Citations sur Saint-Sernin de Toulouse : De Saturnin au chef-d'oeuv.. (2)
Bernard Gilduin a su traduire dans le marbre Dieu tout puissant, qui n'est a priori pas représentable. Se détachant sur un large nimbe timbré d'une croix pattée, bordée d'un rang de perles, gravée des lettres R (pour REX = roi), A et ω (principe et fin de toute chose), son grand visage fait face. L'axialité est marquée par un long nez, qui détermine des angles presque droits avec les arcades sourcilières. Les yeux ovales et lisses, la bouche droite et close, ce visage est peu expressif dans sa rigidité, mais il est saisissant en ce qu'il s'impose en haut de toute la composition. Cette sévérité est à peine tempérée par la chevelure gonflée, épaisse, divisée par une raie axiale, glissant ensuite de chaque côté et à l'arrière des oreilles en deux longues chutes nouées qui s'échappent derrière les épaules.
En 250, l'action de l'évêque de Toulouse Saturnin faisait croître le succès du christianisme et reculer les manifestations du paganisme : ses dieux honorés dans Tolosa devinrent muets. La seule présence de l'évêque, qui passait chaque jour devant le temple du Capitole, neutralisait le pouvoir des statues divines. Ce silence des dieux païens, malgré les prières qui leur étaient adressées et les sacrifices de taureaux qui leur étaient offerts, décontenança leurs prêtres, qui se demandaient s'ils manifestaient ainsi leur mécontentement ou s'ils avaient déserté le temple.