AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfanouche24


Choisi en fouinant dans une petite librairie indépendante " Anagramme" à Meudon- 16 juin 2022

Un très beau texte pétri de toutes les émotions, chagrins, blessures, petites joies et victoires d'un gamin qui ne comprend pas son exil ni celui de ses parents...et qui se bat comme il le peut , au jour
le jour !

Un auteur touchant, " écorché vif" dont j'ai lu en 1983 le tout premier texte " le Thé au harem..."; écrivain que j'ai retrouvé avec grande émotion.

L'histoire , en 1962, de ce gamin de 10 ans (l'auteur)...devant quitter son pays, sa langue, sa grand-mère Anna, ses copains..qui se retrouve perdu dans les bidonvilles de Nanterre, avec un père dépassé et écrasé par le travail de terrassier...et une mère submergée par l'exil et la tristesse...

Heureusement...il y a un instituteur épatant (tout comme celui extraordinaire, qui a sauvé "notre" Albert Camus....) bienveillant qui ouvre les horizons...et pousse " notre" auteur à mettre noir sur blanc, tout ce qui lui fait mal !

"- ( l'instituteur)
-Je vais te donner un petit carnet à spirales et un crayon. Tu noteras dessus tout ce qui te révolte, tu entends?
Je secoue la tête.
- Tes colères, tes tristesses, et comment elles viennent à toi, te prennent la tête, d'accord ?
- OUi, monsieur.

Devant le cahier que monsieur Raffin m'a offert pour que j'écrive ce qui me chagrine ou me rend jouasse, j'ai dit : - Je n'arrive toujours pas à rejoindre mes camarades de classe, ni à me mêler à leurs jeux pendant la pause.Je les regarde courir, sauter, se battre, rire...Quelque chose m'empêche d'aller à leur rencontre.C'est une chose qui rend lourd, triste. (...)
Monsieur Raffin :
- Il faut que tu lises, que tu écrives.
- Que j'écrive quoi ?
- Ce qui est lourd à penser dans tes souvenirs.
- J'ai l'impression que tout ce que j'étais avant d'être en face de vous m'a quitté, n'avait plus sa place ici...Le nouveau en moi ne sait pas par quoi commencer pour se construire, et sentir en lui la vie.( Pocket,2020, p.99)"

Et dans tout cela: la honte que ses parents ne sachent ni lire ni écrire mais aussi de les voir ainsi que lui- même, humiliés , en permanence...dans ce nouveau pays dit
"d'accueil"!!!

"Mes parents, nos parents n'ont pas toujours été ces gueules tristes et abîmées qu'on voit sur les photographies prises dans les années soixante devant les murs des bidonvilles de Nanterre et d'ailleurs...ils ont été gaillards, futés, enthousiastes, joyeux et jeunes."

Heureusement ...l'horizon s'illuminera grâce à ce gentil et énergique Monsieur Raffin...qui ne mâche pas ses propos mais encourage...grâce aussi aux mots, à la la lecture, à l'écriture...et grâce à cette distraction instructive et magique : le Cinéma !

Un récit qui prend à la gorge...qui heureusement offre aussi de belles rencontres : celle de l'instituteur, mais aussi celle d'une camarade de classe, de confession juive: Simone Haziza ; et les souvenirs heureux avec sa
grand-mère !

Et combien, nous sommes heureux, joyeux pour Medhi Charef d'avoir exercé des professions dans ses passions premières : l'Écriture et L'Image....en rendant un hommage démultiplié à son père...et à sa mère , dans une longue durée, pour soigner toutes les épreuves de l'arrachement à leur terre natale...et à la fois,pour tous les émigrés de la terre...!
Commenter  J’apprécie          452



Ont apprécié cette critique (45)voir plus




{* *}