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Dans les années 1970, Louise passe son enfance dans une ferme avec des parents tristes, sombres, pauvres.
A l'école du village, elle se sent freinée dans son identité quand son institutrice lui dit qu'une fille ne joue pas au foot mais plus tard, elle déclarera qu'elle se sent pleine de vie, libre, pleine d'énergie. Pas de différence avec un garçon.
Très poétiquement, on rencontre et on voit "Une fille" décrite par la narratrice. La fille regarde la Garonne. C'est un passage très intense dans le livre, très beau, avec des mots envoûtants.
Louise continuera son parcours scolaire, collège lycée, études de philosophie. Elle se révèle être une très bonne élève et nous avoue que c'est une façon d'échapper à la condition misérable de ses parents.
Elle rencontre des garçons, se montre très libérée, observe son amie Myriam qui suit un parcours classique de femme avec des enfants. Louise cherche sa voie dans la liberté d'être sans savoir qui elle est réellement.
Un livre atypique , philosophique avec une écriture très imagée surtout au début du roman.
C'est un court roman de 140 pages édité chez Notabilia. J'apprécie toujours la présentation avec une petite page rouge au début, des pages ivoires qui rendent l'écriture douce pour l'oeil.
L'illustration de la couverture est très en accord avec le contenu du livre. On y voit un garçon et une fillette sur un vélo. le visage du garçon est recouvert d'un gribouillage. C'est mon interprétation personnelle.

Merci à masse Critique privilégiée et à Charlotte Guéna. Je suis ravie d'avoir pu y participer.
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***

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Notabilia pour l'envoi de ce roman.

Louise grandit dans une ferme, seule fille après trois garçons. Ses parents connaissent des difficultés financières et elle se refuse alors de devenir comme eux : triste et accablée. Elle se veut libre, seule décisionnaire de ce que sera sa vie... Mais à quel prix ?

Je ne connaissais pas Stéphanie Chaillou. Cette découverte de l'auteur se fait donc avec son quatrième petit roman.
Avec une écriture très poétique, voire même philosophique, elle nous offre un personnage entier et vrai.

Louise est une enfant, une jeune fille puis une femme qui refuse la place qu'on impose au sexe faible. Elle rejette toute forme de domination, de différence et de soumission à l'homme. Elle poursuit sa quête, celle qu'elle s'est promise : trouver qui elle est, par sa simple intelligence...

De cette entière liberté, Louise trouvera également une profonde solitude. Comme si la fidélité à elle-même la coupait du reste du monde.

Un très joli roman qui en ce 8 mars, journée de la femme, prend tout son sens...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2020..
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Ses parents étaient tristes, elle percevait les difficultés qu'ils rencontraient et qu'ils s'efforçaient de cacher. Une scène dans la cuisine qu'elle n'aurait pas dû voir, ses parents en pleurs, des mots qu'elle n'aurait pas dû entendre ; traites, huissier, pauvreté, humiliation. Alors elle s'invente une présence pour se consoler, la jeune fille du fleuve qui est à ses côtés. Mais en même temps que son enfance, la jeune fille du fleuve va disparaître.

J'ai beaucoup aimé ce livre, tout d'abord par la qualité de l'écriture, des mots remplis de poésie qui rendent bien compte de l'âme de Louise. Louise refuse l'avenir que son statut de fille impose, la place qu'elle doit tenir, elle entre en résistance, une envie de liberté sans limites.
« Il y avait une sorte d'évidence de la vie en moi. La vie qui opérait ses forces, ses luttes, ses poussées. La vie qui affirmait ses droits, sa puissance illimitée. Je me souvenais combien j'avais envie de m'avancer, de prendre place, de m'affirmer. Une envie folle de rire, de courir, de respirer. »

Ce qu'elle aime par-dessus tout, montrer aux garçons qu'une fille peut être meilleure qu'eux.
« Pourtant, je n'aimais pas particulièrement la victoire. Je n'avais pas le goût du triomphe ou de la domination. Ce n'était pas pour dominer que je voulais battre les garçons. Mais je n'acceptais pas cette différence qui était faite entre eux et moi. Cette idée que quelque chose nous distinguait. Comme si nous étions autres, nous les filles. Autres. Et que c'étaient eux la norme. Eux, l'Étalon. »

Un livre sur la place des femmes, mais ce sujet est abordé, ici, d'une manière très originale. Des chapitres courts qui s'allument comme des flashes sur la vie de Louise.

