- Vous dites que le transhumanisme est l'avenir de l'Homme ! D'après ce que j'ai compris de votre excellente explication, je pense que c'est l'avenir de la machine dont il s'agit, parce qu'avec une telle doctrine, ce n'est pas la machine qui, petit à petit, deviendra homme, mais c'est l'homme qui se transformera en machine. Et c'est bien la victoire finale de cette dernière…
Le témoin logeait à moitié aux frais de la princesse dans une tour HLM qui ressemblait, brique pour brique, aux blocs en béton d'Argenteuil, sauf qu'ici, la misère était moins pénible au soleil. Enfin ! semblait-il ! Là aussi - et après dix étages escaladés à la force du fessier, à cause d'un ascenseur en panne - le vigile s'avéra absent. Néanmoins, une voisine de palier, que la détestation vouée à son voisin et la peur des flics avait métamorphosée en pie parlante, expliqua au commissaire que l'homme qu'il recherchait était parti à l'entraînement. Elle en était certaine, elle l'avait aperçu, à travers le judas, sortir avec son sac de sport. Dans la foulée elle balança l'adresse du club. Efficace, la donneuse ! Maugin la remercia puis décampa.
A vrai écrire, Dalil était à l'adolescence de la vieillesse, il entrait dans sa soixante et unième année, mais il en faisait 51, et il s'en foutait éperdument. "Comment peut-on ressembler à un chiffre ?" avait-il l'habitude de répondre à ceux qui le saupoudraient d'un tel compliment. Cette illusion physiologique était principalement due à deux attraits de son physique : sa ligne et ses cheveux. En effet, il était grand, fin, droit et dépourvu de ce bide qui fait rapetisser et pencher en avant beaucoup d'hommes de son âge. Ses cheveux, eux, étaient certes complètement décolorés - et donc gris, - mais ils étaient abondants et ornaient jusqu'à la limite de ses tempes. A l'instar du bon vin, le charme de Dalil se bonifiait avec les années.