L'occupation d'Al-Qarafa est représentative des graves crises urbaines nées au XIXe siècle pour la population cairote. À cette période, un certain nombre d'habitants doivent rejoindre les tombes de leurs proches, tout simplement afin d'avoir un toit au-dessus de la tête. Les petites maisons des morts deviennent alors celles des vivants pour une cohabitation peu banale. Les tombes sont peu à peu aménagées, agrémentées, décorées par les familles, qui restent parfois plusieurs générations dans l'enceinte du cimetière, en compagnie des défunts. Certaines tombes-maisons ont l'eau, l'électricité, le téléphone. On trouve également des magasins à l'intérieur du cimetière, devenu une véritable ville dans la ville.
Lorsqu’ils me demandent pourquoi j’étudie la mort sur mon temps libre, les gens sont souvent étonnés que je leur réponde que c’est parce que je m’intéresse aux vivants...
Mais essayez de toucher au sacré et il continuera d'exister de plus belle, même s'il doit pour ce faire prendre des chemins de traverse (comme dans le cas du syncrétisme religieux). Ainsi, le gouvernement chinois, bien obligé de constater la survivance de la tradition tibétaine des inhumations célestes, parle désormais de les protéger et même de construire un cimetière à ciel ouvert pou les faciliter... Alors, belles paroles ou véritable engagement ? L'avenir nous le dira, car étudier la mort, c'est aussi observer les évolutions politiques du monde.