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Magnifique !
Ce livre se trouvait depuis un moment dans ma wish-list, sans que j'y fasse plus attention qu'à un autre (c'est que ma liste d'envies est encore plus énorme que ma très longue PAL…), jusqu'à ce qu'il soit proposé pour le Book club « Pépites méconnues » de février dernier sur Livraddict. Et c'était une très belle découverte, mieux encore que ce que j'en attendais. C'est probablement l'un de mes plus gros (et rares) coups de coeur depuis le début de l'année !

Tout le récit s'articule autour de Cecilia, jeune journaliste cubaine qui, après la mort de ses parents, a fui La Havane pour Miami où elle est désormais bien installée. Elle vit néanmoins essentiellement au contact de l'importante communauté cubaine de cette nouvelle ville, entretenant un sentiment d'amour-haine pour son pays natal, qui revient encore et toujours comme un leitmotiv, sans que l'autrice ne tranche jamais sur laquelle de ces deux extrêmes prédomine. Cecilia est célibataire et souffre terriblement de cette solitude qu'elle subit ; elle cherche avec un certain désespoir l'accomplissement de ses rêves, qui s'avèrent un mélange de : trouver enfin l'âme soeur (quitte à se fourvoyer avec l'un ou l'autre tant son désespoir de rester seule lui occupe l'esprit), essayer de s'ouvrir à une dimension spirituelle dont elle aurait dû hériter par sa lignée mais dont elle se sent dépourvue, et parvenir à rédiger un article sur une mystérieuse maison-fantôme qui apparaît çà et là, ne cessant de la narguer.

Au cours de ses déambulations nocturnes avec deux amis fidèles, dans un bar toujours bondé où l'on danse à toute heure, Cecilia rencontre une vieille dame, Amalia, qui de soirée en soirée lui raconte l'histoire de sa famille – quelques destins singuliers qui, tous ensemble, retracent en réalité l'Histoire de Cuba.
C'est ainsi que l'autrice avance dans son histoire et celle de son île, selon un rythme alternant un chapitre sur le quotidien de Cecilia, véritable fil rouge de toute l'histoire car elle se situe au présent avec une jeune femme bien de notre temps, toujours suivi d'un chapitre reprenant l'histoire de la famille d'Amalia au fil des décennies. Dans ces chapitres-là, le lecteur sait que c'est Amalia qui parle, cependant l'autrice ne s'est pas embêtée à un jeu d'italiques ou à des interventions intempestives de celle qui aurait pu être la narratrice : en réalité, toutes ces aventures particulières qui s'égrènent au fil des années, nous sont présentées du point de vue d'un narrateur extérieur non-intervenant. Ce procédé casse peut-être un peu l'effet personnalisé qu'on aurait pu attendre d'un « Amalia raconte… », mais donne en revanche une vraie profondeur, un réalisme certain à ces récits, dès lors qu'ils transcendent le champ des seuls souvenirs de la descendante d'une des branches de cette famille, et épouse du descendant de l'autre branche.

On fait ainsi la connaissance d'une famille espagnole, fuyant une malédiction (qui va pourtant la poursuivre) et espérant faire fortune dans ce Nouveau Monde encore mystérieux. On suit bien entendu le parcours tragique de ces esclaves importés (si l'on peut dire) massivement d'Afrique, pour travailler dans l'industrie du sucre ou, dans le meilleur des cas, servir dans les grandes demeures des maîtres espagnols. Parallèlement à ça, une émigration dont je n'avais jamais entendu parler (mais je ne suis pas spécialiste de Cuba) a également peuplé l'île : ce sont des vagues entières de Chinois qui ont rejoint Cuba, voyageant dans des conditions épouvantables, fuyant leur Empire en déliquescence et l'invasion japonaise, et espérant eux aussi faire fortune sur cette nouvelle terre, qui se situe sous les mêmes latitudes que leur mère-patrie et pourtant tellement différente…

