[ classe de CP, 1980, en France ]
Une fois par mois, nous avions des activités créatives animées par des parents bénévoles. les filles apprenaient le tricot et la couture. Tandis que les garçons s'initiaient aux échecs ou faisaient du bricolage.
Le midi, quand on rentrait de l'école, on passait obligatoirement devant la cantine où la plupart de nos camarades allaient manger.
Secrètement, nous rêvions de manger à la cantine tous ces plats dont l'odeur nous était étrangère.
- Moi, plus tard, je serai français ! Comme ça je mangerai des plats qui sentent bon !
- Mais nous aussi on a des plats qui sentent bon !
- Je sais, mais c'est pas la même odeur !
J'étais d'accord.
Moi jou tiendre li balai si bourkoi tu aller à licoule pour tiendre une stylo mon fille !!!
(…)
Ce n'est que bien des années plus tard que j'ai compris ce que le Daron a voulu me dire ce jour-là.
La petite souris… elle passe aussi chez les arabes ? (p.65)
Grâce à ses dons en couture, les vêtements étaient transmis de frère à sœur. Ils avaient une durée de vie illimitée. C'était le début du flux migratoire vestimentaire !
Radès 1966. Un jour où il était absorbé par une intense réflexion, le Daron fut interpellé par un individu d'origine française. Ce monsieur sillonnait le nord de la Tunisie à la recherche de main-d'œuvre bon marché pour la France. (p.12)