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Critique de enjie77



« La justice absolue peut être la plus absolue des injustices »


Melchor Marin, est de garde cette nuit là au commissariat de Gandesa, une petite ville de la comarque de Terra Alta, en Catalogne. C'est à ce titre qu'il décroche le téléphone et qu'il sera le premier policier à se rendre sur place.

Melchor est arrivé récemment à Gandesa. Jeune policier, c'est son premier poste en tant que titulaire. A la suite d'un acte courageux - il abat quatre terroristes au cours des attentats de Barcelone et de Cambrils - Melchor a du quitter son commissariat de Barcelone pour se faire oublier à la fois des journalistes comme des islamistes. Ce séjour à Gandesa n'est que provisoire. C'est une région dont on raconte « qu'elle est une terre de passage, où ne restent que les gens qui n'ont pas d'autres solutions que de rester, ceux qui n'ont pas d'autres endroits où aller, une terre de perdants ».

Et pourtant le coup de téléphone va démentir le dicton « ici il ne se passe jamais rien ». Dans la villa isolée appartenant à un couple de riches industriels, les Adell, la cuisinière, arrivant pour prendre son service, vient de découvrir avec horreur, les deux corps torturés de ce couple très âgé ! L'homme, Francisco Adell, au caractère dominateur, dirige l'empire des Cartonneries Adell. Sa position comme son comportement lui valent quelques ennemis mais delà à imaginer un tel acharnement, un tel supplice, c'est monstrueux ! Torturer, mutiler, jusqu'à ce que mort s'en suive des personnes nonagénaires, qui peut ainsi s'acharner sur deux personnes âgées ? Par sadisme ? de rage ?

Tout a été murement réfléchi, les alarmes ont été désactivées, les caméras de surveillance, idem. du travail de pro ?

Javier Cercas nous entraîne à la suite de Melchor Marin dans un roman policier assez sombre, parfaitement maîtrisé mais pas que …. L'auteur nous offre un roman à plusieurs niveaux de réflexion, philosophique, historique, saupoudré de religion et de littérature. le récit est habilement construit entre l'univers psychologique complexe de ce policier séduisant et attachant, ses motivations profondes, son histoire qui se dévoile au fur et à mesure de la lecture, et l'Histoire toujours aussi violente de cette guerre civile espagnole qui vient ensemencer le présent. On y retrouve les évènements chers à l'auteur mais évoqués différemment, le franquisme, les indépendantistes, les catalans. Javier Cercas cherche à nous amener à réfléchir sur le sens de la justice, sur l'impact de la littérature dans notre réflexion voire notre ligne de conduite. Ce livre est passionnant, GÉNIAL ! Un polar qui sort totalement de l'ordinaire ! On peut même dire qu'il y a deux polars dans un. L'écriture est vive, nerveuse, on ne s'ennuie pas un seul instant. J'avais beaucoup aimé « Les soldats de Salamine », me suis cassée la tête sur « Anatomie d'un instant »que je vais reprendre. Dans un registre nouveau pour l'auteur qu'est le roman policier, Terra Alta, est tout à fait convaincant.

Merci à Florence de m'avoir incité à lire ce livre.

« Mais les vraies blessures, ce ne sont pas celles-là. Ce sont celles que personne ne voit. Celles que les gens conservent secrètement. Ce sont celles qui expliquent tout. »
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