Comme on peut l'imaginer, toutes ces histoires qui s'entrecroisent pour finalement se rejoindre amènent le lecteur à rencontrer un très grand nombre de personnages, pas toujours évidents à reconnaître ! Heureusement, l'autrice a veillé à présenter un double arbre généalogique en tout début de livre, très précieux, et auquel je me suis référée plus d'une fois au fil de ma lecture. C'est là aussi qu'on trouve les repères temporels (les dates !), car ils sont par ailleurs très peu présents dans le récit même, si ce n'est à travers des événements notamment politiques, mais que le lecteur lambda qui ne fait que découvrir Cuba, aura du mal à replacer sur une ligne du temps. À part ça, l'écriture est fluide et agréable, mais la multiplicité des personnages et l'alternance systématique des temporalités font que ce livre a besoin de temps pour être lu, qu'on « se pose » réellement pour le savourer.

On découvre ainsi, sans réelle surprise, que chacune de ces communautés vivant sur l'île, restait assez séparée des autres, et que la mixité était très mal vue ! du moins au début… Si c'est marquant et prévisible entre les traditionnels Blancs (espagnols) et Noirs (ex-esclaves africains), on est presque choqué de découvrir à quel point les Chinois de Cuba se refusaient à toute liaison avec les autres communautés – pour affaires, certes oui, mais pour fonder une famille ? jamais de la vie ! – tandis que ces Blancs, Noirs ou de plus en plus nombreux « mulâtres » ne souhaitaient en aucun cas se mélanger aux Chinois… Et pourtant, à en croire l'autrice, toutes ces communautés, peu à peu, n'ont pu faire autrement que se côtoyer, se fréquenter, se mélanger, s'aimer pour certains, donnant naissance à cette famille que nous suivons ici, atypique et pourtant terriblement cubaine, avec ses racines « du monde entier » !

En outre, toute cette histoire dans l'Histoire est empreinte du début à la fin de deux éléments qui semblent indissociables de Cuba : la musique d'une part, la spiritualité exacerbée et autres croyances de type magico-fantastique d'autre part. À nouveau, je ne suis pas spécialiste, mais il s'agit réellement d'une forme de spiritisme, cette faculté de voir / entendre / parler aux esprits qui touche essentiellement les femmes de cette famille, mais tant d'autres aussi – et Cecilia, bien qu'issue d'une autre famille que celle d'Amalia, devrait elle aussi avoir ce « don », qu'elle recherche en vain, peut-être parce qu'elle n'y croit pas trop elle-même. Cela dit, si cet aspect des choses est bien présent, il n'est jamais présenté comme quelque chose d'extraordinaire qui donnerait des pouvoirs exceptionnels à ces femmes, comme dans un roman fantastique ou de fantasy par exemple : on est bien davantage dans quelque chose de l'ordre d'une croyance qui fait partie du quotidien de ce peuple, parce que c'est comme ça, parce que l'île a toujours abrité nymphes ou esprits farceurs, et c'est juste normal que certains aient ce don de communication que nous appelons paranormale…

Quant à la musique, elle est ultra-présente dès le début, par le simple fait que chaque chapitre porte le titre d'un de ces morceaux de musique traditionnelle cubaine – avec, systématiquement, une traduction proposée en français et le nom du compositeur. Mon seul regret, à ce sujet, est que l'autrice (ou l'éditeur ?) n'ait pas proposé de playlist – qui aurait certes présenté un risque d'obsolescence à plus ou moins long terme, mais qui aurait pourtant été bien utile. En effet, un certain nombre de ces boléros, morceaux de salsa etc., sont assez anciens et désormais introuvables sur Internet, ou alors proposés en différentes versions dont certaines, semble-t-il, n'ont plus grand-chose à voir avec l'original des années 1930-40-50 ! Néanmoins, cela m'a permis quelques jolies découvertes, et notamment des retrouvailles avec un groupe tel que le « Buena Vista Social Club », dont j'avais vu le film (qui ne m'avait guère plu, à l'époque) tandis que j'écoutais les musiques avec grand plaisir !

