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EAN : 9782377220618
192 pages
Jigal (01/02/2019)
3.55/5   11 notes
Résumé :
L’inspecteur Dalil, fin limier de la police marocaine à la retraite – toujours accompagné de son inséparable Petite voix –, est fermement invité par les services de sûreté à se rendre à Paris pour mener une enquête en collaboration – un peu forcée – avec le commissaire Maugin, boss du 36 quai des Orfèvres. Bader Farisse, un étudiant marocain qui préparait une thèse sur le transhumanisme, a été enlevé devant la mosquée de la rue Myrha. Il venait de mettre au point un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Découvrir un paysgrâce aux enquêtes d'un commissaire, d'un inspecteur… c'est déjà une très bonne chose. Mais découvrir son propre pays - et même plus, un quartier de sa ville - à travers le regard aiguisé d'un inspecteur marocain à la retraite, voilà qui promet une lecture originale. Et c'est bien le cas avec l'Inspecteur Dalil à Paris, de Soufiane Chakkouche.
Bader Farisse, étudiant marocain qui préparait une thèse sur le transhumanisme, est enlevé devant la mosquée de la rue Myrrha. Les services de sécurité marocains usent de leur influence pour aller chercher l'inspecteur Dalil tout près d'al Jasiras où il coule des jours heureux, s'adonnant à la pêche à la ligne, et le conduire dans le premier avion en partance pour la France : il collaborera à l'enquête du célèbre Commissaire Mougin, du 36 quai des Orfèvres.
Bader Farisse étudiant à l'université de Paris Sud a mis au point une micropuce pouvant être reliée au cerveau humain, lui permettant, sans aucune interface, de se connecter à internet, et de multiplier à l'infini ses capacités. C'est sans aucun doute la raison pour laquelle il a été enlevé : ses recherches intéressent les services secrets, français et marocains, mais aussi les groupes terroristes.
L'inspecteur Dalil, soixante et un ans, et le commissaire Mougin, de vingt ans son cadet, ont peu de points communs – et leur collaboration s'annonce délicate, voire inutile ! A un commissaire qui connaît bien son terrain, veut des résultats rapides, s'agite dans tous les sens et conduit une Ford mustang modèle 65, l'inspecteur Dalil oppose sa relative lenteur - et son goût de la marche, son sens de l'observation, une grande simplicité et surtout, une grande connaissance des hommes et de leur culture – qu'elle soit marocaine ou française. Sans oublier sa « Petite Voix », celle qui se rappelle à lui, qui fait des remarques saugrenues, qui analyse, qui le réveille… Est-ce la petite voix de sa conscience ?
L'enquête débute lentement, au rythme de Dalil qui découvre Paris à pied, la banlieue nord et l'université de Paris-Sud. Mais tout s'accélère… les enquêteurs rivaux unissent leurs forces, leurs connaissances…. malgré un final explosif, évitent de justesse qu'une découverte majeure ne serve des idéaux de destruction.
Je dois avouer que j'ai lu deux fois l'Inspecteur Dalil à Paris ; l'intrigue en elle-même est relativement simple mais je n'ai pas pu résister au regard lucide, plein d'humour, que porte l'inspecteur sur notre pays, sur Paris, sur les comportements de ses compatriotes immigrés, quels qu'ils soient. le style de Soufiane Chakkouche m'a paru, quelquefois, un peu recherché - pour autant, le langage de l'Inspecteur Dalil, sa manière de détourner des expressions – pour les utiliser à la sauce « Dalil », une sauce un tout petit peu piquante – est vraiment comique – mais là encore, l'inspecteur sait où il va – rien n'est laissé au hasard. Choisir des mots pour déstabiliser l'adversaire… Il en est tout à fait capable...

Au final, une lecture sympathique ; l'inspecteur né de la plume de Soufiane Chakkouche, jeune écrivain marocain, est une réussite : il impose un style et un parler décomplexé, qu'on a envie de retrouver très vite.

Je remercie Masse Critique, de Babelio, ainsi que les Editions Jigal – de m'avoir permis de lire et de faire la critique de l'Inspecteur Dalil à Paris roman de Soufiane Chakkouche.

