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Critique de Dez54


Dez54
27 février 2022
Avec le Grand Récit, l'historien Johann Chapoutot nous interroge sur le "sens" de l'histoire... Disons plutôt, leS sens puisque cet essai, publié en septembre dernier va revenir sur différents récits qui ont structuré les époques, les civilisations (occidentales), les idéologies.


Ce n'est pas la première fois que Chapoutot s'intéresse à l'imaginaire, aux idées davantage qu'aux faits. Dans ses autres livres, il s'est intéressé à la "culture" national-socialiste, à sa vision de l'Histoire, son imaginaire. Ici l'historien, nous parlera bien sûr de son domaine, l'imaginaire nazi (de façon plus succincte et moins approfondie que dans La loi du sang : Penser et agir en nazi) mais tout autant de la vision marxiste de l'Histoire, du providentialisme ou encore de la "fin de l'Histoire" (pour reprendre la fameuse expression de Francis Fukuyama) et bien d'autres. On pourrait croire que, la vision d'un sens de l'Histoire a aujourd'hui disparue du monde contemporain : J. Chapoutot nous démontre, s'il le fallait, que non. Complotisme, Déclinisme, Messianisme politique ne sont pas des inventions récentes mais prospèrent aujourd'hui.


Le résultat : un peu plus de 300 pages passionnantes qui reviennent sur les visions historiques qui ont marqué notre époque et le siècle précédent. Johann Chapoutot écrit bien et nous sort des sentiers battus avec une approche spécifique et un sujet original. Loin d'être des considérations abstraites, ces grands récits modèlent notre monde et ont des conséquences très concrètes (sur l'économie, les politiques publiques, la géopolitique, les guerres, etc.). Cet essai est tout à fait aisé à lire, l'historien nous donne des clefs pour mieux comprendre L Histoire et le point de vue de ses acteurs mais aussi pour nous permettre de prendre un peu de recul vis-à-vis de notre monde contemporain et des discours idéologiques souvent assenés comme des évidences.

Au fur et à mesure que l'on prend conscience de l'ampleur du sujet, on s'aperçoit de la principale limite du livre : quelques centaines de pages ne peuvent être suffisantes pour faire le tour d'un aussi vaste sujet. L'auteur en est conscient et limite le champ de l'ouvrage : Il ne s'attarde que sur un nombre relativement restreint de « récits » et privilégie les plus modernes (Généralement il ne remonte guère plus loin que les années 20) et ceux du monde occidental. A partir de là, bien d'autres « récits » sur lesquels j'aurais aimé m'attarder ne sont que brièvement évoqués (déclinisme romain) ou ne sont pas mentionnés (millénarisme, colonialisme civilisateur, positivisme etc.).


J'avais déjà beaucoup apprécié La loi du sang : Penser et agir en nazi de cet auteur, je vous recommande également le Grand Récit, un essai bien écrit que j'ai trouvé stimulant et édifiant.
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