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Critique de JLBlecteur


Alors, que dire ?!
Cela fait des semaines, des mois voire des années que je me promets de me coltiner Louis-Ferdinand Céline et plus particulièrement son incontournable ‘Voyage au bout de la nuit' dont j'ai gardé en mémoire les illustrations hallucinées de Jacques Tardy à la fin des années 80.

Une envie, certes, mais une peur surtout tellement l'oeuvre est gigantesque et l'auteur si controversé.
Alors quand j'ai lu que ‘Guerre', ce mince inédit (une centaine de pages) récemment retrouvé, pouvait être une bonne porte d'entrée dans l'univers singulier de Celine, je me suis dis ‘Banco, j'y vais !'

Mais quelle surprise !!

Je ne m'attendais absolument pas à cette plume devant laquelle celle d'Audiard fait figure de bavardage de la baronne de Rothschild à l'heure du thé.

Que c'est cru !

Ferdinand, le narrateur, grand blessé sur le front se retrouve pris en main (le terme est choisi) dans un hôpital de campagne pour soigner son bras et son oreille arrachés. Il sympathise avec son voisin de lit, un petit proxénète parisien qui s'est automutilé pour être rapatrié du champs de bataille et qui en profite pour faire venir sa prostituée d'épouse, la clientèle potentielle étant particulièrement nombreuse dans cette petite ville (village) devenue cosmopolite. Ensemble, ils feront l'hôpital buissonnier avant que la patrouille ne rattrape le resquilleur à fusiller. Ferdinand copinera alors avec la veuve joyeuse.

Il a été déjà dit partout qu'entre les mains, nous avons la brute transcription du premier jet du manuscrit original, certains mots restés indéchiffrables n'ont même pas été remplacés, seule la ponctuation à été rajoutée afin de rendre la lecture plus aisée. On sera quand même surpris de voir un des personnages principaux (le maquereau) changer de nom en cours d'ouvrage. On sera surtout estomaqué, dans ce récit consacré au chaos, aux horreurs de la grande guerre, entres les descriptions des blessures et des souffrances des poilus de trouver celles de pratiques sexuelles (réelles ou fantasmées) dans un style argotique de l'époque relativement déstabilisant ! Ce style pour le moins imagé, plus oral qu'écrit, ‘déplombe' le propos sans le lisser, la tragédie se noue cependant malgré la relative légèreté du ton.

Ce fût effectivement un bon moyen de découvrir et de démythifier cet auteur pas si inabordable que cela en définitive, une lecture ‘agréable' (mais qui suppose une certaine concentration) à la condition, quand même,  de bien vouloir se plonger dans ce langage à minima populaire, cette gouaille aujourd'hui disparue ou cantonnée à un public averti.
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