Pour un homme du XVIIIè siècle il n’y avait aucune honte à recevoir de l’argent de son roi : c’était une faveur que l’opinion condamnait lorsqu’elle était obtenue par l’intrigue, la courtisanerie, mais qu’elle tenait à honneur lorsqu’elle était la récompense de services réels et désintéressés
EN 1788 un personnage déjà illustre, mais à la renommée fâcheuse, un homme dont on chuchote le nom à voix basse comme une impureté, un homme qui trouble les femmes et provoque chez les gens en place une moue de dédain, lance comme un défi cette devise altière mais impie, mais sacrilège aux yeux de l'establishment : « Le jour est venu où le talent aussi sera une puissance. » Il aurait pu ajouter, s'il avait connu l'avenir, cette autre affirmation, paradoxale, mais que l'histoire devait, hélas! souvent confirmer : Le jour est venu où le talent aussi sera l'objet du mépris.
C’est pour avoir porté dans leur jugement une mentalité étrangère à l’époque que Michelet ou Louis Blanc ont pu parler de corruption » de même « qu’à nos yeux scrupuleux, il ne saurait y avoir de doute : il y eut bel et bien corruption. Mais nos yeux sont anachroniques
La naissance de l'encyclopédie - Guy Chaussinand-Nogaret