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Critique de Nastasia-B


Qu'est-ce qui est juste ? Qu'est-ce qui ne l'est pas ? C'est ce à quoi nous invite à réfléchir ce livre.
L'Or se présente sous la forme d'un bref roman, plutôt une sorte de biographie historique dédiée à un drôle d'énergumène, citoyen suisse, américain d'adoption, nommé Johann August Suter.

L'homme a véritablement existé. Il s'agit ni plus ni moins que du fondateur de la Californie moderne, du moins celle dont nous parle un écrivain comme Steinbeck dans ses nombreux romans sur une Californie regorgeant de fruits et de légumes, offrant du travail à tout le monde. (La Californie, comme nombre d'endroits idylliques sur la Terre, a beaucoup changé de visage depuis lors.)

Blaise Cendrars utilise un style assez sobre et sans détours mais parfois teinté de lyrisme, qui peut possiblement rappeler Saint-Exupéry, le tout découpé en de très brefs chapitres.

D'abord parti de rien, homme au passé un peu louche, comme de nombreux autres émigrants qui firent le choix des États-Unis naissants, Suter va faire fortune en faisant fructifier la vierge Californie (alors mexicaine) grâce au travail des Hawaïens et des Indiens. Il est presque déjà à la tête d'un empire agricole lorsque, par malheur (quelle ironie !), un ouvrier découvre un immense filon d'or. Évidemment, le secret sera éventé et déclenchera la fameuse ruée vers l'or.

Blaise Cendrars nous invite à réfléchir sur le genre de traumatisme que peut créer un afflux massif d'émigrants tel que celui qu'a connu la Californie au cours de l'année 1848, faisant par exemple passer la population de San Francisco de 800 habitants à plus de 25 000 deux ans plus tard. Les chiffres réels dépassent tout ce que l'on peut imaginer créant une mutation de la Californie telle que peut-être aucune autre région du monde n'a connu en si peu de temps.

Le flot des pauvres bougres avides d'or et de fortune vont faire irruption sur les terres de Suter et finalement l'exproprier de chez lui, alors même qu'il est légalement le véritable propriétaire de cet or.

S'ensuivra une longue et incertaine bataille juridique et un paradoxe : une fortune ruinée par la découverte de l'or, laissant un vieillard aux abois sans espoir de rentrer dans son dû, oublié, détesté ou méprisé de tous.

Pour ceux que cela intéresse, je conseille de lire cette biographie en parallèle avec la nouvelle La Perle de l'authentique californien qu'était John Steinbeck, qui traite dans le fond un peu du même sujet.

Je crois que ces deux petits ouvrages se répondent parfaitement avec des angles d'attaque très différents et nous amènent tous deux à nous interroger sur ce qu'est " le Juste ", ce qu'est " la Possession " et enfin, ce qu'est " la Richesse ".

Oui, croyez-m'en, il y a beaucoup de philosophie aussi derrière la vie de cet homme et cette montagne d'or. Mais ceci, n'est bien évidemment que mon avis, assurément pas une pépite et encore moins de l'argent comptant, c'est-à-dire, bien peu de chose par les temps qui courent...
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