Or, cette spiritualité présente au quotidien, de même que la musique, sont autant d'exemples de mixité spontanée et réussie sur l'île, l'une comme l'autre étant le résultat de ce que les hommes et les femmes des différentes communautés en ont fait tous ensemble au fil du temps – car ils sont venus chacun avec leurs croyances hérités de leurs ancêtres, et leurs rythmes et mélodies qui les berçaient depuis toujours, jusqu'à les mélanger dans un tout hypnotique. C'est un pays que l'on a tout à coup follement envie de découvrir, malgré des chapitres finaux assez sombres, dénonçant de façon dure et touchante la révolution communiste et ses sursauts dictatoriaux, qui ont précipité l'exil de tant et tant de Cubains en-dehors de ce pays devenu détestable, qu'ils ne cessent pourtant de chérir, pour toujours.
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j'ai adoré ce livre plein de magie, de musique, d'amour. Il s'en dégageait une atmosphère dense et particulière
Lien : http://l-evasion-par-la-lect..
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Un des romans cubains le plus traduits (25 langues) dit-on.
Cet auteur que je découvre à une sensibilité qui me rejoint beaucoup. Elle touche plusieurs domaines de la vie dont : la magie, la parapsychologie, la mythologie, la psychologie, la politique et l'histoire ancienne. Par une grande imagination et une qualité d'écriture très poétique, on y apprend que Cuba s'est formé à partir de 3 cultures dominantes : la Chine, l'Afrique et l'Espagne. L'histoire tourne autour de 3 grandes familles issues de ces cultures à partir au milieu du 19e siècle. La cohabitation et le métissage ne sont pas toujours sans conséquence sur l'île de Cuba. Puis, on se promène entre Cuba à Miami où un nombre extraordinaire de Cubains y sont installés depuis le régime de Castro. C'est la femme qui est le fil conducteur de toute l'oeuvre, et ce, à travers le regard d'une jeune Cubaine-Américaine qui est en recherche de sens à donner à sa vie. Peu importe d'où viennent ces femmes, elles portent toutes avec elles une sorte de malédiction qui les persécute, un « fantasma ». Entre Miami et Cuba, entre une époque et une autre, entre un siècle et un autre, on découvre peu à peu le récit de ces trois grandes familles, dont les liens et les amours qui les unissent se prolongent à travers le temps. C'est très beau. J'ai bien aimé l'espace « métaphysique » de son récit, une sorte de magie y règne. de plus, c'est
très poétique. C'est franchement intéressant comme écriture

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C'est l'histoire de Cuba, terre d'accueil, sur plusieurs générations. On y découvre le métissage d'un peuple (espagnol, africain, chinois). On y parle de mémoire, de croyances populaires, de magie et de rapports humains. On y rencontre le vieux dieu Pan, un lutin qui s'attache aux femmes d'une même famille, les esprits de la nature et ceux des ancêtres.
L'auteur chronique les rapports entre une espagnole qui voit des lutins, une famille chinoise réchappée d'un massacre, une fille d'esclave finissant dans une maison close. Il sont au prise avec les événements désastreux de l'histoire de Cuba.
Cécilia, réfugiée cubaine vivant à Miami où elle occupe la fonction de journaliste déroule l'histoire de son pays, poursuivie par une maison fantôme.
C'est une oeuvre magnifique, sensuelle, savoureuse.
A consommer sans modération.
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Un livre mystérieux, des personnages envoutants, je suis tombés dessus par hasard, si le titre peu paraître lourd l'histoire n'en est rien : ces amours là sont labyrinthiques, les histoires sont à déliées.
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Il y a plusieurs éléments intéressants dans ce roman (la construction en différents récits, les références musicales, un petit côté fantastique), mais pour moi, il manque un peu de polissage pour que je puisses dire que j'ai vraiment apprécié. L'aspect qui m'a surement le plus dérangé est le côté romance (il y en a plusieurs dans ce récit), mais qui est souvent des «love at first sight» et qui pour plusieurs manquent un peu de chair pour que je m'attache aux personnages.
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