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Critique de Roberte53


Dans cette autobiographie, Madeleine Chapsal nous livre ses états d'âme, ceux d'une jeune et jolie bourgeoise de bonne éducation qui fait un jour la connaissance de Jean-Jacques Servan-Schreiber, un jeune homme de bonne famille, et en tombe éperdument amoureuse... Tous deux sont issus de familles fortunées et ont été élevés dans des cocons familiaux, bien douillets, baignant dans le luxe et les dorures d'une bourgeoisie de classe sans jamais avoir eu à souffrir des affres de la guerre. Nés avec « une petite cuillère d'argent dans la bouche » et profitant de tous les avantages liés à leur caste, les tourtereaux se fiancent, puis convolent en justes noces en 1947, se jurant fidélité pour le meilleur comme pour le pire….
Professionnellement parlant et bien qu'il s'en défende, ce couple « boboïsé » prétend vouloir porter les valeurs anticonformistes d'une gauche populaire et sociale à laquelle ils se rallient tous deux, sans grand succès il est vrai, incarnant déjà cette « gauche caviar » qui n'a jamais cessé de se développer depuis et pousse le vice de nos jours, jusqu'à instrumentaliser la misère.

Serti dans un écrin d'or et d'argent, le témoignage émouvant de l'auteure reflète la grande douceur et la profonde sensibilité, voire l'incroyable naïveté d'une femme-enfant qui a bien du mal à se libérer de la soumission au patriarcat, encore très prégnant à cette époque, notamment dans le cercle très fermé de la bourgeoisie de classe.
Très fortement « corsetée » dans l'entre-soi de la haute société dans laquelle elle évolue, Madeleine se voue, comme il se doit, corps et âme à son mari, se pliant à toutes les exigences de l'irrésistible, l'attirant, l'ambitieux, l'impérieux et l'impétueux JJSS auquel rien ne résiste, et surtout pas les femmes. JJSS est un homme jeune et visionnaire, il ose tout et se lance dans le journalisme comme en politique, entraînant dans son sillage une Madeleine qui lui sert, sans broncher, aussi bien de « petite main » pour rédiger des chroniques littéraires dans le magazine « L'Express » que de « potiche » lors des réceptions et des dîners officiels. On dit souvent que l'amour rend aveugle…
Et pourtant, le bonheur de cette existence, en apparence facile, se révèlera éphémère… Par malheur, Madeleine est stérile et ne donnera pas à JJSS la descendance, tant espérée. Trompée, humiliée mais jamais oubliée, elle vivra dans son ombre, le soutiendra en permanence et le vénèrera sa vie durant jusqu'à considérer comme « siens » les quatre fils qu'il aura avec Sabine de Fouquières, sa deuxième épouse et avec laquelle elle entretiendra de bons rapports.
En véritable sainte, Madeleine Chapsal n'a jamais su dire NON ! Il est vrai que c'était une autre époque où les femmes ne se posaient pas encore de questions existentielles…

Cette bourgeoisie « très vieille France » me rappelle le thème du roman d'Emile Zola « La Curée » dans lequel Renée sert les intérêts de son mari Aristide Rougon, mais reste davantage convoitée pour son physique que pour son esprit et son intelligence.
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