Citations sur Les Français sous Louis XV (11)
Chaque salon porte sa griffe. Celui-ci plus mondain, tel autre philosophe, mais tous ont pour déesse - ou pour dragon - une femme, rarement une jeune beauté, souvent une respectable hôtesse en fin de parcours galant qui, en attendant le musée, se fait tresser des couronnes. Et pour oracle, un grand homme..., ou tout comme.
Le roi, Versailles, autant de soleils qui palissent alors que monte irrésistiblement l'étoile de Paris.
Faut-il chercher dans une enfance incomplète, privée d'affection maternelle, ce refus de la maturité, ces velléités juvéniles, ces comportements, ces renoncements, cette apathie que tous les contemporains observent ? Il porte son enfance partout. Il n'est adulte que par passade, comme pour se reposer entre deux gamineries.
Au sujet de Louis XV :
Tous lui reconnaissent de l'esprit et du jugement. D'Argenson, l'intelligence la plus solide de la cour, lui accorde un regard d'aigle - "ses opérations d'esprit sont plus rapides que l'éclair" -, une sensibilité extrême, de la lucidité, de la pénétration - "il se connaît en hommes parfaitement" -, le goût de l'étude et de la lecture. Il écrit aussi, beaucoup : des lettres, des mémoires, des extraits de ce qu'il lit. Pourtant, à cet esprit brillant il manque quelque chose.
Dans les Alpes, les petits paysans n'ont souvent qu'une seule vache et attelent ensemble leur vache et leur femme et, pour s'entraider, prêtent aussi communément à leur voisin celle-ci que celle-là .
Ce règne sans colère ressemble à une soirée sereine au coin du feu, après une longue journée de peine et de violence.
Le Bien-Aimé pour lequel toute la France pleura, devint, aux jours sombres, un Hérode. Méritait-il d'inspirer tant d'amour, de susciter tant de mépris ? Et après tant d'éloges, autant de cruautés ?
Lorsqu'un père veut conclure une alliance pour ses enfants, il lui suffit de se rendre dans la maison de la famille à laquelle il veut s'unir et de compter les jambons pour estimer, d'un regard, la richesse de ses hôtes.
Les pensions et les charges pleuvent sur ceux qui ont l'échine souple, qui savent louvoyer, faire au bon moment un compliment, qui se soumettent de bon gré au conformisme de la mode, vertu suprême de ceux qui veulent réussir. Ceux qui ne parviennent pas à s'adapter, à se soumettre parfaitement aux règles du jeu, les Prévost, les Crébillon, restent des bohèmes. Pour tous, les débuts sont difficiles, et lorsque, dans une famille, un rejeton manifeste le désir de suivre la carrière des lettres, le père généralement jette les hauts cris. Soyez curé, procureur, médecin, à la bonne heure. Mais écrivain ! Y pensez-vous ? Les bons bourgeois ont fait leur le cri moqueur de Voltaire : "La littérature est le premier des beaux-arts, mais le dernier des métiers."
1731 : La Peyronie crée l'Académie de chirurgie. Les médecins ulcérés aiguisent aussitôt leurs armes et, pour prouver leur supériorité, réunissent un arsenal d'arguments vigoureux marqués au coin de la plus inattaquable rigueur scientifique. Qu'on en juge. Vous prétendez, chirurgiens ambitieux, être des hommes de science : mais y a-t-il un seul représentant de votre art parmi les saints du calendrier ? Pas un. Connaissez-vous le grec ? Que non pas ! Pline loue-t-il la chirurgie ? Jamais. La cause est entendue.