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L'inspecteur Dalil, qui profite de sa retraite en s'adonnant à la pêche sur une plage marocaine, est tiré de sa tranquillité par une affaire urgente. Il est envoyé à Paris où un jeune étudiant marocain, Bader Farisse, qui préparait une thèse sur le transhumanisme, aurait été enlevé par un membre de Daesch selon la police française. Dalil doit seconder le commissaire Maugin qu'il surnomme Machin…

L'enquête n'est pas vraiment palpitante et plutôt embrouillée, le style lourd et pas toujours limpide non plus. L'auteur prétend qu'il est plus facile pour un scientifique de devenir littéraire que l'inverse, ça reste à prouver… le personnage du flic n'est pas antipathique mais pas très ouvert, rien dans cette affaire n'est vraisemblable, les réflexions manquent de finesse, la « petite voix » est très agaçante, bref je n'ai pas été séduite… Donc avis mitigé, pas complétement négatif vu qu'il s'agit d'un premier livre, la suite sera peut-être plus convaincante.
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Je viens de finir ce "polar" de Soufiane Chakkouche; sur le 4 ème de couv, Black novel" écrit que son auteur "fait une entrée fracassante dans le monde du polar....roman totalement bluffant". Pas possible, "il" ou "elle" n'ont pas dû le lire!!
Nous sommes dans la caricature même du roman policier, avec ses clichés, ses poncifes, ses invraisemblances, ses remarques et dialogues convenus, téléquidés, visibles des kilomètres à l'avance, et numérotables à 1 sur l'échelle de Richter (qui ne les aurait d'ailleurs pas pris en compte).
Au hasard: "le commissaire Petit voyait grand" (magnifique)
" face à un homme muni d'un silencieux, il vaut mieux se taire" (grandiose)
"comme le sperme, les mots qui éjaculent du corps, ne peuvent y revenir" (à garder pour une éventuelle nomination de la pensée de l'année)
A la fin du roman,un terrorise débarque à l'aéroport de San Francisco. Il s'adresse à l'immigration à une nommé Mme Hawk, dont le père se prénomme....."Thomas"!!! ( je m'incline devant tant de subtilité et de recherche).
Et que dire du commissaire Maugin, patron de la Crim, que notre "héros", Dalil, appelle Machin ( remarquez, il appelle "Bolognese" le bois de Boulogne, et il y a un tas d'autres "perles" de ce genre), et qui passe pour un gros "baluzot: alors que la Crim vient de récupérer la photo de la fusillade de la rue Myrrha et le numéro de la voiture des terroristes, une Twingo, ce même Maugin pense qu'il va identifier son propriétaire, donc, l'un des terroristes.
Mais heureusement, heureusement, Dalil le ramène à la réalité en lui disant qu'elle est peut-être volée et donc... donc (vous avez compris la suite). Mais Dalil est un "malinasse". Il yeute, tel un lynx, ladite vidéo, et constate que le conducteur ne porte pas de gants. Donc...donc....les "EMPREINTES" crénom de Dieu. Mais bon sang, mais c'est bien sûr, comme l'aurait dit le célèbre commissaire Bourrel, dans les fameuses "Cinq dernières minutes", une série dont je raffolais n'étant guêtre âgé de plus de dix ans, à l'époque.
Bourrel qui portait un imperméable, comme Dalil d'ailleurs, imper dont l'auteur dit qu'il a fait surnommer son héros "Holmes"!! N'ai jamais vu Holmes en imper, ou alors Soufiane Chakouche confond avec Colombo, mais on n'est plus à un délire épistolaire près.
Autres choses: le commissaire de la Crim qui va chercher son homologue marocain en Peugeot 206, (côté protocole il y a mieux), lequel Maugin roule en Ford Mustang de 65, avec gyrophare s'il vous plaît, pour ses enquêtes!! Jusqu'à présent seul le célèbre commissaire Padovani, de la Crim également, utilisait son Alfa-Roméo perso pour ses enquêtes, conférer pour cela les nombreux polars de l'excellent auteur disparu trop tôt- Frédéric Fajardi). Et là, leçon d'histoire, de connaissance, et de précision, tout au long de ce livre, dans lequel Dalil explique à Maugin l'origine de sa Ford Mustang, tiré à moins de 30 000 exemplaires, et qui n'est peut-être pas de 65 mais du milieu de l'année, à qui il explique également que l'expression "donner sa langue au chat" était à l'origine "donner sa langue au chien" -cela quand la discussion était bloquée-, en passant, évidemment par l'inévitable explication sur le cochon que l'on ne doit pas manger, mais pas manger en fontion de la façon dont il a été abattu, laquelle si elle n'est pas hallal, et si la bête ne s'est pas vidée de son sang, est propice au cancer coloréctal chez l'homme.
