Je n'ai pas encore lu l'inédit de Céline, et cela m'a donné envie de parler du Voyage. Et surtout de l'auteur.
Le livre d'abord. On en a tout dit. Disons-le et répétons-le, c'est un des grands livres du vingtième siècle. On ne le résumera pas, tout le monde sait plus ou moins de quoi il s'agit, et d'ailleurs l'odyssée de Bardamu parmi les horreurs du temps n'est pas resumable, sauf peut-être en reprenant l'épigraphe : Notre vie est un voyage Dans la brume où loin ne luit " Et bien sûr il y a
le style, la "petite musique " comme il disait.
Donc,oui, c'est un chef d'oeuvre. le chef-d'oeuvre de son auteur. D'autant qu'à part ça il n'y a pas grand chose. Déjà
Mort à crédit marque une baisse de tension. Et puis rien.
Enfin, si. Il y les
pamphlets. Et la question classique : comment l'homme du Voyage a-t-il pu écrire les
Pamphlets ?
Mais si la vraie question, c'était : comment l'homme des
Pamphlets a-t-il pu écrire le Voyage ? Comme s'emploie à le montrer
Pierre-André Taguieff dans "Céline, la race, le Juif" c'est en effet
l'antisémitisme des
pamphlets qui exprime la nature profonde de l'auteur, qui a toujours été cet homme-la, qu'il est vain de vouloir excuser en évoquant un antisémitisme fantasmé comme l'ont fait certains. Et le reste de l'oeuvre ?'Dans une émission de radio de la fin des années 50, Céline a fait cette confidence surprenante : après
Mort à crédit, il n'avait plus grand chose à dire. Et puis sont survenues ses péripéties et ses errances. Alors autant s'en servir !
Quant au résultat, à part quelques méchancetés réjouissantes sur le petit monde de la collaboration en exil à Singmaringen dans
D'un château l'autre..
Mais bien sûr c'est un moment de l'histoire littéraire et de l'histoire tout court. Et il faut même rééditer les
Pamphlets. La censure est toujours une mauvaise idée et de toute façon on les trouve comme on veut sur le Net.
Et une édition critique, comme celles des Décombres parue il y a quelques années chez Bouquins, serait bienvenue. Même si les lecteurs habituels des
Pamphlets ne la liront sans doute pas