Ce jour-là
J'étais arbre j'étais source
j'étais herbes j'étais pierre
j'étais toi j'étais nous
Ce jour-là
à perdre écailles à perdre lianes
à perdre murs
en mille milliards de voies
j'étais partout!
La ville trempa sa nuit dans nos gorges
Le temps émietta ses frontières
Les murs larguaient leurs toits
Nous étions nous et nous n'étions personne
Nous perdions trace de tout ce qui nous nommait
La terre virait virait
Vers je ne sais quelle plage
Vers je ne sais quel monde
Plus dur plus doux?
Au fond des fonds de nous
Les étangs du silence
Répandaient dans nos veines
La seule réponse à tout.
Parole -Soleil
Broyés par la violence
Minés par la haine
Les corps se rompent
L'âme déserte
Le coeur se râpe
Pourtant d'éclipses en éclipses
rendant arme
Rendant grâce
Les hommes retracent parole d'amour
Parole d'héritage et d'avenir
Qu'aucune redite n'érode
Qu'aucun pillage ne décime
Fraîche parole
parmi nos loques
Parmi nos ombres :
Parole-Soleil !
D'instant en instant
Germe le temps qui me tisse
File le temps qui me traque
S'écourte le temps qui me fuit
D'instant en instant
Captif du temps qui s'élance
Je navigue
Sur les jeux du songe
Sur le flux du présent
Sur l'élan de l'âme
Sur les remous du coeur
D'instant en instant
Au rythme du temps qui nous modèle
Nos ombres se démènent
Sur la toile de vie.
Au fond du visage
Ce n'est pas en une fois
Que je saurai ton visage
Ce n'est pas en sept fois
Ni en cent ni en mille
Ce ne sont pas tes erreurs
Ce ne sont pas tes triomphes
Ce ne sont pas tes années
Tes entailles ou ta joie
Ni en ce corps à corps
Que je saurai ton corps
Ce ne sont pas nos rencontres
Même pas nos désaveux
Qui ėlucident ton être
Plus vaste que ces miroirs
C'est tout cela ensemble
C'est tout cela mêlé
C'est tout ce qui m'échappe
C'est tout ce qui te fuit
Tout ce qui te délivre
Du poids des origines
Des mailles de toute naissance
Et des cloisons du temps
C'est encore cette lueur:
Ta liberté enfouie
Brûlant ses limites
Pour s'évaser devant.
Ce que nous sommes
tu es radeau dans l’éclaircie
Tu es silence dans les villes
Tu es debout
Tu gravites
Tu es rapt d'infini
Mais " tel que je suis"
que j'écris que je tremble"
Je te sais parfois
refroidi de toi-même
quand les fables et le sel t'on quitté !
Je te sais
tantôt mutilé
tantôt espace
tantôt épave
ou illumination
Je te sais
disloqué par les parcelles du monde
Mais je te sais
De face
Dans la forge de ton feu.
Preuves de l'amour
L'amour
Éperon du souffle
Recouvre nos fêlures
Pacifie nos gisements
Tisonne nos cendres
Soulève la voûte obscure.
Passage de la source
Quand les fourrés du temps
nous cèdent le passage
Quand l'herbe lente
harcèle au bord les horizons
Plus profonds d'un présage
Plus graves d'une épreuve
Nous proférons des paroles
que relatent la source.
Ce lieu
En ce lieu
qui s'absente
En ce lieu
qui te hante
Nul besoin de voyages
En ce lieu
qui t"enfante.
L'homme est encore debout
Rivé à l'impossible
Pilonné de terre
lardé par les brouillards
le soleil et les cris
Avec son recel d'âme
qu'il irrigue
oui qu'il brûle
L'homme est encore debout !
L'usure n'a pas de prise
sur l'espoir qui s’élance
Hors de la moelle des âges
Hors des dalles éclatées
JEUNESSE
Tu chantes !
Pour un temps s'apaise
L'univers en tornade
que tu portes dans tes flancs
Tu danses!
Ton corps brûle ses frontières
T'emporte hors de ton corps
Tu cries !
Ta fureur attise l'âme
des univers éteins.
Tous les appels du monde
te traversent jeunesse !
Tu enfantes le feu.