Enfin, si vous ne connaissez pas d'une part le métro parisien, vous y apprendrez qu'on y trouve des SDF qui font la manche, des musiciens qui jouent de la musique, des vendeurs de fruits (qui ne sont souvent pas de saison. -les fruits, pas les vendeurs. Quoique...), et d'autre par Montmartre, vous saurez que ce sont des chinois qui croqueront votre protrait, lesquels chinois n'ont peut-être jamais vu leur pays.
Quant à Dalil, derrière ses airs de vieux flic fatigué, on comprend qu'il a, à mains nues, tué quelqu'un dans une vie précédente; que son taux d'élucidation d'affaires était de 100%. Ben oui, quoi, comment aurait-il pu en être autrement. Et comme le lecteur est parfois un peu "neuneu", l'auteur insiste bien sur le fait qu'il est malin, roublard, intelligent, perspicace, et qu'il a toute les qualités dun super-flic. Ne lui manque que la cape bleue avec le grand "S" devant!
Mince, j'oubliais. le sujet. le transhumanisme....(je vous laisse chercher dans un dico) et un étudiant marocain enlevé donc rue Myrrha, par des terroristes évidemment, lequel aurait mis au point une micro puce...qui une fois reliée au cerveau humain permettrait de se connecter diretement à internet, et offrirait d'infinies possibilités. Mais heureusement, grâce à Dalil, cela n'arrivera pas.
Quant aux descriptions de nombre des protagonistes, elles frisent la caricature (litote): le neurochirurgien de Montpellier gras du bide et des bajoues qui se tapent que des belles nanas à cause ou grâce à son fric, le boxeur bodybuildé (témoin dans notre histoire) qui ne peut avoir qu'un petit zizi (ils sont d'ailleurs deux dans ce cas), et le flic du 36 chargé des surveillances qui "surveille" affublé d'un panama!!!!!.
En bref, en deux mots comme en cent, je ne vois pas où est "l'entrée facassante", ou plutôt si, il y a prise de pied dans le tapis et tout le monde est tombé (et l'auteur et son livre); si monsieur Chakkouche a voulu écrire un polar, il n'y est pas arrivé. Si il a voulu écrire une parodie de polar, avec un humour à la J.M Bigard, alors, il est en bonne voie. Mais je n'aime pas l'humour ( ni le reste d'ailleurs) de cet humoriste.
Ce roman m'a fait penser, par moments, à une très mauvaise série télé des années 80, où Johnny Hallydai incarnait le commissaire Landsky! Je riais presque plus qu'en regardant Laurel et Hardy ou des films de Jerry Lewis.
Mais vous savez quoi?
J'ai vu qu'il y avait un autre polar de cet auteur, et que cette fois, Dalil enquêtait à Casablanca. Si si. Si je le trouve je l'achète et je le lis. Faut bien rire de temps en temps. Même en lisant un polar.
Et enfin, parce qu'il faut bien terminer, je suis assez fan des éditions Jigal, de Marseille, où j'ai découvert de bons auteurs et conteurs, à l'instar de Maurice Gouiran et de del Papas. Mais là, il y a dû avoir une erreur de casting.
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L'inspecteur Dalil à Paris, de Soufiane Chakkouche, aux éditions Jigal / polar, ce roman a retenu mon attention pour deux raisons qui se tiennent par la main : l'auteur est marocain écrivant en français, et il ose le polar. Certes, ce n'est pas le premier, il y eut Driss Chraïbi avec sa série de l'inspecteur Ali (L'inspecteur Ali, 1993, Gallimard, réédité en Folio, L'inspecteur Ali à Trinity College, Denoël, 1995, L'inspecteur Ali et la CIA, Denoël,1996, etc.), mais il est là, et sa valeur ajoutée (selon moi) consiste en ce qu'il prend en charge les relations franco-marocaines, leur vécu inter-individuel et leur expression. Et ça, c'est une innovation aussi intéressante qu'utile. Les uns diront halte à l'individualisme, les autres, que tout est politique, mais on peut objecter que le vécu et le ressenti sont premiers, et souvent partagés, donc partageables. C'est ce que fait Chakkouche et c'est l'originalité majeure de son roman.
