Aux élections municipales de 1908, les femmes, dans la France entière, suivaient les réunions publiques en bien plus grand nombre que lors des élections législatives de 1906. Et la proportion s’est accrue encore pour les élections législatives de 1910, A Paris, milieu qui, quoi qu'on prétende, n’est en somme ni plus ni moins «avancé» que les autres, il n’est pas rare main¬ tenant que l’élément féminin constitue un bon quart, de la foule entassée dans un préau d'école pour écouter les candidats. Et les citoyennes qui, de la sorte, participent indirectement aux luttes électorales, sont presque toutes des républicaines.,, enragées, comme on dit.
L'une des premières réformes électorales qui s'imposent c’est donc l' institution, ou du vote par procuration, ou du vote par correspondance— ou plutôt, de tous deux, en sorte que nulle espèce n’échappe au nouveau système.
L’unique objection que l’on ait jamais soulevée contre ces deux modes auxiliaires de scrutin, repose sur les extrêmes complications auxquelles il faudrait, dit-on, avoir recours pour réduire jusqu'au minimum imaginable, les risques de fraude. Eu réalité, des précautions peu nombreuses et fort simples suffiraient pour écarter toutes possibilités de friponnerie, dans une mesure au moins égale h celle que l'on peut imaginer quand il s’agit d'assurer la sincérité du vote personnel et direct.