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Critique de Pois0n


Si les Abysses du Temps est composé de deux parties à l'origine vendues en romans séparés, on ne peut que saluer l'initiative de Pocket de les avoir rassemblés en cet épais pavé de 1149(!) pages! En effet, si la fin de la première partie est satisfaisante (quoique pas totalement fermée), la seconde ne pourrait exister autrement que comme une suite. Plus que des références, le requiem des Abysses est véritablement la conclusion, cette fois définitive, de l'histoire entamée avec Léviatemps. L'ensemble forme donc un tout, un long récit (presque) continu, à lire d'une traite.

Un petit mot pour commencer sur cette très belle édition poche qui justifie totalement son prix, outre par son épaisseur, avec une couverture satinée, gaufrée et aux reflets métallisés, ainsi qu'un petit encart photo au coeur du volume, pour mieux s'immerger dans le décor.
En revanche, avec un tel pavé au format poche, les longues sessions de lecture finissent par être douloureuses pour les doigts pour qui veut éviter d'abîmer la tranche! ^^

Les Abysses du Temps nous sont la plupart du temps narrés du point de vue de Guy de Timée, écrivain paumé ayant fui femme et enfant pour retrouver liberté et inspiration, que ses pas ont conduit au Boudoir de Soi, maison close de qualité devenue depuis son refuge. le meurtre barbare de l'une des filles sera le point de départ de son odyssée dans les tréfonds de la noirceur humaine, et du Paris en été 1900.

Guy est un personnage intéressant car très humain. Il assume ses peurs, ses faiblesses, parfois avec plus ou moins de réussite, et ne se ment pas à lui-même: sa croisade, il la fait moins pour la vérité que pour lui-même. Il peut donc apparaître égoïste par moments tant il est éloigné du héros de roman sans défaut, mais finalement, il ne l'est pas plus que nous tous. Bref, Guy est crédible. Imparfait, mais pas trop.
Autour de lui gravitent des personnages hauts en couleur, chacun pourvus de leur part d'ombre et de mystère. L'on ne sait jamais à qui se fier ou presque! Parmi ceux-ci, il y a bien évidemment Faustine, l'héroïne, une femme forte et battante. Dommage qu'elle soit malheureusement beaucoup moins mise en avant dans la seconde partie, et que
(spoiler) (fin spoiler)
Ce retrait profite à Maximilien Hencks, collègue écrivain de Guy et chasseur renommé, fort en gueule.
A ces deux duos d'enquêteurs s'adjoindront successivement Martial Perotti, jeune policier en début de carrière, et Rémi Leboueux, garde-champêtre de son état.

Bien que Maxime Chattam dresse une galerie de personnages fort étoffée, et que la plupart d'entre eux remplissent leur rôle à la perfection, on regrettera presque de ne pas davantage voir certains. L'auteur parvient presque à nous faire soupçonner tout le monde, et brouille habilement les pistes jusqu'à la toute fin de chacune des deux enquêtes. Chapeau bas à qui pourra se vanter d'avoir trouvé la solution avant!
Dommage en revanche que les deux enquêtes soient plutôt inégales. Si la première, rythmée, tient en haleine d'un bout à l'autre, la seconde, malgré son cadre champêtre dépaysant, convainc moins, la faute à un rythme beaucoup plus mollasson et un démarrage très très lent. La fin réhausse le niveau, mais bien trop tard...

Au moins l'auteur nous offre t-il un épilogue parfait, dans la lignée des petites réflexions parsemées tout au long du roman entre l'époque où celui-ci se déroule et la nôtre. de ce côté là, le pari est totalement réussi, la boucle est bouclée, le sujet du passage du temps magnifiquement bien traité, le sujet dépassant ainsi de loin le simple cadre du polar.

Niveau décor, Maxime Chattam fait le minimum lorsqu'il s'agit de décrire les lieux où se rendent ses héros, davantage porté sur les informations utiles. Mais grâce au cadre choisi, l'immersion se fait pourtant sans difficulté, les moeurs, les fiacres et les lampadaires à gaz se chargeant de faire faire au lecteur un véritable bond dans le temps.

Bref, si la seconde partie ne vaut à aucun moment la première, le tout fait passer un très bon moment de lecture, même quand, comme moi, on est pas spécialement fan de polars.
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