À force de vouloir être différente, Louise devient invisible, inexistante aux yeux des garçons. Elle ne comprend pas la femme qu'elle est devenue. Sa vie ne ressemble pas à ce qu'elle désirait. Elle ressent le besoin d'un autre, un témoin à ses côtés, une personne qui lui parle, la rassure, lui dise qu'elle existe. Et puis un jour, la jeune fille du fleuve va revenir…

Il y a des livres qui vous parlent le roman de Stéphanie Chaillou en fait partie. Je remercie Babelio et les éditions Noir sur Blanc pour cette belle découverte.
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Cet élégant petit livre envoyé par les Edts Notabilia par l'intermédiaire de Babelio (je les en remercie) me laisse perplexe.Il me semble faire écho au"Bruit du monde" paru en 2018.
La jeune fille, Louise dans ce roman , ressemble étrangement à Marylène; son seul désir :ne pas ressembler à sa mère, ne pas avoir le destin en principe dévolu aux femmes: se marier , enfanter, eteindre ses rêves etc...
Gamine, sur les rives de la Garonne,il lui semblait apercevoir la silhouette d'une "fille" qui regardait au loin , vers l'avenir ... un phare en quelque sorte.
Mais la vie suit son cours dans les années 70, Louise fait de belles études tout en n'ayant jamais pu s'adapter à ses condisciples. En cause , un mal-être qui l'englue, et on retrouve son inaptitude à la joie de vivre, due à la simplicité de vie de ses parents, des déboires financiers sur une exploitation agricole certes mais pas la misère sociale et intellectuelle. Les enfants étaient aimés (le soir la maman disait: bonne nuit mes chéris).
Mais Louise a honte , de son père, de sa famille, d'une ancienne camarade de classe.
Puis soudain tout s'éclaircit, la "fille", son double réapparaît sur les rives de la Garonne et elle sait que son chemin est le bon, qu'elle peut se défaire de ses angoisses; elle voyait juste quand elle avait choisi de s'évader du monde qui lui était promis.
Tout cela ne m'a pas rendu Louise très sympathique c'est vrai, mais l'écriture de S. Chaillou est très belle, poétique parfois .Ses mots sur les maux sont justes.
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Merci à Babelio pour cette opération Masse Critique privilégiée et aux Éditions Noir sur Blanc – Notabilia pour l'envoi de ce livre de Stéphanie Chaillou au long titre évocateur, Un jour d'été que rien ne distinguait.

Un bel objet livre, une couverture attirante et intrigante par le contraste des tons sépias et du gribouillis au feutre rouge…
Une histoire intéressante à la première personne : Louise raconte son parcours depuis son enfance dans un milieu très modeste au coeur des années 1970, début dans la vie marqué par les difficultés financières de ses parents, leur peur de l'avenir, leur désarroi et leur tristesse, une forme de désolation qui a sans doute déteint sur elle au point de lui faire refuser une vie de résignation et de compromis.
Une ode à la liberté, à l'émancipation…
Un discours féministe…
Une belle écriture…

Alors, pourquoi ai-je l'impression d'être passé à côté de quelque chose ?
Pourquoi, même si certains passages ont pu trouver un écho en moi, n'ai-je pas réussi à m'intéresser vraiment aux ressentis de Louise ? Pourquoi m'a-t-elle même agacée, parfois ?
Je l'ai accompagnée petite fille, adolescente, étudiante ; j'ai compris ses frasques et ses excès ou ce qui était qualifié de tels ; j'ai partagé sa timidité et son imaginaire débridé ; plus tard, j'ai mesuré son hyper-sensibilité et son intelligence ; et puis, j'ai perdu la jeune femme quand, paradoxalement, elle avait toutes les clés en main pour s'affranchir enfin des stéréotypes qui avaient toujours bridé ses désirs…

La quatrième de couverture promettait un roman sur la fidélité à soi-même, sur l'amour et sur le désir de liberté. J'ai eu du mal à conjuguer la part universelle de ce récit quand il est question de refus d'un ordre global, d'un refus premier écrit depuis la nuit des temps, d'un refus d'un ordre des hommes et sa tonalité très égocentrée. Il m'a manqué l'amour annoncé : Louise en était peut-être incapable.
Avant d'écrire ce billet, j'ai exceptionnellement lu quelques chroniques d'autres lecteurs(trices), persuadée que quelque chose m'avait échappé. J'ai pu y lire que certain(e)s étaient aussi embarrassé(e)s que moi…

