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Critique de Aelinel


J'avais découvert Philippe Charlier à l'occasion d'un documentaire passionnant sur l'identification de la tête d'Henri IV puis lors de ses interventions dans des émissions de vulgarisation historique comme Secrets d'Histoire ou Sous les jupons de l'Histoire. Il avait également animé pendant deux ans une émission Enquêtes d'ailleurs que vous pouvez facilement retrouver sur Youtube. Son approche de l'Histoire sous couvert de la médecine légale (la paléopathologie) m'a d'emblée fasciné car je ne l'avais jamais étudié sous ce prisme. Aussi, ma lecture de son précédent opus, Quand la science explore l'histoire avait été un véritable coup de coeur! du coup, lors de la Masse critique de mars de Babélio (que je remercie au passage ainsi que les éditions Tallandier), il était donc inévitable que je choisisse Autopsie des morts célèbres. Malheureusement, ma lecture bien que passionnante a été l'objet de quelques petites déceptions, je vous explique tout en détail ci-dessous.

Au travers de vingt six chapitres de moins de dix pages en moyenne et classés selon les grandes périodes historiques (Préhistoire, Antiquité, Moyen Age, Époque Moderne et Contemporaine), Philippe Charlier propose un résumé rapide de ses articles publiés dans des revues scientifiques. Son idée est d'apporter un nouvel éclairage sur des corps humains : aussi, la paléopathologie a-t'elle permis d'identifier des restes humains (crâne d'Hitler), de reconstituer un visage (celui de « Marie-Madeleine »), de dévoiler une supercherie (l'homme préhistorique de Moulin-Quignon), de révéler les causes d'un décès (Balzac) de proposer de nouvelles hypothèses (Lucy) ou encore de faire la lumière sur l'état de santé d'un sujet (Chopin).

Pour commencer, cet ouvrage répond parfaitement à la tendance actuelle de la pluridisciplinarité de plus en plus prégnante en Histoire. Cela a pour effet de multiplier les sources sur lesquelles la discipline peut s'appuyer pour étendre ses champs de recherche mais aussi apporter un nouvel éclairage à des interprétations faites il y a longtemps, voire de les remettre en question! Ainsi, l'Historien ne compose plus seulement avec l'Economie, le Droit, la Sociologie, la Littérature, l'Archéologie ou l'Art mais fait désormais appel à de nouvelles disciplines comme la Paléopathologie (étude des maladies sur des corps anciens), la Dendrochronologie (étude des bois anciens), la Palynologie (étude des pollens), etc… En aparté, j'ai d'ailleurs été agréablement surprise d'apprendre que mon ancienne université en Sciences Humaines qui avait fusionné il y a quelques temps avec l'université des Sciences Fondamentales a décidé de regrouper sous couvert d'un nouveau département sur les Sciences de l'Homme, les langues, l'Histoire et… la Médecine!

Pour en revenir à Autopsie des morts célèbres, il s'agit d'un livre passionnant à lire. En effet, Philippe Charlier possède un style littéraire très simple qui lui permet de vulgariser efficacement son propos. Il fait également preuve d'une honnêteté intellectuelle : il n'hésite pas à être prudent (notamment dans le cas du soi-disant crâne de Marie-Madeleine, dans le chapitre 7) et à reconnaître les limites de sa discipline (dans le chapitre 22, Les descendants d'Hitler). Enfin, son approche est originale et m'a permis d'avoir de nouvelles connaissances dans le domaine de la Paléopathologie.

Malheureusement, quelques petits défauts sont venus perturber ma lecture :
– certains chapitres sont trop courts et peu développés (par exemple, le chapitre 2 Road momie, la momification en bref) : j'ai eu le sentiment de rester un peu sur ma faim et j'aurais voulu en savoir un peu plus.
– d'autres sont des redites par rapport au premier ouvrage Quand la science explore l'Histoire (par exemple, les causes de la mort de Diane de Poitiers, dans le chapitre 8 Quand l'anthropologie est tirée par les cheveux).
– le problème de classement dans les périodes historiques : je pinaille un peu mais le XIXème siècle fait partie de la période contemporaine. Les chapitres 16 (Chopin), 17 (Balzac) et 18 (L'homme préhistorique de Moulin-Quignon) auraient donc dû être classés dans la période contemporaine et non moderne.
– certains chapitres manquent de corrélation avec le titre du livre : par exemple, les chapitres 6 (La perception du corps féminin dans l'Antiquité grecque), 9 (Hôpitaux et hospices en Occident) ou 12 (L'art de la « bonne mort » dans l'Occident chrétien) ne sont pas des études de cas qui ciblent un personnage historique en particulier mais sont des sujets assez généralistes sur l'évolution d'une thématique. Bien que ces chapitres aient été passionnants, leur présence ne m'a pas semblé pertinente avec le reste de l'ouvrage.

En conclusion, ma lecture d'Autopsie des morts célèbres a été passionnante et instructive mais j'avoue avoir préféré le précédent opus de Philippe Charlier, Quand la science explore l'Histoire. En effet, les quelques défauts rapportés ci-dessus m'ont un peu déçue. Toutefois, cela ne m'empêchera pas de découvrir d'autres ouvrages de l'auteur comme le médecin des morts que je compte bien emprunter prochainement à la bibliothèque.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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