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L'action de ce roman historique se déroule presque entièrement à Clermont-Ferrand en 1940. Année charnière au cours de laquelle se meurt la Troisième République, le gouvernement, à l'instar de l'armée et de la population de la moitié nord de la France, battant en retraite de Paris à Tours puis à Bordeaux avant de s'installer à Vichy une fois l'armistice signé avec l'envahisseur allemand. C'est pendant cette période confuse où le pouvoir change de mains et où les groupes d'extrême droite refont surface qu'un sénateur auvergnat est retrouvé mort dans une chambre d'hôtel, très probablement assassiné. Crime politique, passionnel ? Il était de notoriété publique que le l'homme s'opposait aux idées, en passe de triompher, d'un autre sénateur auvergnat, Pierre Laval. Mais pourquoi dans une chambre d'hôtel ? Joseph Dumont, inspecteur à la brigade mobile de Clermont, mène l'enquête.
L'auteur est prof d'histoire, et ça se voit, ne serait-ce que par les notes en bas de page rectifiant honnêtement deux ou trois anachronismes introduits dans le roman. Chaque chapitre débute par la citation d'un décret promulgué au moment des faits relatés, dont le contexte politique de plus en plus liberticide au fil des mois est ainsi mis en évidence. La géographie n'est pas en reste : le roman nous fait visiter Clermont et ses environs, Paris également aux tout débuts de l'occupation allemande et des restrictions frappant les citadins. L'écriture romanesque, pour autant, n'est pas sacrifiée : l'arrière-plan "savant" n'est jamais docte mais s'intègre au contraire tout naturellement au récit, sans ficelles ni à-peu-près.
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Je viens d'achever la lecture !

Il y a beaucoup plus dans ma bibliothèque d'ouvrages d'Histoire que de policiers, et j'avais donc commencé la lecture de "Mort d'un sénateur" avec curiosité. Et j'ai été très sensible à la démarche de l'auteur.

Tout commence avec des éléments apparemment très épars... que Pascal Chabaud, dans une démarche de bon historien, complète avec d'autres, très progressivement, pour éclairer cette histoire... histoire particulière mais qui s'inscrit dans L Histoire, celle de cette période qui a marqué au fer rouge tous les peuples, toutes les familles. L'amateur d'Histoire que je suis n'a donc pas été déçu.

Et l'auvergnat se délecte de toutes ces petites précisions sur les lieux, les circonstances, les modes de vie, qui sonnent vraies.

Et en tant que polar, l'histoire se tient jusqu'au bout, le suspens se durcit progressivement : même à la fin de l'épilogue, en bas de page 391, des zones d'ombre restent. Peut-être une invitation pour de futurs autres volumes ?

Évidemment, la morale de l'histoire est rude : des victimes ne sont pas blanches, des innocents meurent, les criminels sont bien falots, les salauds meurent de la main d'autres salauds...

Mais c'est aussi un roman d'initiation où les héros (du moins, ceux qui survivent) s'émancipent progressivement de leur médiocrité pour, dans les fracas de la Débacle, décider de leur destin, enfin.
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Le livre de Pascal Chabaud paru aux éditions de Borée, Mort d'un sénateur, nous réveille. La temporalité courte qu'il nous fait vivre,- nous sommes en juillet et août 1940-, rappelle aux lecteurs qu'il y a des moments de l'histoire où nous devons nous convaincre de la fragilité de la République. Deux mois qui vont guérir Joseph Dumont, policier à la recherche d'un meurtrier, de ses hésitations : en certaines circonstances, la civilisation se défait et la tentation de minimiser les coups qu'on lui porte est là.
Pascal Chabaud, en professeur d'histoire avisé, choisit ses archives. Les extraits du Journal Officiel défont sans fracas ce que le passé avait construit. L'écrivain, quant à lui, dessine les contours diffus d'une période incertaine menacée d'oubli. Loin de Paris, l'épouvante n'est pas encore là, les meurtriers sont ceux que la police traque. Les yeux du policier clermontois ne sont pas encore initiés par l'histoire. Il lui faut le temps pour comprendre, avant de pouvoir conclure.
On trouve dans ce roman qui nous tient en haleine un policier honnête, des sacrifiés oubliés de l'histoire, un prédateur dévastateur d'adolescents sanguinaires, les violences de la Cagoule, un chocolatier ambitieux qui rêve de se faire reconnaitre par les nouveaux maîtres. Dans un pays au bord de disparaître une trace de la France industrielle et inventive se dissimule, à l'instar de ceux qui résistent, dans une grange au fin fond d'une forêt : une « Toute Petite Voiture », la Citroën du paysan de demain, dérobée aux regards de l'envahisseur allemand. Il faudra quelques mois pour que Joseph se fasse une idée claire car deux univers s'entrechoquent. Vichy, Clermont, des villes de province dans lesquelles quelques semaines encore auparavant les enfants grandissaient tranquillement et Paris qui n'est déjà plus la France. Ce que le policier a à résoudre n'est pas qu'un crime et il n'est pas un héros. Pascal Chabaud dans son livre s'intéresse à l'ordinaire dans la grande histoire. A lire absolument.
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Ferrand, Champeix, Chaput, Chamalières, Orcines, Malemont, Clermont, Vichy, Michelin..., les auvergnats se reconnaîtront mais pas qu'eux ! Un roman policier qui a tout d'un grand et qui vous emmène habilement au coeur des intrigues et événements de l'année 1940, et du régime de Vichy. Des personnages consistants et attachants, une écriture fluide... Que vous soyez amateurs de romans policiers, de belles histoires, ou d'Histoire, ce livre est pour vous. J'attends le suivant !
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Un roman passionnant, où se mêlent harmonieusement Histoire, fiction et intrigue policière. Une enquête de police en 1940 rondement menée avec des personnages attachants nous fait découvrir la grande Histoire à travers de multiples "petites histoires".
L'auteur par sa capacité à décrire les situations et à donner de nombreux détails permet aux lecteurs de s'évader et de se retrouver dans l'ambiance de l'époque: au fil du livre, on a l'impression de marcher soi-même dans les rues Clermontoises ou Parisiennes.
Un polar qui nous tient en haleine de la première à la dernière page. On attend la suite avec impatience
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Roman passionnant faisant le régal des amateurs de bonnes intrigues mais aussi celui de ceux qui s'intéressent à l'histoire de le France en 1940.

