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Roman d'exil et de d'espoir, Nafar est celui qui n'existe pas, un étranger, un sans-droit. Ni ici chez lui, ni là-bas, Nafar est un mouvement, un migrant. Premier roman bouleversant, éternellement entre deux rives, Nafar est sur celle du fleuve Meriç qui sépare l'Europe de l'Orient, entre désir de départ et peur de l'avenir.

C'est une étendue d'eau fragile et puissante, «  rivière-frontière, rivière-geôlière  », le Meriç qui sépare la Turquie de la Grèce, entre un Orient perpétuellement agité, et une Europe de réputation apaisée et synonyme de liberté. C'est un homme seul qui se trouve devant ce fleuve-barrage. de lui, on ne connaîtra jamais le nom, seulement ses intentions : fuir la dictature qui ravage son pays, la Syrie. Parti sans destination prévue, c'est un exil désespéré qui le mène, un peu par hasard et beaucoup par nécessité, jusqu'à cette rivière sauvage et menaçante, car ultra-surveillée. Ce n'est pas le risque de mourir qui l'effraie, mais celui de se faire attraper.
C'est une femme qui nous narre son périple, devant ce fleuve miroir du destin. On ne connaîtra que peu à peu ses liens avec l'homme en danger, par lesquels Mathilde Chapuis tisse un récit subtil et touchant, «  au plus près des obsessions de ceux qui n'ont d'autre choix que l'exil  ». À la confluence des civilisations, son roman prend un tour géopolitique et humain bouleversant.
« Dans nafar, j'entends effort. J'entends départ, j'entends hagard et blafard, j'entends rafale et rafler, érafler. J'entends noir, j'entends Na ! et fort, j'entends naïf, phare et far west. Dans nafar, il y a le héros et l'héroïne, il y a le sacrifice et la peine, il y a la frousse et l'ardeur. C'est le souffle du vent, c'est l'élan continu. C'est aussi l'empreinte de dents serrées sur le cours de l'Histoire. C'est le prix de la lutte. »
Nafar, symbole des opprimés en quête de liberté, agite un drapeau de paix sur un sujet brûlant d'actualité. Un premier roman sensible et convaincant.
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Routarde française à l'esprit d'aventure, la narratrice de passage à Istanbul s'y éprend d'un Nafar : terme arabe signifiant « qui a tout perdu, qui n'est plus rien » et désignant les migrants. L'homme a fui la guerre en Syrie et le régime de Bachar el-Assad, et multiplie les tentatives pour passer en Europe afin de rejoindre le pays de cocagne que lui semble la Suède.


L'absence de prénoms et la seule utilisation de « je » et « tu » pour désigner la narratrice et le réfugié syrien a pour effet d'instaurer une connivence entre eux deux et aussi le lecteur, tout en gardant suffisamment d'anonymat pour donner au récit une portée générale : cet homme est un parmi tant d'autres, pris au hasard des hordes qui, tout au long de l'Histoire, ont transité sur les mêmes routes, et pour les mêmes raisons, entre l'Asie et l'Europe.


Tout le récit se trouve contenu dans une attente fiévreuse, meublée d'incessantes tentatives de départ, coûteuses, dangereuses, rarement couronnées de succès, mais toutes tendues par un espoir insensé devenu raison de vivre parce qu'il ne reste que lui pour ne pas sombrer dans le néant : néant d'un passé détruit qu'il vaut mieux oublier, néant d'un présent vidé de sa substance par la perte d'identité. Ne demeure que le rêve d'un futur idéalisé, dont seuls la narratrice et le lecteur savent la cruelle illusion.


Tout en pudeur, sans commentaire ni parti pris, le texte émeut par l'impression qu'il donne de voir errer des âmes encore inconscientes de leur presque mort, d'assister au ballet aveugle de papillons attirés par la lumière, aussi trompeuse qu'inaccessible, qui brille derrière la vitre : tant d'efforts et d'obstination pour une étape supplémentaire d'un trajet, probablement vers une autre chambre de l'enfer…


Ce livre qui suspend le temps en une parenthèse encore pleine d'espoir, entre un avant terrible et un après rêvé paradisiaque, vous laisse le coeur serré pour tous ces hommes et femmes qui, même s'ils parviennent à destination, ne seront pas au bout de leur peine…

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Nafar, c'est un mot arabe pour décrire celui qui quitte sa patrie, il est désormais utilisé de façon un peu péjorative pour parler du migrant.

