Je viens de finir ce "polar" de
Soufiane Chakkouche; sur le 4 ème de couv, Black novel" écrit que son auteur "fait une entrée fracassante dans le monde du polar....roman totalement bluffant". Pas possible, "il" ou "elle" n'ont pas dû le lire!!
Nous sommes dans la caricature même du roman policier, avec ses clichés, ses poncifes, ses invraisemblances, ses remarques et dialogues convenus, téléquidés, visibles des kilomètres à l'avance, et numérotables à 1 sur l'échelle de Richter (qui ne les aurait d'ailleurs pas pris en compte).
Au hasard: "le commissaire Petit voyait grand" (magnifique)
" face à un homme muni d'un silencieux, il vaut mieux se taire" (grandiose)
"comme le sperme, les mots qui éjaculent du corps, ne peuvent y revenir" (à garder pour une éventuelle nomination de la pensée de l'année)
A la fin du roman,un terrorise débarque à l'aéroport de San Francisco. Il s'adresse à l'immigration à une nommé Mme Hawk, dont le père se prénomme....."Thomas"!!! ( je m'incline devant tant de subtilité et de recherche).
Et que dire du commissaire Maugin, patron de la Crim, que notre "héros", Dalil, appelle Machin ( remarquez, il appelle "Bolognese" le bois de Boulogne, et il y a un tas d'autres "perles" de ce genre), et qui passe pour un gros "baluzot: alors que la Crim vient de récupérer la photo de la fusillade de la rue Myrrha et le numéro de la voiture des terroristes, une Twingo, ce même Maugin pense qu'il va identifier son propriétaire, donc, l'un des terroristes.
Mais heureusement, heureusement, Dalil le ramène à la réalité en lui disant qu'elle est peut-être volée et donc... donc (vous avez compris la suite). Mais Dalil est un "malinasse". Il yeute, tel un lynx, ladite vidéo, et constate que le conducteur ne porte pas de gants. Donc...donc....les "EMPREINTES" crénom de Dieu. Mais bon sang, mais c'est bien sûr, comme l'aurait dit le célèbre commissaire Bourrel, dans les fameuses "Cinq dernières minutes", une série dont je raffolais n'étant guêtre âgé de plus de dix ans, à l'époque.
Bourrel qui portait un imperméable, comme Dalil d'ailleurs, imper dont l'auteur dit qu'il a fait surnommer son héros "Holmes"!! N'ai jamais vu Holmes en imper, ou alors Soufiane Chakouche confond avec Colombo, mais on n'est plus à un délire épistolaire près.
Autres choses: le commissaire de la Crim qui va chercher son homologue marocain en Peugeot 206, (côté protocole il y a mieux), lequel Maugin roule en Ford Mustang de 65, avec gyrophare s'il vous plaît, pour ses enquêtes!! Jusqu'à présent seul le célèbre commissaire Padovani, de la Crim également, utilisait son Alfa-Roméo perso pour ses enquêtes, conférer pour cela les nombreux polars de l'excellent auteur disparu trop tôt- Frédéric Fajardi). Et là, leçon d'histoire, de connaissance, et de précision, tout au long de ce livre, dans lequel Dalil explique à Maugin l'origine de sa Ford Mustang, tiré à moins de 30 000 exemplaires, et qui n'est peut-être pas de 65 mais du milieu de l'année, à qui il explique également que l'expression "donner sa langue au chat" était à l'origine "donner sa langue au chien" -cela quand la discussion était bloquée-, en passant, évidemment par l'inévitable explication sur le cochon que l'on ne doit pas manger, mais pas manger en fontion de la façon dont il a été abattu, laquelle si elle n'est pas hallal, et si la bête ne s'est pas vidée de son sang, est propice au cancer coloréctal chez l'homme.
Enfin, si vous ne connaissez pas d'une part le métro parisien, vous y apprendrez qu'on y trouve des SDF qui font la manche, des musiciens qui jouent de la musique, des vendeurs de fruits (qui ne sont souvent pas de saison. -les fruits, pas les vendeurs. Quoique...), et d'autre par Montmartre, vous saurez que ce sont des chinois qui croqueront votre protrait, lesquels chinois n'ont peut-être jamais vu leur pays.
Quant à Dalil, derrière ses airs de vieux flic fatigué, on comprend qu'il a, à mains nues, tué quelqu'un dans une vie précédente; que son taux d'élucidation d'affaires était de 100%. Ben oui, quoi, comment aurait-il pu en être autrement. Et comme le lecteur est parfois un peu "neuneu", l'auteur insiste bien sur le fait qu'il est malin, roublard, intelligent, perspicace, et qu'il a toute les qualités dun super-flic. Ne lui manque que la cape bleue avec le grand "S" devant!
Mince, j'oubliais. le sujet. le transhumanisme....(je vous laisse chercher dans un dico) et un étudiant marocain enlevé donc rue Myrrha, par des terroristes évidemment, lequel aurait mis au point une micro puce...qui une fois reliée au cerveau humain permettrait de se connecter diretement à internet, et offrirait d'infinies possibilités. Mais heureusement, grâce à Dalil, cela n'arrivera pas.
Quant aux descriptions de nombre des protagonistes, elles frisent la caricature (litote): le neurochirurgien de Montpellier gras du bide et des bajoues qui se tapent que des belles nanas à cause ou grâce à son fric, le boxeur bodybuildé (témoin dans notre histoire) qui ne peut avoir qu'un petit zizi (ils sont d'ailleurs deux dans ce cas), et le flic du 36 chargé des surveillances qui "surveille" affublé d'un panama!!!!!.
En bref, en deux mots comme en cent, je ne vois pas où est "l'entrée facassante", ou plutôt si, il y a prise de pied dans le tapis et tout le monde est tombé (et l'auteur et son livre); si monsieur Chakkouche a voulu écrire un polar, il n'y est pas arrivé. Si il a voulu écrire une parodie de polar, avec un humour à la J.M Bigard, alors, il est en bonne voie. Mais je n'aime pas l'humour ( ni le reste d'ailleurs) de cet humoriste.
Ce roman m'a fait penser, par moments, à une très mauvaise série télé des années 80, où Johnny Hallydai incarnait le commissaire Landsky! Je riais presque plus qu'en regardant Laurel et Hardy ou des films de
Jerry Lewis.
Mais vous savez quoi?
J'ai vu qu'il y avait un autre polar de cet auteur, et que cette fois, Dalil enquêtait à Casablanca. Si si. Si je le trouve je l'achète et je le lis. Faut bien rire de temps en temps. Même en lisant un polar.
Et enfin, parce qu'il faut bien terminer, je suis assez fan des éditions Jigal, de Marseille, où j'ai découvert de bons auteurs et conteurs, à l'instar de
Maurice Gouiran et de del Papas. Mais là, il y a dû avoir une erreur de casting.