Qui est Soufiane Chakkouche ? L'homme est diplômé de l'école de journalisme de Paris après des études scientifiques. Ce roman policier paru en septembre 2019 est son deuxième, après L'inspecteur Dalil à Casablanca, qui marque l'irruption du personnage sur la scène littéraire. le ciblage sur les lieux est intéressant, car il ouvre une ligne de force orientée sur les relations Maroc-France au travers du vécu et des perceptions d'un personnage riche de possibles, l'inspecteur Dalil, qui va prendre l'avion pour Paris (certains épisodes sont de véritables rappels pour qui franchit ces frontières !).
Les personnages, parlons-en : cet inspecteur athlète d'1,85 m, permis moto et amateur de voitures de sport anciennes, semble descendu de l'Atlas, lui ou ses ancêtres, pour éblouir les Franzaouis à son/leur contact. Son alter ego français, le boss du 36 quai des Orfèvres (QG aujourd'hui délocalisé en banlieue) est un mec moyen, un peu bedonnant, pas très grand ni athlétique, mais vaniteux. Un Français, quoi ! de quoi réjouir bien des lecteurs, et faire rire les autres : c'est bien que les conflits se disent, créent de l'échange au lieu de perpétuer des conflits et des rancoeurs. En effet, quel fqih pour nous dire la solution sage ? Aucun. Sauf les écrivains, il faut leur rendre grâce, ce sont des médiateurs, chacun à sa manière. Ah, il y a aussi dans le lot des personnages un Mohammed, flic français dandy et amateur de luxe, mais on ne le voit guère parler avec Dalil, et le traitement que lui réserve l'auteur est révélateur, mais je ne le révélerai point afin de ne pas spoiler, divulguer & gâcher le roman. L'inspecteur Dalil est accompagné de la Petite voix intérieure, sans doute sa conscience, ou son miroir interne, un peu comme la petite souris de Plantu ou la coccinelle dans la rubrique-à-brac de Gottlib, c'est un dispositif ingénieux de discours intérieur vivant et imagé. Citons la Petite voix,
« Avec tout le respect que je vous dois, inspecteur, c'est complètement contradictoire, voire hypocrite, ce que vous faites. En tant que musulman, vous buvez de l'alcool et vous ne mangez pas de porc ! Je le dis parce qu'au bled, le problème ne s'est jamais posé, il n'y a pas de porc là-bas. » (p. 147). Ajoutons une brève description intéressante (p. 139), « Dalil inscrivit sept vocables sur son calepin, que même la Petite voix eut du mal à déchiffrer ». Ces notes sont-elles en arabe écrit, en français abrégé… nous ne le saurons pas, ou juste un peu, car ces vocables peuvent être des mots d'une langue à graphie consonantique (car l'arabe peut aussi être graphié en alphabet latin étendu), ou une cohabitation de langues graphiées à l'usage exclusif du possesseur du carnet. Je ne voudrais pas terminer ce paragraphe sans citer la fin du chapitre : « le paysage en béton coulait, des bandes de pluie défilaient verticalement sur la vigre comme autant de larmes sur la joue d'une maman syrienne. Une Alépine. Fatigé de la bêtise humaine, il [Dalil] soupira profondément puis reposa la tête sur la fenêtre. Vues de l'extérieur, les larmes semblaient rouler sur ses joues à lui. » (p. 139). On se dit alors que la Petite voix est aussi celle de l'auteur, singulière, imagée, sensible, comme le sont les voix tressées de plusieurs langues et cultures. C'est souvent un délice, vous verrez !