Et c'est ce mot qui est utilisé pour qualifier le personnage principal du premier roman de Mathilde Chapuis, qui se place dans la tête d'un exilé syrien qui s'apprête à traverser le fleuve du Meriç, le fleuve-frontière qui sépare l'Orient de l'Europe, qui l'amène de la Turquie à la Grèce.

On ne connaitra jamais son nom de cet homme forcé de quitter cette Syrie en guerre et sa tragique et périlleuse épopée est racontée par une témoin mystérieuse dont on connaîtra les liens avec l'auteur que plus tard dans le récit, construit sous la forme d'un puzzle.

Le texte est à la seconde personne du singulier, on s'apercevra plus tard dans le récit qu'il s'agit de la compagne de cet exilé, qui tisse le fil délicat d'une traversée périlleuse, mélangeant souvenirs de leurs histoires et parcours présent, et on voit à quel point cette jeune femme se sent impuissante face au désarroi de l'élue de son coeur.

L'approche humaniste et singulière de l'auteure permet d'aborder cette épineuse question de l'exil en posant un regard différent de celui des médias, plein de pudeur et de sensibilité.

Un beau texte, pudique et délicat, salutaire et ambitieux...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le héros de Mathilde Chapuis est un « Nafar ».
L'un de ces êtres que nous appelons immigrés, réfugiés, migrants lorsque nous sommes animés de bienveillance et de pitié à leurs égards, ou d'indésirables à chasser du territoire lorsque notre égoïsme et notre indifférence prennent le dessus.

Ce Nafar à qui Mathilde Chapuis n'a pas donné d'identité tente depuis Istanbul
de traverser le fleuve Méric pour gagner la Grèce et l'Europe.
Il est seul, en proie à la peur, au froid, à la faim, tapi dans les fourrés espérant se rendre invisible aux yeux des gardes turcs.

Son histoire nous est racontée par une mystérieuse narratrice, qui l'observe. D'espoir, en désillusion elle met les mots sur une souffrance absolue que nous ressentons d'autant plus qu'elle s'adresse à lui en lui disant « Tu », ce qui nous le rend plus proche.
“J'observe, je consigne et j'invente. J'agis en sorcière, en déesse ou en fée. Je te porte de toute la force de mon esprit, j'influence le déroulement de ton trajet […] Mes mots ont le pouvoir de conjurer le mauvais sort, ils consolent, ils sauvent in extremis, ils écartent le danger.”

Le récit est entrecoupé de souvenirs du temps où Nafar avait une vie heureuse en Syrie, jusqu'à la guerre et l'exil.

Ce premier roman est étrange et déroutant, je me suis parfois perdu gênée par le manque de temporalité. Par contre j'ai aimé l'écriture bouleversante d'émotion retenue grâce à laquelle Mathilde Chapuis nous conduit au plus près
des obsessions des exilés pour un Eldorado européen.
Une belle lecture dont on ne parle malheureusement pas beaucoup dans les médias.
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Réaliser en lisant les critiques déjà publiées que des mots reviennent déjà pour parler de ce livre.

