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Critique de djathi


Je me fais sérieusement violence pour écrire quelques mots sur cette lecture .Non que je considère qu'il soit à mettre au désherbage de tous les médiathèques , bien au contraire ...Il y a un tel accent de vérité au delà d'une forme outrancière qui caractérise ce mouvement littéraire qualifié de tremendismo et qui correspond à une volonté d'exagérer démesurément une narration pour mieux en faire ressortir la noirceur ,que ce court récit bouscule le lecteur qui se doit de revoir ses positions , définir d'autres limites peut-être, pour pouvoir accepter l'inacceptable !
C'est à travers le récit d'un assassin qui consacra son temps( qui aurait pu être celui d'une forme de rédemption avant de passer à l'échafaud ou au moins une confession ) à faire une brève rétrospective de son passage sur terre .
Avec ses mots à lui , empreints d'un héritage culturel désespérément pauvre , auquel il emprunte des formules toutes faites sous forme de proverbes qui résonnent désespérément creux , mais qui le stigmatise autant qu'ils lui donnent l'illusion d'être bien né dans une ignorance pathétique .
Avec une absence totale de regret, en apparence, pour tous ses crimes commis sous l'effet d'une force indomptable ,qui le pousse à faire couler le sang comme si cela allait le soulager de cette lourdeur atavique qui le condamne à reproduire les schémas familiaux , comme si se laisser à ses pulsions meurtrières allait le délivrer du regard haineux de sa mère , comme si la douleur transgénérationnelle inscrite dans son âme et sa chair allait enfin s'effacer et lui ouvrir un destin limpide comme l'eau claire , lumineux et cristallin , purifié enfin .
Alors oui , dans ce parti pris de choquer le lecteur jusqu'à l'insoutenable Camilo José Cela ne fait pas dans la dentelle et on se situe très vite dans une zone "borderline " pas facilement surmontable ! Un enfant handicapé mental laissé en pâture dans la cour de la maison , se vautrant dans ses excréments et se faisant ratiboiser les oreilles par un cochon de passage ....par exemple ....Il fallait oser !
Et pourtant loin de décrédibiliser l'ensemble de l'oeuvre, cette surenchère d'horreurs racontée dans une fausse placidité (il s'agirait plutôt d'une forme d'atonie , d'engourdissement émotionnel ) ne fait que mettre en lumière la plus grande horreur de cette étude de moeurs : un homme marqué par la douleur de vivre son absence de douleur .... tellement marqué par un déterminisme social voire même génétique qu'il lui est impossible de pouvoir sentir sa douleur d'être le monstre qu'il est devenu en actes.
Bon naturellement on ne peut s'empêcher de penser à Zola , Faulkner et autres écrivains du genre mais il faut reconnaître à Camilo José Cela une approche toute personnelle , pas forcément confortable pour le lecteur qui n'a d'autre alternative que de revivre ce chemin de vie tragique en s'identifiant au narrateur : un assassin . Car c'est là que tout commence .....et que l'on peut crier ô chef d'oeuvre . Enfin c'est ma lecture .
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