Le dénouement m'a laissée perplexe malgré mes relectures.
Un ressenti en demi-teinte.

https://www.facebook.com/piratedespal/
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Un jour d'été que rien ne distinguait, est un court roman, aux chapitres très brefs, écrit à la première personne. Louise y raconte sa lutte pour son droit à vivre libre sans subir les contraintes que les hommes ont exercées depuis toujours sur les femmes de son entourage.
J'ai eu du mal à dépasser les 30 premières pages mais comme c'est un Masse Critique je me suis accrochée. La vie de famille assez plate, la fille imaginaire ne m'ont pas vraiment intéressée. le côté philosophie, poésie ce n'est pas mon truc et je pense ne pas avoir compris tout ce que l'auteur voulait sous-entendre.
Ensuite Louise, petite fille puis adolescente, qui refuse de se considérer uniquement fille, de subir la domination masculine m'a intéressée. J'ai aimé ses combats et les réflexions de l'auteur sur la condition de la femme. Mais Stéphanie Chaillou ne m'a pas fait aimé Louise que j'ai trouvée morne, repliée sur elle-même, asociale avec une vie d'adulte sans grand intérêt.
Cette étrange histoire est le premier roman de Stéphanie Chaillou que je lis. Je vais essayer d'en lire un autre pour me faire une meilleure idée de cette auteure.
Merci aux éditions Notabilia et à Babelio
Lien : https://ffloladilettante.wor..
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« Un jour d'été, les femmes se sont levées et elles sont parties.
Aussi simplement que cela.
Par le seul mouvement qu'elles ont impulsé à leur corps soudain, pour le lever, le mettre en marche. Ce mouvement qu'elles avaient en elles. Qui était là dans le creux de leur chair, de leur esprit, leur volonté. Mais qu'elles ne savaient pas vraiment, dont elles n'étaient pas certaines, qu'elles soupçonnaient peut-être, à quoi elles songeaient parfois, mais sans jamais pouvoir l'affirmer, se dire qu'un jour elles le feraient, que ça deviendrait réalité » (Un jour d'été que rien ne distinguait, pp.140-141).
Il est des textes autour desquels la pensée tourne, longtemps encore après leur lecture, comme sidérée, observant sa propre, habituellement si bavarde, vanité, impuissante, là, à ajouter son grain de sel. Des textes qui, peut-être, sauf à juste dire à ses amis « Lis ça ! », auraient besoin de silence, de l'effacement du commentaire. Pour ne pas risquer d'en mutiler le sens. Pour ne pas en abîmer l'empreinte, forte, sur soi-même. le dernier livre de Stéphanie Chaillou, à l'instar du précédent, « le Bruit du monde » (paru chez Notabilia, en 2018) appartient à ces écrits, rares, dont on perçoit aussi très vite à quel point l'encre qui les a tissés est imprégnée du sang de l'auteur.e, Des personnages comme des doubles, des porte-parole peut-être, mais dont l'itinéraire de vie, fait de mots, de liberté littéraire, acquiert une valeur exemplaire. La narratrice du « Jour… », Louise, ressemble beaucoup par son origine sociale et, en partie, son évolution, à Marylène, l'héroïne du « Bruit du monde », née dans une famille de paysans pauvres. Mais au combat de Marylène pour s'arracher à sa condition, et réussir, par les études et l'éloignement, à s'inventer un autre destin que celui que sa « place » sociale semblait lui imposer, Louise, elle, ajoute un « refus » plus radical, celui d'être « fille », le cela-va-de-soi de ce qui serait réservé ou interdit à son sexe, fonctions, activités et désirs, la fausse « évidence » des distinctions de genres. Cela commence dans la cour d'école, où sa maîtresse lui signale que le foot, en dépit du plaisir qu'elle éprouve à pratiquer ce sport, c'est pas fait pour les filles. Cela continuera dans sa famille, au collège, au lycée, où elle n'arrive pas à comprendre comment son amie Myriam peut se résoudre à un rôle de fille-objet, proie du désir des garçons, et y trouver plaisir. Ainsi, dit-elle, page 86, « depuis longtemps déjà, je ne vivais pas que j'étais « une fille »… Je n'adhérais pas à l'imaginaire que recouvrait ce vocabulaire. Cette fable qui voulait