Quel bonheur, réel, de lire les premiers mots publiés d'un auteur. Quel bonheur de découvrir cette année qu'ils sont encore plus nombreux pour la rentrée littéraire, les premiers romans. Un voici un en particulier qui fait partie de mes premières très belles lectures de cette rentrée.
Un texte en deux temps, à deux voix et presque trois personnages : la narratrice, le migrant ou Nafar ce mot arabe qui désigne celui qui quitte sa patrie et le monde actuel, incertain mais qui nourrit toujours tant d'espoirs des uns et des autres. Une première partie au ton plus distant, comme pour délicatement poser ce qui est parfois indicible, dur, les raisons de l'exil mais surtout l'attente, les tentatives avortées…. Une seconde partie qui souffle tout, chamboule tout ; on change de pronom, c'est plus frontal, la relation entre les deux personnages est développée, les émotions plus fortes ! On ressent tout : le froid, la peur, l'humidité, les fourmis dans les jambes, l'adrénaline quand la décision est prise, l'importance du paysage. La proximité entre les deux personnages est belle, forte, tout en nuances : construite progressivement, comme un puzzle au fur et à mesure de la lecture.
J'ai vraiment été marquée par l'écriture : chaque phrase est à sa place, le texte prend de l'ampleur, toujours dans le mouvement ! Je me répète, mais c'est beau, délicat, sensible, nécessaire, important ! Je lis beaucoup de textes ces derniers temps sur cette partie du monde, souvent par des auteurs de ces pays, pas toujours ! Je poursuis ainsi ma découverte d'un coin de notre monde si loin des clichés véhiculés par certains médias, si complexe, si riche.
Et merci aux éditions Liana Levi : pour la deuxième année consécutive, un de vos premiers romans m'attrape. L'année passée, j'étais ainsi entre Guadeloupe et France avec Là où les chiens aboient par la queue, et cette année entre Turquie et France. Des textes que l'on aime rapidement, que l'on défend longtemps !
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Ce qui m'a tout de suite marqué c'est le style poétique de l'auteure pour décrire la Turquie, c'est beau et ça ne donne pas envie d'y aller car on y est transporté à travers ses mots. Nafar est un migrant qui tente de passer du côté de la Grèce pour rejoindre l'Europe, le Mériç est le fleuve qui sépare l'Orient de l'Europe, c'est une barrière visuelle très forte pour le lecteur, un simple fleuve partage les rêves et les espoirs tandis que l'autre rappel l'exil. Utiliser une narratrice est originale, elle ne parle pas directement à Nafar, elle expose l'histoire d'un homme perdu mais au destin riche en péripéties. J'ai aimé ce ton, cela donne beaucoup de recul sur ce que j'étais en train de lire.
Il y a beaucoup d'émotions dans ce premier roman, dès les premiers chapitres on a l'espoir, la peur, l'amour un petit peu, les chapitres sont très courts et donne beaucoup de rythme et c'est tant mieux, je préfère plutôt qu'un roman sans séparations qui l'aurait rendu lourd.
On apprendre beaucoup aussi sur le régime de Bachar Al-Assad mine de rien, le but n'étant pas uniquement de dénoncer mais de suivre du regard un destin, celui de Nafar comme tant d'autres avant et après lui.

On passe pas loin du coup de coeur pour ce premier roman, c'est une réussite totale, la poésie, l'intrigue, la vision si particulière qu'on a de suivre ce Nafar, le rythme, rien n'est à jeter.
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Un premier roman qui n'en a pas l'air !

Le livre débute par la description d'un homme, caché dans les fourrés, qui cherche à traverser le Meriç, le fleuve-frontière entre la Turquie et la Grèce. le froid, la faim, l'impatience. Par bribes, la narratrice nous explique comment cet homme en est arrivé là, sa vie tranquille dans une petite ville syrienne et ses contacts pour obtenir des informations sur la manière d'entrer en Europe. Elle nous dévoile aussi ce qui se passe plusieurs mois après ces quelques heures face au fleuve : leur rencontre à Istanbul, sa vision de cet homme déchu mais résolu à retrouver une vie digne et ses continuelles tentatives de pénétrer le continent si désiré.

Le récit suit donc différentes bulles temporaires, mais je n'ai jamais été perdue. On a l'impression d'une grande sincérité de l'autrice-narratrice, qui décrit précisément ce qu'elle a vu elle-même, qui indique quand il s'agit de souvenirs racontés par son compagnon, etc. C'est une vraie expérience de lecture, qui mêle récit, impressions, souvenirs, réflexions…

Ce fut pour moi une lecture spéciale, puisque je connais un peu l'autrice et son histoire. Je suis donc à peu près certaine de la véracité des faits, qui ont peut-être été romancés pour les besoins du roman, mais rien de plus. Je sais que cet homme a réussi à passer en Europe et je ne peux qu'espérer qu'il y a trouvé ce qu'il cherchait.

