Il y'à deux ans, j'ai vu pour la première fois le film "Ete 85", réalisé par
François Ozon, sur un coup de tête, sans aucune bonne raison, et j'en suis ressortie tremblante, les larmes aux bords des yeux, le coeur au bord des lèvres, avec la sensation d'être en vie. le film m'a touché d'une façon que peu de films ont fait, alors la lecture de cette oeuvre, dont le film est tiré, était inévitable. le titre original du roman "Dance on my grave" (un titre parfait, si l'on me demande mon avis), est traduit en français par "La danse du coucou" (inexplicable), qui deviens suite à la sortie du film, "été 85". J'aimerai pouvoir être très objective dans mon analyse de ce livre, mais malheureusement, les images du film que j'ai vu un bon nombre de fois, défilent devant mes yeux à chaque page, chaque phrase, chaque mot. La manière dont ce livre est écrit est un peu particulière. Il est le témoignage d'un garçon de seize ans, qui tente d'expliquer ce qui lui est arrivé. Pour être même plus précise, qui tente d'expliquer comment il s'est retrouvé à deux heures du matin, en train de danser sur la tombe du garçon qu'il a le plus aimé. Ce qui m'avais plus, dans le film de
François Ozon, plus que la beauté des scènes, ou l'histoire, c'était la poésie. La poésie de la narration d'Alex, Hal, fasciné par la mort, qui connaît le même été son premier amour et son premier cadavre. C'est cette poésie là qui m'a poussée à acheter le livre, c'est cette poésie là qui m'a porté tout du long. Pas seulement une poésie des mots, qu'Alex manie et maitrise maladroitement, mais aussi une poésie des idées, une poésie des images. Danser sur une tombe, rire au nez de la mort toute puissante, s'enfuir, compter le temps avec nos morts et rattraper la vitesse, c'est de cela dont je veut parler. La poésie des idées. Ce n'est pas vraiment une histoire d'amour, même si s'en est une inévitablement. Il serais réducteur de qualifier Eté 85 de romance. Après tout qu'est ce que l'amour quand on est adolescent ? Qu'est ce que l'amour quand on y connait rien ? Hal le dit de la façon la plus simple qu'il soit "Je l'aimais autant que je croyais connaître le sens du mot". Ce n'est pas non plus un roman LGBT, car le fait qu'ils soient tout les deux des garçons n'est jamais discuté dans le roman, l'information est factuelle, ils s'aiment et c'est tout. C'est un roman de vie, avec un traitement tout particulier, du à l'écriture hésitante et au fonctionnement étrange du cerveau d'un adolescent. Les mots picotent, pétillent, on les relis jusqu'à en saisir leur délicatesse et leur beauté. Parfois on ne comprends pas, parfois les pensées sont trop confuses. Mais ce n'est pas ça qui compte. Ce qui compte c'est la poésie de ce roman, le poésie pure, franche et compliquée, qui nous est raconté d'une telle façon que je n'ai pu que m'extasier. C'était si beau, je me suis dis, à la fin du film. C'était si beau, je me suis dis, à la fin du livre. Eté 85 m'a donnée envie de rire, de pleurer, et d'écrire de la poésie. Eté 85 m'a rappelée à quelle point la vie est dure, passionnante, malheureuse mais surtout belle. Belle à en mourir.