Revenons aux personnages. En plus de ceux dont on parlera plus bas dans l'action (le commando islamiste débarqué à Roissy, l'étudiant Bader Farisse et son professeur à Orsay, un prof atypique et haut en couleurs, il faut mentionner le mystérieux homme au panama, qu'on retrouve à la fin), il y a les jeunes blondes, qui semblent fasciner l'inspecteur Dalil, sans qu'on en sache plus. Discret, cet inspecteur-là, c'est normal. Il agit de même avec la religion, le pays et l'alcool…
L'action, maintenant. le super-inspecteur Dadil a été appelé du Maroc à la rescousse de la police française pour une affaire impliquant vraisemblablement DAESH, puisqu'un commando venu d'Orient a atterri à Roissy et il est pisté par les limiers français. Que vient faire ce commando ? Là, autre originalité du roman, nous basculons dans le transhumanisme et l'humain augmenté, grâce à un labo et un doctorant marocain super-brillant, Bader Farisse : une puce pourrait être implantée dans le cerveau d'un être humain et elle lui donnerait de super-pouvoirs cérébraux, tels que ledit humain deviendrait super-humain capable de pénétrer réseaux, circuits et pensées autour de lui et au loin. Cela ne vous rappelle rien ? Les surhommes du nazisme, Übermenschen, face aux Unternmenschen, sous-humains parqués dans les camps de la mort. Là intervient DAESH, cette organisation auto-proclamée État islamique fait tout pour acquérir cette puce mise au point dans un labo de pointe, et la faire implanter par un super-neurochirurgien de Montpellier. Implanter sur un humain de sexe masculin, bien sûr, il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes. En tout cas, l'enjeu est bien de créer un surhomme qui verra le retour du Mahdi (envoyé, dans le Coran) et enfin établira le règne de l'islam !
Mais voilà que le neuchi (neurochirurgien) a disparu, et que le thésard marocain s'est fait enlever non loin de la mosquée de la rue Myrha, et la voiture, une Twingo volée, a pu filer ! L'imam est interrogé par l'inspecteur Dalil, c'est un imam d'origine algérienne, ça compte, il faut un jour faire la paix avec ses voisins, non ? Il est futé, mais Dalil l'est tout autant. le duel est délicieux à lire. de même la description de la mosquée, « Dalil n'avait jamais vu pareil lieu de culte musulman. Nul minaret pointé vers le ciel gris tel un stylo géant, nul portail en fer forgé orné d'un savoir générationnel, nulle calligraphie en zellige coloré par un mâalem artisan ; une simple porte en ferraille peinte dans un vert bon marché et au-dessus de laquelle on avait gravé au burin quelques lettres arabes dans un granite jaune. Comble de l'ubuesque, une supérette en face et tenue par des Subsahariens proposait en vitrine, bien en évidence, des bouteilles d'alcool. » (p. 42)
L'action va donc se dérouler à bon rythme jusqu'à une fin demi-prévisible mais pas prévue, aux chapitres 20 et 21, ce qui est la marque d'un bon roman. Ensuite, le roman se retourne sur lui-même tel un gant, une peau, deux peaux ? et c'est le chapitre zéro, inventé par les savants arabes, le chiffre, et sans doute la structure du chapitrage. le roman se termine sur une notation linguistique et narrative de type ritournelle, vrille sans fin ou retour. Chut ! le reste est silence et transmission.
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Qui diantre vient déranger l'inspecteur Dalil « déchu de son titre par le temps », alors qu'il s'adonne à son passe-temps, la pêche. Mais bon, l'ex inspecteur a reconnu de loin l'importun qui marche difficilement sur le sable. Il est « invité » à se rendre auprès de son ex-chef pour une mission qu'il ne peut refuser : rechercher un étudiant marocain kidnappé, en France.
Malgré son horreur et sa peur, le voici dans un avion direction Paris « Dalil avait les machines volantes en horreur »  où il doit rencontrer l'inspecteur Machin, non, enfin, euh.. Voilà, l'inspecteur Maugin, au 36.
Le courant ne passe pas trop entre les deux hommes, normal me direz-vous, la concurrence, la peur d'être battu en brèche par l'autre… Bref tous les clichés des polices ! En plus, Dalil n'est pas seul, il est accompagné de sa « petite voix » intérieure, oui, sa conscience qui lui parle et à laquelle il répond, se faisant passer pour un original.
