres à emporter par personne inscrite, alors j'avais inscrit papa et maman, ça me faisait, comptez avec moi, six bouquins à dévorer par semaine.
On choisissait sur catalogue, mais les titres qui vous faisaient envie étaient toujours en main, il fallait faire une liste par ordre de préférence, la barbe, j'aimais mieux fouiner dans les rayons et me laisser séduire par la bizarrerie d'un titre ou les effilochures d'une très vieille reliure. J'aimais les livres énorme .

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Avant de passer à table, je me cherchais de la lecture. Le bouquin en cours, un livre de classe n'importe quoi.
A part ça, j'étais un enfant joyeux bavard, turbulent, plutôt teigne et châtaigneux, rien du sombre renfermé qu’on pourrait croire ; je voulais tous les plaisirs, tous, et celui-là était le plus fort de tous.

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"Papa, pourquoi ils se suivent pas, les numéros ?"
Papa m'a regardé, il a craché un long jus de chique par la fenêtre, du coin de la bouche –pour ça aussi, je l'admire beaucoup – et il a dit :
"Ma, qué nouméros ?
- Les numéros sur le mètre. Là il y a 60, et juste après il y a 25, et juste après 145
- Ma qu'est-ce qué t'as bisoin les nouméros ? Tou régardes combien qu'il y a les branches, et basta, va bene. Quatre branches, ça veut dire quatre-vingt. Ecco. Pour les pétites centimètres toutes pétites qui sont en plus, tout comptes avec le doigt, à peut près, quoi, voyons, faut pas perdre le temps à des conneries, qué le plâtre, lui tout sais, le plâtre, il attend pas, lui?"

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"La vie, c'est un grand plat de merde qu'il faut manger à la petite cuillère."
Prononcer "marde" et même plutôt "marrd'", bien molle bien noire, en roulant férocement l'r sur le bout de la langue.
Ça, c'est un proverbe à maman. Elle parle beaucoup par proverbes, maman. Des proverbes noirs, méchants, désespérés. Des proverbes de Morvandiaux ronge-raves, croquants fourbus, battus, cocus au long des siècles, bêtes à chagrin, sacs à misères, tannés recuits comme charbon de bois, tout en os et tendons, moustaches tombantes, sourcils froncés, croquants de la Nièvre où la terre est plus basse que partout ailleurs.
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La lecture emplissait tous les interstices de ma vie. A peine éveillé, je tâtonnais de la main vers le livre comme un fumeur vers ses clopes .
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Les Ritals et la politique, ça couche pas ensemble. D'abord, quand on est immigré, on a intérêt à se faire tout petit, surtout avec le chômage qui rôde. Pris dans une manif. ou un meeting, c'est la carte de travailleur qui saute, la carte bleue. Tu te retrouves avec la carte verte, pas le droit de mettre le pied dans un chantier, juste celui de faire du tourisme. Ou même carrément expulsé, reconduit à la frontière avec au cul un dossier de dangereux agitateur que la police française se fera un plaisir de communiquer aux sbires de Mussolini. Alors les jours de grève, quand des types excités traînent en bandes dans les rues avec des manches de pioche, tu restes à la maison.

A douze ans, j'étais le seul être vivant à oser changer un plomb sauté. On venait me chercher, comme le docteur ou le curé, on me regardait officier, à bonne distance. Les mères retenaient leur marmaille curieuse "Bouze pas ! Qué si Françva i se prende la lettrichité dans le corps, ça fara une flamme tanta grande qu'alle te broulera tout vivant, tva oussi!
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« J'étais parti pour raconter les Ritals, je crois qu'en fin de compte j'ai surtout raconté papa. »
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Bien calé sur l'oreiller, la couverture au ras des narines, le bouquin pesant de tout son poids ami sur l'estomac, je lisais jusqu'à ce que les yeux me brûlent, et encore, je luttais, je me cramponnais, une ligne de plus, une autre, plof ! je basculais dans le grand trou, sans même éteindre bien souvent.

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À l'occasion du décès de François Cavanna, j'ai relu Les Ritals. J'ai éprouvé la même joie que la première fois, il y a juste 10 ans. Je n'ai jamais mis les pieds à Nogent; je n'ai pas connu les années 30; je ne suis pas d'origine italienne; et pourtant quelle familiarité. Cavanna savait si bien raconter la vie, celle des cons, celle des braves, celle des prolos, celle des culs-bénis, celle des garçons obsédés, celle des nonas... Les Ritals n'ont pas pris une ride. Ciao Françva, oooorca madona !
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Papa ne m'a jamais battu. C'est pas un dieu, papa. J'ai pas peur de lui. Si je fais le con, il est triste. Il me dit : "Pourquoi tu fas goler ta mère ?" Je fais le con pas plus qu'un autre, plutôt même moins. Mais maman est difficile à contenter.
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