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Critique de pbrient


C'est avec un immense bonheur que j'ai retrouvé les mots d'Isabelle Chaumard. On l'attendait après l'excellent « belles sanguinaires ». J'ai fini « le sacrifié de Castelluccio », je suis à nouveau conquis.
Nous débarquons à Ajaccio et nous y resterons tout au long de cette histoire. Nous allons nous promener entre passé et présent avec deux acteurs principaux, Marie et Abram et deux seconds rôles, Jean-Baptiste et Bastien sans oublier la bonne copine, Caro, qui veille sur Marie.
Marie est assistante sociale et travaille dans le même bâtiment que l'aide sociale à l'enfance. Elle aime son boulot mais avec la baisse des budgets de l'état on demande toujours plus à ses employés en leur donnant moins de moyens. Elle a en charge le dossier d'Abram, qui vient d'être placé en hôpital psychiatrique de Castelluccio, faute de place en foyer et en famille d'accueil. C'est un ado de 16 ans, il vivait seul avec sa mère qui est dans l'incapacité de s'en occuper. Il souffre du syndrome de Cotard, une forme dépressive grave où le patient est convaincu d'être mort. L'auteure a construit son récit par chapitre en donnant la parole à chacun des deux protagonistes. La présentation et les conditions du travail de Marie relève de la réalité et ça Isabelle Chaumard est bien placée pour le connaitre. Elle a travaillé pendant 20 ans dans l'insertion et la protection de l'enfance avant de démissionner et devenir journaliste et lanceur d'alerte.
En alternance on va suivre la vie de Jean-Baptiste jeune Rochelais incarcéré au bagne de Castelluccio de 1855 à 1860. Comme les 1200 autres mineurs il sera exploité par l'état et la région pour construire des routes, un barrage et ce qui sera aujourd'hui l'hôpital. Il finira malheureusement par mourir comme 160 autres sous les coups, exploités, malnutris, violés et atteint de diverses maladies. Il sera déposé dans ce carré avec les autres, souvent à même le sol sans sépulture. Aujourd'hui réhabilité, ce cimetière de la honte avait disparu sous les ronces et buissons, dame nature reprenant son dû. Je vous invite à visionner la vidéo de l'auteur pour mieux vous imprégner des lieux. Cela m'a permis de m'immerger et de mieux appréhender ma lecture.
Pour ce qui est de l'intrigue, je pense qu'on est plus dans l'atmosphère d'un roman noir. Elle est très subtile et accroche le lecteur dès les premiers mots posés par l'auteure. Une série de 3 meurtres d'enfants va malmener le quotidien de Marie mais aussi lui permettre de faire la connaissance de Bastien !!!
Et toujours cette si belle écriture qui nous fait voyager dans des paysages et décors magnifiquement décris. Tous nos sens sont en éveil. J'ai senti les odeurs du maquis quand le soleil commence à sécher l'humidité de la nuit, subtil mélange de thym, de myrtes sauvages. J'ai entendu la musique des cigales le soir quand le jour laisse sa place à la nuitée. le vent dans les oliviers. J'ai vu le couché de soleil au dessus des eucalyptus.
Le style d'Isabelle est envoutant et parfaitement rythmé, il ne manque pas de rebondissement, de suspense savamment distillé. Il procure de l'émotion, j'ai ressenti la haine, la tristesse et la peine mais aussi par moment le sourire. Mille mercis pour tout cela Isabelle Chaumard vous m'avez à nouveau captivé, troublé, fasciné.
Merci aux éditions « le mot et le reste » pour leur confiance dans ce SP.

Lien : https://www.facebook.com/Phi..
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