donner des ordres à ma culotte, me mettre une barrette dans les cheveux, repasser les plis de ma jupe, repasser mon cerveau aussi, tempérer mon ambition, mes amusements. » Dans ce refus instinctif de l'assignation à une prétendue « identité féminine », cette volonté de ne pas respecter « l'ordre des hommes », l'accompagne dès l'enfance, créée par son imagination, la vision d'une fille au bord de la Garonne, penchant son regard sur le cours du fleuve, comme si elle y cherchait une image d'une vie détachée des contingences. Cette « fille », compagne de ses rêves, elle la perdra à l'adolescence et au début de l'âge adulte, l'appellera comme « témoin » de son mal-être et de sa colère, la retrouvera, finalement, après avoir vécu, dit-elle, comme « voilée », au bord de la mer, le regard dirigé vers un horizon élargi, l'infini d'une liberté à conquérir. Une fille porteuse d'un savoir occulté par les conventions sociales, qui revient dans sa vie après une rencontre décevante avec son ancienne amie Myriam, désormais mariée et mère, soumise à une existence non choisie. La pauvreté de leur échange joue comme une révélation, un appel au surgissement de cette puissance jugulée, comme si, dit-elle, page 122, « il ne se passait pas autre chose que ce que nous mangions, buvions, baisions, travaillions, habitions. Qu'il n'y avait pas une présence en nous, irréductible, une force vive qui ne se laissait pas définir, ni circonscrire, une instance sauvage dont le visage échappait perpétuellement – animation souterraine, théâtre peuplé de femmes mortes, de fleuves, de filles au cheveux blonds et de bêtes assoifées »… On ne peut, derrière ces images, s'empêcher de se rappeler l'imaginaire de quelques grandes héroïnes durassiennes, à la recherche déjà d'un arrachement au destin imposé, l'Anne-Marie Stretter d' « India Song » ou du « Vice-consul », hantée par le chant plaintif et les souvenirs de la vision d'une «fille », la mendiante du Mékong, ou l'héroïne de « Détruire, dit-elle », attirée par la forêt proche, l'observant comme une métaphore obscure de ses désirs de liberté. L'écriture de Stéphanie Chaillou, dans sa scansion si singulière, s'éloigne, bien sûr, du style de la grande Marguerite. Mais on y trouve souvent, dans ses mots et ses silences, entre les lignes ou dans un rythme parfois proche des battements du coeur, une puissance comparable, au service de l'émotion… et de l'intelligence.
Un mot encore, puisque certaines lectrices, dont on a lu les commentaires, ont pu faire part de leur perplexité, de leur manque de sympathie pour Louise. Un personnage qui dérange inhibe l'identification, Louise peut donc ne pas être sympathique à tout le monde, frustrant ce désir d'empathie. Mais c'est aussi parce que ce roman, son histoire, est vraiment dérangeant - et d'ailleurs prémonitoire d'un mouvement plus général de « refus » des femmes - qu'il appartient pour nous au meilleur de la littérature. Et si, pour rester « sympathiques » à tout le monde, certaines femmes, comme cette Louise de fiction ou les très de chair et d'os Adèle Haenel et Virginie Despentes - au récent « C'est terminé. Désormais on se lève et on se casse ! », comme un écho aux phrases du roman de Stéphanie Chaillou citées en exergue – se résignaient à rester assises (ou couchées…), assignées à un rôle dévolu par les hommes, le monde resterait ce vieil univers patriarcal, où règnent encore tant d'inégalités entre les sexes. On les aime, nous, cette Louise, et « ce jour d'été que rien ne distinguait » comme un prélude aux lendemains qui chantent, pour toutes les femmes !
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Qu'est-ce que ton genre t'a empêché de faire ? Homme ou Femme on nous attribue des goûts, des caractères, des métiers et il est difficile de sortir de sa case. Selon nos classes sociales également, certaines choses sont hors de portée. Louise, la narratrice, doit faire face à ces double épreuves : se sortir de sa condition de femme et dépasser la pauvreté de sa famille. Elle veut une autre vie que celle qui lui est toute tracée.

