Une inconnue.
Un numéro associé. Le 315. Une inconnue qui doit le rester, à tout prix. Cela a été spécifié, noir sur blanc, sur leur contrat : ils doivent renoncer à en savoir plus, à rechercher son identité. Un simple corps mis à disposition pour... Évidemment, c’est mieux pour tout le monde.
Comme au sortir d’un rêve, ils descendent de l’avion, quittent l’aéroport de Kiev pour rejoindre le cœur battant de la capitale de l’Ukraine. Au bout d’une avenue monumentale, une tour en béton s’impose. C’est l’Hôtel Impérial, chuchote Virginie. Soudain, tout excitée.
L’étrange sensation qu’elle va vivre les jours les plus importants de sa vie la gagne. Tristan presse sa main dans la sienne et ils échangent un sourire.
Une vie simple où chaque geste est un acte, chaque pensée un poème.
Les rêves devraient rester à l’état de rêve. Au moins, une éternité. Car tout se complique, dès lors qu’ils se réalisent. Certes les plus simples s’évaporent dans l’instant, un désir en chassant un autre, mais les plus complexes basculent l’ordre de notre monde intérieur alors qu’on ne s’y attend pas. L’illusion nous berce, la réalisation de nos souhaits les plus chers nous achève. Jusque-là Virginie s’en est bien tirée, elle n’a fait que suivre Tristan en Ukraine, entrer dans cette clinique de Kiev, s’allonger et écarter les jambes, et prier. Sans grande conviction, puisqu’elle n’est pas croyante. Et leur retour en France, à Dijon, a mis un terme à cette étrange parenthèse loin d’être dorée. Onéreuse, surtout. Mais les rêves n’ont pas de prix, n’est-ce pas ? D’ailleurs, ils auraient dû en rester là, quelle que soit l’issue. Mais ce qui aurait dû n’être qu’une simple hypothèse, sans ancrage dans le réel, a pris à leur insu une tout autre tournure.