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Critique de Daniel_Sandner


Retour de lecture sur "Le quatrième mur" , roman de Sorj Chalandon, publié en 2013. Ce livre, qui a remporté le prix Goncourt des étudiants, raconte l'histoire d'un metteur en scène qui, pour tenir une promesse faite à un ami mourant, décide de monter une pièce de théâtre, en l'occurrence "Antigone" d'Anouilh, dans le Beyrouth en guerre du début des années 80. le livre commence par un portrait de ce metteur en scène et personnage principal, Georges. Il montre à travers lui le contexte politique et le militantisme de ces années, avec cet homme d'extrême gauche enfermé dans ses positions dogmatiques, sa violence, et qui est souvent très déconnecté des causes qu'il défend. Suite à la promesse faite par cet homme de monter la pièce de théâtre, le roman prend une toute autre dimension avec une plongée terrible, et particulièrement poignante dans ce Liban en guerre pendant les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila. Ce livre dénonce la stupidité de cette guerre avec toutes ces fractions qui se battent entre eux, mais également la cruauté de celle-ci qui s'attaque sans scrupules à des victimes civiles. On assiste là à l'auto-anéantissement de tout un peuple. le tout est d'une rare violence, mais également d'une grande beauté. Sorj Chalandon a été reporter de guerre au Liban à cette époque et cela se voit. L'histoire, même si c'est une fiction, est racontée avec un réalisme extrême, cela transpire le vécu à chaque page. Chalandon est un conteur hors pair, la construction du roman est particulièrement intelligente avec cette juxtaposition de la pièce d'Anouilh et de cette guerre atroce et stupide. Que ce soit dans la pièce de théâtre ou dans le Beyrouth en guerre, tout le monde est perdant à la fin, il ne reste plus que des ruines et des morts. Chaque acteur de la pièce est justement issu d'une des communautés participant à cette guerre au Liban: chiites, palestiniens, druzes, chrétiens, phalangistes. le témoignage de Chalandon est bouleversant, avec une écriture particulièrement bien adaptée à ce récit. le rythme est nerveux, chaque page est un coup de canon qui nous enfonce un peu plus dans l'horreur de cette guerre. On sort de cette lecture abasourdi et épuisé. Un très beau livre.
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