Cette lecture est pour moi mitigée. Je n'ai pas spécialement accroché avec le format : un long monologue, sans dialogues. Cela manque de rythme et on passe un peu du coq-à-l'âne. Je n'ai pas compris l'image de la "fille au bord de la Garonne" et encore moins la fin. Si quelqu'un peut m'éclairer ?

Par contre, j'ai aimé tout ce qui était dit sur le fait de sortir des cases, je me suis reconnue dans les interrogations et les frustrations de Louise. le mot "féminisme" n'y est pas prononcé. Cela va au-delà, il y est vraiment question de dépasser les genres, de ne pas se reconnaître dans ces attributs décidés par on ne sait qui et on ne sait pourquoi. Des choses très intéressantes sont dites sur le rapport au corps, à l'éducation, à la sexualité, etc. J'ai aussi apprécié sa rage de sortir de la pauvreté, mais j'ai trouvé que ce n'était pas assez approfondi alors qu'il y a au début des scènes très fortes avec les parents.

C'est une lecture vers laquelle je n'aurais pas été spontanément sans Babelio et je suis contente d'être sortie de ma zone de confort pour découvrir ce court roman.
Lien : https://ninaalu.wordpress.co..
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Je remercie Babelio, Masse Critique et les Editions Notabilia pour l'envoi de ce roman.

Dans les années 1970, Louise est la benjamine d'une fratrie de trois. Ses frères aînés ne sont pas vraiment des compagnons de jeu. D'ailleurs, l'ambiance à la ferme exploitée par ses parents est plutôt plombante, ceux-ci devant faire face à des dettes conséquentes.

Très tôt, la petite fille prend conscience des injonctions que la société lui impose notamment à l'école : « Il y avait d'un côté les filles, de l'autre les garçons. D'un côté ce qui était permis aux filles, de l'autre ce qui était permis aux garçons. Et ce n'étaient pas les mêmes choses. Comme si nous étions si différents, si distincts, faits d'une matière singulière chacun, qu'il était impossible, voire dangereux, de nous mélanger. »

Louise remarque aussi le comportement des femmes de sa famille lors des réunions dominicales : « Quand les hommes entraient, les femmes se taisaient. Il y avait comme un arrêt qui se produisait dans leurs corps, à travers leurs bouches. L'air même qu'elles respiraient semblait se suspendre, suspendre sa circulation, au moment où les hommes entraient dans la pièce. Comme si elles étaient coupables. Coupables de parler. Coupables d'être assises. Coupables d'être dans cette position d'un corps qui ne travaille pas. Les hommes entraient et toutes affaires cessantes, les femmes se levaient pour les servir, répondre à leurs demandes. »

Dès lors, Louise se fait le serment de ne pas être comme elles, de ne pas se laisser imposer de choix qui ne soit pas le sien, de vivre comme elle l'entend.

Mais respecter ce serment a un prix dans la mesure où il implique une solitude certaine puisqu'elle refuse d'entrer dans le moule des autres femmes : « A l'ordre des hommes, j'ai préféré un ordre nouveau des êtres et des possibles. J'ai préféré ce qui pousse lentement, seul, sans autre témoin que les landes, le vent et la lumière ».

La lecture de ce roman m'a rappelé ma propre enfance à la même époque : écoles non mixtes, les diktats sur la façon dont une fille doit se comporter. J'ai été touchée par le combat de Louise, car s'en est bien un, pour être réellement, complètement elle même.
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Une enfance au bord de la pauvreté, bercée de silences, où la vie des adultes ne fait pas rêver, où la place des femmes n'est guère enviable. C'est le lot de Louise dont les parents sont criblés de dettes et qui se jure de ne jamais leur ressembler.
Plus encore, elle en vient à ne pas souhaiter être une fille, pour ne pas être cantonnée dans un rôle qui ne la satisfait pas. Une vie qu'elle voudrait « sans genre » et qui pourtant ne lui apporte que solitude et tristesse.
Si l'écriture de Stéphanie Chaillou est ciselée, je n'ai ressenti aucune empathie pour Louise, personnage qui, selon moi, se désincarne progressivement au fil de l'histoire en accomplissant son serment de ne vouloir pas ressembler aux siens ni répondre au destin qui pourrait l'attendre.
Je n'ai sans doute pas apprécié à sa juste valeur la métaphore de la jeune fille au bord de la Garonne, je n'ai pas eu la certitude qu'elle incarnait un espoir ou un « soutien » à la solitude de Louise.
J'ai beaucoup aimé le style de ce roman mais j'ai l'impression confuse d'être passée à côté de son sens profond.

Merci à Babelio Masse Critique et aux Editions Noir sur Blanc pour leur confiance.
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