Ce roman fait partie de ceux qui nous offrent une salutaire vision d'une réalité que l'on n'a pas sous les yeux, avec ceci de plus que la plume se veut poétique, onirique, et que cela fonctionne vraiment bien, ce n'est pas trop lourd vu son faible nombre de pages.

Je vous recommande absolument ce livre, en particulier si vous aimez les romans qui ne sont pas « que » constitués d'une histoire et si vous êtes sensibles aux belles plumes…

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Ce premier roman est un portrait à trois facettes. Il y a la narratrice, le migrant – le « nafar » et le territoire, ce monde actuel, traversé et entaché de rêves et d'espoir. C'est à travers le parcours sensible et physique du nafar que nous découvrons les deux autres facettes. Construit en deux parties, le roman instaure un ton très distant dans les premiers chapitres. le nafar est insaisissable, mû par un désir de vie et de survie. La narratrice semble le suivre à la trace, dissertant sur l'inconscient du réfugié. La seconde partie chamboule tout. En passant à la première personne mais plus encore en abordant frontalement le vrai sujet de son texte – le territoire, le rapport à la Terre, au paysage, Mathilde Chapuis développe une émotion absolument captivante. Sa narratrice explore son point de vue occidental sur l'exil. Cette femme par sa proximité avec le nafar porte en elle tous les espoirs de la liberté, celle dans laquelle elle a grandi et dont elle défend toutes les nuances. Que ce soit en puisant chez Ulysse ou en questionnant la géographie, elle nourrit un amour pour cet homme en quête de vie. Par son imagination, sa culture et sa conviction propre, elle nous conte le récit de cet exilé. Ce voyage dont la véracité ne repose que sur la croyance est bouleversant. Derrière chaque phrase, on ressent la force de la narratrice, cette femme convaincue qu'un ailleurs est possible. Ainsi, après une première partie assez réservée, le texte prend une réelle ampleur, celle du voyage forcé, l'exil, ce mouvement oublié par les Occidentaux qui ont gagné la sédentarité avec le confort capitaliste.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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Dans la nuit noire,un réfugié syrien se prépare pour traverser le Mériç (la Maritza de Sylvie Vartan ),fleuve qui sépare la Turquie et la Grèce. Il espère aller en Suède,commencer une nouvelle vie la bas.Vous avez compris,ce livre raconte le périple d'un migrant.
J'ai saisi des le début du récit,qu'entre la narratrice et le "nafar" (en arabe,signifie exilé économique,un sans droit) il y a une relation exceptionnelle, un lien intime.
Justement,si on connait les détails de cette expédition dangereuse,de la vie que ce nafar menait avant d'être un migrant,c'est grâce a la narratrice qui semble être omniprésente et suit notre homme avec délicatesse, mais surtout avec amour,car avant tout elle est une femme amoureuse.
On connaîtra la faim,la soif,le froid, la peur,toutes ces émotions qui les traversent eux,l'un pour de vrai,l'autre par procuration...
La seule chose qui pourrait être perturbante dans ce récit c'est ce va et vient entre présent et passé,qui peux déstabiliser parfois le lecteur.
S'il y a une chose a retenir sur ce livre c'est la beauté de la plume.
Une écriture toute en poésie,complice,impatiente, touchante, bouleversante,sur un sujet fort...l'exil,un choix forcé.
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Nafar est un terme arabe pour parler de migrant mais de manière très péjorative.
La narratrice nous conte l'histoire d'un migrant syrien de Homs et qui tenait un café qui a été détruit.

Un de ses amis est mort pendant une manifestation également.
Le style de l'autrice est prenant, plein de mythe sur la Turquie la Meriç qui sépare la Turquie de la Grèce.

Le problème se situe pour moi dans la seconde partie car là on avance beaucoup moins on suit, imagine, le migrant essayant de franchir la frontière mais ses projets de nouvelle vie et l'histoire d'amour me semblent légères (il a de la barbe, il sent bon, il est beau, on ne parle que très peu mais qu'est ce qu'on s'aime quelle intensité...).
Je ne nie pas la possibilité de la chose mais je m'attendais à plus et cette seconde partie patine pour moi.

On est dans des terrains plus attendus.
Prometteur tout de même pour sa première partie, son style et le fait que ça reste un premier roman.
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