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Critique de livrevie


Dans le monde du spectacle, le quatrième mur est ce mur imaginaire qui sépare les acteurs du public, ce mur qui sépare l'univers que l'on joue, dans lequel on s'immerge, de la réalité, ce mur qui protège de la beauté mais aussi de la laideur du monde.

Jusqu'à maintenant, ce que j'avais pu lire de S. Chalandon avait été synonyme de « claques ». Au pluriel. Profession du père m'avait bouleversée, Mon traître m'avait embarquée et avait fait vibrer mon âme.

En attaquant le Quatrième mur, je m'attendais à ressentir la même chose. Tout de suite. Dès la première page. Mais ce ne fut pas le cas. Alors le scepticisme m'a gagnée. L'aspect politique, déjà présent dans Mon Traître et dans Profession du Père était là. Encore. J'avais du mal à voir où l'auteur voulait en venir, je peinais à m'attacher à ces personnages qui évoluaient sous mes yeux.

Et puis, d'un seul coup, sans que je m'en rende compte, j'ai basculé.

Je crois que d'une certaine façon, j'ai franchi le quatrième mur qui me préservait de la réalité du roman, un peu comme Georges qui franchit ce mur et voit. Enfin. Il ouvre les yeux sur Beyrouth.

Les mots ont décollé, ont pris leur envol, et la claque m'a percutée. Enfin non, pas une claque. Un coup de poing, un vrai. Un choc littéraire qui foudroie le coeur. Parce qu'il ne peut en être autrement.

Je suis admirative de la plume de M. Chalandon qui est capable d'insuffler une telle force à son récit. Evoquer la guerre, les bains de sang, le pari fou de faire s'allier, pendant une pièce de théâtre, des ennemis mortels est une tâche difficile, complexe, délicate. S'allier pour oublier les divergences religieuses ou politiques, dresser un quatrième mur, symbole de ce que devrait être l'Humanité.

Dans ce récit, pas de fioritures, pas de faux ornements. L'essentiel, juste l'essentiel. Comme cette humanité après laquelle court le narrateur, cette quête de l'Homme. Et sans m'en rendre compte, j'ai pleuré dans cette salle d'attente. J'ai pleuré pour Imane, j'ai pleuré pour Louise, pour Samuel, pour Georges, pour les autres. le quatrième mur ne me protégeait plus et la réalité explosait, tout comme les bombes qui s'abattaient sur Beyrouth. J'ai pleuré pour Antigone, je me suis replongée dans le texte d'Anouilh inséré par bribes dans le récit, parce que cette histoire est universelle et que le symbole est beau.

Quelle habilité pour parler de l'horreur qui dévore les entrailles...
Quelle habilité pour parler de l'inhumain...
Et quelle habilité pour parler de frères, d'amour au-delà des différences.


Et la déception s'est envolée pour faire place à un profond sentiment de gratitude. Que les mots peuvent être puissants...
Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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