Dalil a sa ligne de conduite, sa vision du monde et, ici, de Paris, du métro qu'il déteste… Il n'est pas un cloporte. Il aime enquêter seul, suit ses intuitions, très observateur, il ne flingue pas à tout va, non, il réfléchit beaucoup et synthétise dans un coin de son cerveau ses observations et réflexions.
Parlons un peu de l'enquête. le jeune étudiant marocain enlevé, Bader Farisse, prépare une thèse sur le transhumanisme, l'homme amélioré capable de se connecter directement que ce soit dans le cerveau de son vis-à-vis ou sur Internet sans passer par la cas ordinateur.  Avouez que c'est tentant pour qui met a main sur une telle prouesse ! Les plus rapides ont dégainé,l'étudiant kidnappé et cela pourrait venir des islamistes.
La joute entre les deux inspecteurs est amusante. Maugin est, du début, quelque peu condescendant avec ce collègue marocain et Dalil adore jouer avec Maugin au jeu du chat et la souris.
Dalil, par l'intermédiaire de Soufiane Chakkouche, à moins que ce ne soit le contraire, distille ses idées, sa façon de voir les choses, toujours avec la dérision qui s'impose, sans oublier la profondeur qui sied. J'ai aimé qu'il joue sur le jargon policier, qu'il donne à Dalil cette vision parisienne naïve et un peu dépassée «Comment la Ville a pu bannir les cabines à sous, jadis si chères aux gangsters, après plus d'un siècle de bons et loyaux services ? » pense t-il en parlant des cabines téléphoniques. 
Un polar comme je les aime qui prend son temps, qui ne défouraille pas dès la seconde page. Un inspecteur vieillissant, bougon, intelligent, solitaire, à qui on ne la fait pas. Oui, cela donne dans le cliché policier que Soufiane Chakkouche utilise pour mieux le dépasser. Et puis, cette façon d'aborder, l'air de rien, des sujets graves et sérieux !
Cher inspecteur Dalil, après Casablanca et Paris, je vous espère dans une autre ville. A très bentôt
Les éditions Jigal propose souvent de très bons livres et celui-ci en est un. Je les remercie pour ce partenariat avec Babelio et sa Masse critique.
Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le témoin logeait à moitié aux frais de la princesse dans une tour HLM qui ressemblait, brique pour brique, aux blocs en béton d'Argenteuil, sauf qu'ici, la misère était moins pénible au soleil. Enfin ! semblait-il ! Là aussi - et après dix étages escaladés à la force du fessier, à cause d'un ascenseur en panne - le vigile s'avéra absent. Néanmoins, une voisine de palier, que la détestation vouée à son voisin et la peur des flics avait métamorphosée en pie parlante, expliqua au commissaire que l'homme qu'il recherchait était parti à l'entraînement. Elle en était certaine, elle l'avait aperçu, à travers le judas, sortir avec son sac de sport. Dans la foulée elle balança l'adresse du club. Efficace, la donneuse ! Maugin la remercia puis décampa.
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A vrai écrire, Dalil était à l'adolescence de la vieillesse, il entrait dans sa soixante et unième année, mais il en faisait 51, et il s'en foutait éperdument. "Comment peut-on ressembler à un chiffre ?" avait-il l'habitude de répondre à ceux qui le saupoudraient d'un tel compliment. Cette illusion physiologique était principalement due à deux attraits de son physique : sa ligne et ses cheveux. En effet, il était grand, fin, droit et dépourvu de ce bide qui fait rapetisser et pencher en avant beaucoup d'hommes de son âge. Ses cheveux, eux, étaient certes complètement décolorés - et donc gris, - mais ils étaient abondants et ornaient jusqu'à la limite de ses tempes. A l'instar du bon vin, le charme de Dalil se bonifiait avec les années.
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- Vous dites que le transhumanisme est l'avenir de l'Homme ! D'après ce que j'ai compris de votre excellente explication, je pense que c'est l'avenir de la machine dont il s'agit, parce qu'avec une telle doctrine, ce n'est pas la machine qui, petit à petit, deviendra homme, mais c'est l'homme qui se transformera en machine. Et c'est bien la victoire finale de cette dernière…
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