AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Vivre et penser comme des porcs (53)

On sait avec quelle fierté nos amis d’outre-Manche commentent les rares apparitions de Nessie, le célèbre serpent de mer du loch Ness. Ils nous envient pourtant les prestations de ce qu’ils appellent les French intellectuals en appréciant particulièrement celles de Jacques Attali, considéré là-bas – et même outre-Atlantique – comme une entité burlesque tout à fait hors du commun. Même en France, on salue la persévérance et l’audace de ce brillant conseiller d’État qui n’hésite pas à affronter les lourdeurs d’« une nation paysanne et étatique (étatique parce que paysanne) » et surtout à renoncer pour lui-même aux délices du nomadisme et de la mobilité, en végétant dans un « grand corps » pour devenir un des intellectuels-saltimbanques les plus zélés de la future neurocratie mondiale (cf. chapitre 5), stade avancé de l’ordre cyber-mercantile. À ces « qualités éthiques », Jacques Attali sait joindre des dons de puissant visionnaire, de Cassandre festive : voici six ans, c’est lui qui avait prédit l’arrivée de centaines de millions de « jeunes nomades vêtus de jeans, chaussés de baskets, un baladeur aux oreilles, libres dans leur tête ».

La commande sociale de l’Ordre cyber-mercantile est simple : comme les grandes villes d’autrefois, qui montraient un solide appétit pour les pauvres, il se montre très friand de tout ce cyber-bétail de « jeunes à baladeur nomades et libres dans leur tête » un peu râleurs mais au fond malléables, facilement segmentables en tranches d’âge et en « générations », et donc gibier sociologique idéal pour les modes. Mais il faudra bien sûr éviter le gâchis et se limiter strictement aux besoins de la future neurocratie et donc aux nécessités de l’embouche cybernétique : aller au-delà serait malsain, car veiller à la santé de chaque corps ou assurer une éducation soignée à chacun serait une atteinte à la liberté des cervelles et risquerait de compromettre l’« autonomie et l’autogestion » des unités du cheptel.

Rien de tel que l’automédication et l’auto-éducation du « do it yourself » pour mater toute cette masse à qui l’empiriste mercantile, désormais affecté aussi au dressage cognitif, prépare un destin de neurones sur pied : « Ces jeunes sont la matière grise de demain – qui devra être aussi performante que possible. Pour eux, le langage est un outil. Ils doivent apprendre à envoyer des messages simples et forts pour survivre dans le futur cyber-village. » (pp. 127-129)
Commenter  J’apprécie          10
"Nous ne nous sentons pas hors de notre époque, au contraire nous ne cessons de passer avec elle des compromis honteux."

G. DELEUZE, F. GUATTARI, Qu’est-ce que la philosophie ?

Cité par Gilles Châtelet dans sa préface

http://wp.me/p5DYAB-1r5
Commenter  J’apprécie          10
Rouler et foncer pour la démocratie-marché, incarner avec virilité ce que certains imbéciles appellent le "dynamisme de la société civile", fabriquer des centaines de millions de psychologies de rhinocéros et des réservoirs d'imaginaire pour les chefs de meute de l'individualisme de masse, tout cela est séduisant mais laisse encore beaucoup à désirer : les Robinsons à roulettes ne réussissent qu'exceptionnellement à émerger comme volonté politique.
Commenter  J’apprécie          11
Promouvoir un travail sans temporalité propre, totalement inféodé à la commande sociale – qu'elle vienne du fouet ou de la faim pour le travail-corvée ou d'une psychologie mutilée de cyber-zombie pour la Surclasse –, incapable de s'articuler avec une intensification de l'individuation pour de grandes masses humaines, bref, se contenter de faire proliférer les cas particuliers d'une espèce : serait-ce tout ce qu'il reste à espérer de l'humanité ?
Commenter  J’apprécie          10
Post-philosophes : Cartel d’intervention médiatique suffisamment audacieux pour avoir réussi à vendre la peau de l’ours sans même l’avoir tué (cf. leur livre culte : Marx est mort) et à convaincre que l’état de renégat pouvait être géré comme un excellent patrimoine. A joué un rôle déterminant dans la création de la Régie française des Jobards du Consensus rapidement connue comme la plus efficace des sectes ayant accouché de la Contre-Réforme libérale.
Commenter  J’apprécie          10
Aveuglé par son immense naïveté, l’ « anarchiste rationnel » a oublié qu’au paradoxe du marché parfait – « pas de concurrence en situation de concurrence parfaite »- répond celui de la communication parfaite : « La communication parfaite ne communique rien ! » Il rêve d’une expression si transparente et si pure que parler –et donc penser- devient inutile…sans se rendre compte qu’il ne fait que singer puérilement la fiction, chère à Walras, du marché parfait sans friction ni violence et de ses enchères qui pourraient rivaliser avec les soirées les plus élégantes.
Commenter  J’apprécie          10
« En-dessous de 100 000F par mois, il n’y a que des imbéciles. »

Un financier cité par Claude Julien, Le Monde diplomatique, avril 1995
Commenter  J’apprécie          10
Jeunes nomades, nous vous aimons ! Soyez encore plus modernes, plus mobiles, plus fluides, si vous ne voulez pas finir comme vos ancêtres dans les champs de boue de Verdun. Le Grand Marché est votre conseil de révision ! Soyez légers, anonymes et précaires comme des gouttes d’eau ou des bulles de savon : c’est l’égalité vraie, celle du Grand Casino de la vie ! Si vous n’êtes pas fluides, vous deviendrez très vite des ringards. Vous ne serez pas admis dans la Grande Surboum mondiale du Grand Marché… Soyez absolument modernes –comme Rimbaud-, soyez nomades et fluides ou crevez comme des ringards visqueux !
Commenter  J’apprécie          10
Selon lui [Norbert Wiener], d’ailleurs, deux diables mènent la danse : le Diable de l’imperfection, lié à « l’entropie naturelle » de l’Univers, sécrétant un « bruit de fond » selon des lois physiques connues, et un autre diable, le Diable numéro deux, bien plus terrible, du désordre et de la confusion des sociétés humaines, celui du « bruit de fond » fomenté par des hommes acharnés vicieusement à brouiller le langage et « à changer de force sa signification ». Ces entreprises pervertissent le langage, ruinant la jouissance paisible d’une communication « véritable ».
Commenter  J’apprécie          10
Pour Quételet, il y a une excellence de la moyenne comme telle, que ce soit dans l’ordre du Bon ou du Beau : le plus beau visage est celui qui s’obtient en prenant la moyenne des traits de la totalité d’une population, comme la conduite la plus sage est celle qui approche le mieux l’ensemble des comportements de l’homme moyen. La conclusion s’impose alors naturellement : les grands hommes, les « génies », sont ceux qui parviennent à incarner au mieux l’ « homme moyen », puisque ce dernier possède une capacité maximale pour concentrer et résumer toute une époque.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (161) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    851 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}