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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"La célébrité vous donne l'impression que tout le monde vous connaît, mais en réalité, vous ne connaissez personne."
(C. S. Chaplin, "Ma vie")

Il y a des livres qui sont comme un bain brûlant. Il est difficile de rentrer dedans, mais une fois que c'est fait, on y est très bien. Puis il y a des livres qui ressemblent à une baignoire remplie d'eau tiédasse : on ne ressent pas grand-chose, ce n'est pas désagréable, mais finalement même pas rafraîchissant.

Je ne sais pas au juste ce que j'attendais de ce récit de Charlie Chaplin. Le Figaro magazine le qualifie, sur la quatrième de couverture, d'un "document jouissif"... vraiment ? L'ont-ils seulement lu ?
Les films de Charlot sont jouissifs; souvenez vous du "Kid", des "Temps modernes" ou du "Dictateur". Mais on ne peut pas exiger une parfaite polyvalence à chaque fois, et Charlot-cinéaste n'est pas Chaplin-écrivain, dont le texte est aussi "jouissif" que l'écran d'une télé éteinte.
Vous vous attendez à un livre pétillant rempli d'anecdotes et des situations drôles vécues pendant ce "tour du monde", mais en vain. Dans un style assez plat, le même scénario se répète ad infinitum : arrivée, foule, ovations, dîners, banquets, rencontres avec des personnages célèbres, départ vers la prochaine destination. Mais toutes les bulles s'échappent juste après l'ouverture de ce Schweppes littéraire. Après tout, what did you expect ?

Le Figaro a raison au moins sur un point, et c'est celui du "document". Vous entrerez dans le monde des années 30 avec son lot de personnages incontournables de la "haute", mais aussi de ses hommes politiques, écrivains et artistes. Et vous allez découvrir un autre Charlot : un petit gars de rien du tout qui est subitement devenu très riche et immensément populaire. Il se délecte de cette nouvelle popularité autant qu'il la déteste, l'anonymat est impossible, et les moments d'autosatisfaction alternent avec des moments de lassitude, et la crainte de ne pas être à la hauteur. Comme il le dit lui même, son souci principal est de "faire bonne impression".
Son voyage commence en 1931. Après avoir fini le tournage des "Lumières de la ville", il a besoin de se reposer. le retour dans son Angleterre natale devient un périple de seize mois en Europe et en Asie. Adulé par les foules partout où il débarque - France, Allemagne, Italie... jusqu'au Japon ou Bali - il côtoie la crème de la société et un tas d'hommes célèbres. Les descriptions des lieux pourraient être intéressantes, mais elles ne le sont guère, et c'est malheureusement un peu la même chose pour ses rencontres avec Churchill, Einstein, Gandhi, Shaw, Dietrich, Maeterlinck... on espère beaucoup, mais on a souvent droit qu'aux opinions politiques de Charlie et aux quelques pensées profondes qu'il a réussi à placer. Il va skier avec Douglas Fairbanks (il ne sait pas freiner, mais apprend vite), chasser en Normandie avec le duc de Westminster (le cheval lui fait mal aux fesses), mais on attend toujours quelque chose qui ne vient désespérément pas. Peut-être juste ce détour par Bali, qui vous donne envie de tout plaquer pour aller vivre à Bali, mais cela ne suffit pas pour sauver le livre.
Et vous gardez toujours cette arrière-impression que même si Charlie affirme souvent le contraire, il aime bien parler de sa réussite, comme si un autre personnage était caché derrière cet humble et sympathique Charlot qui vous raconte ses voyages. Mais c'est peut-être propre à tous ces "petits gars" qui ont réussi à faire une carrière, et on peut parfois comprendre sa lassitude, si on la compare à la notre, générée par le récit de ses aventures.

Le livre n'est pas complètement sans intérêt, mais tout va trop vite, en effleurant seulement la surface. Charlie Chaplin avait une vie mouvementée, comme vous l'apprendrez facilement dans n'importe quelle biographie sur le web, et finalement, ce livre n'a pas vraiment aidé à me rendre sympathique Chaplin-homme.
Heureusement qu'il y a toujours Charlot avec sa moustache, son gros pantalon et ses films, même si j'ai toujours préféré les gags de Buster Keaton. Dommage. 2,5/5
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