Tout est remarquablement précis, détaillé, rigoureux.
L'écriture est remarquable. le style est raffiné mais sans ostentation.
Les propos des différents personnages collent parfaitement à leur nature.
Le récit est parfois allégé par un peu d'humour jamais déplacé.
A recommander sans réserves.
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Excellent !
« Mort d'un sénateur » est le premier livre de P. CHABAUD . le style est châtié et donc très plaisant .
L'intrigue, rigoureuse, et des personnages sulfureux ,nous plongent dans la France d'avant guerre, avec l'épisode de la Cagoule et nous font revivre les premiers pas du régime de Vichy : l'Histoire sert d'écrin
au roman policier . On ne s'ennuie pas un instant !
Belle réussite. On attend la suite avec impatience.
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Quand la petite histoire rejoint la Grande.
Mort d'un sénateur est le récit d'une enquête qui vous tient en haleine de la première à la dernière page. Ce premier roman, extrêmement documenté, est une belle réussite. On s'attache à ces différents personnages évoluant dans un décor clermontois/auvergnat, mais pas seulement puisque le principal protagoniste (Joseph Dumont) se rend aussi à la capitale.
L'intrigue prend place dans un contexte bien particulier : celui qui fait suite à "l'étrange défaite" chère à Marc Bloch. de nombreux aspects du débuts de ces "années noires" sont abordés : les derniers soubresauts d'une IIIème République agonisante ; la chasse aux frères maçons menée par le gouvernement de Vichy ; les profiteurs de la misère d'autrui et autres dénonciateurs... mais aussi les prémices de la mise en place de la Résistance. L'auteur réussit aussi habilement à se sortir de ce carcan des années 1940, afin de donner plus de profondeur et d'épaisseur à son propos.
Pascal Chabaud a-t-il écrit un roman historique et policier ou un roman policier et historique ? A vous de vous faire votre propre opinion en dévorant Mort d'un sénateur.
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L'intrigue est très bien ficelée.
Un livre facile et agréable à lire malgré une période de notre histoire difficile. Les personnages sont attachants et pour ceux qui aiment l'Auvergne c'est amusant de retrouver des lieux ou des noms connus.



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Ce roman policier se déroule en totalité pendant les quelques jours qui ont suivi l'armistice de 1940. Il revient largement sur les conditions dans lesquelles le gouvernement républicain a quitté Paris, d'abord pour Tours, puis Bordeaux, avant de se retrouver en Auvergne, ainsi que sur les jours qui ont précédé et suivi le vote par l'Assemblée Nationale qui a mis fin à la III éme république.

Joseph Dumont est inspecteur de police à Clermont Ferrand. Alors que Pétain vient de recevoir les pleins pouvoirs et que le gouvernement se met en place à Vichy, le corps du sénateur Étienne Ferrand est découvert assassiné. Son absence lors du vote décisif du 10 juillet 1940 avait été remarquée, puisqu'il était tenu pour un opposant aux associations fascisantes et aux politiciens prêts à céder à l'Allemagne. L'enquête est rendue complexe par l'arrivée de réfugiés français se réfugiant en zone libre, la désorganisation générale et le début de "reprise en main" mené par Laval avec le concours des préfets.
La liste des ennemis potentiels du sénateur Ferrand est importante. En premier lieu les membres de la Cagoule, cette organisation secrète d'obédience fascisante connue pour sa violence. Puis viennent les tenants du nouveau pouvoir, qui vouaient une totale détestation à Ferrand et à ce qu'il représentait en tant que franc-maçon. Enfin, l'hypothèse d'une vengeance d'ordre privée n'est pas à exclure.

Les premières pages du roman ne sont pas très convaincantes. le récit se fait régionaliste (les Auvergnats apprécieront) et tend à l'hagiographie de la franc-maçonnerie. le propos se décante par la suite et part moins dans des considérations secondaires. le récit que font les témoins de l'exode et de la fuite du gouvernement et des élus, ne sachant plus trop où se regrouper, est très intéressant. L'hypothèse avancée sur les manipulations ont pu conduire au départ du territoire métropolitain d'élus embarqués sur le paquebot Massilia vers le Maroc l'est tout autant. Les voyages de Joseph en zone occupée, le climat qui se dégrade à Paris, la montée du rationnement sont fort bien décrits.

Après un départ plus que mitigé, l'intrigue de Chabaud devient plus construite et la résolution finale est un joli pied de nez au reste du récit. Il existe peu de romans policiers insistant sur cette période précise, ce Mort d'un sénateur comble ce vide de façon instructive.
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