AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Marti94


Je suis heureuse de savoir que le récit de Magyd Cherfi a été retenu dans la sélection du prix Goncourt 2016 car "Ma part de gaulois" est un livre important et si ça ne tenait qu'à moi je lui donnerai volontiers ce prix.
Il est important pour plusieurs raisons. D'abord parce que c'est un vécu qui me rappelle ma jeunesse dans les cités et Magyd aurait pu être un de mes copains de lycée. Ensuite parce que c'est un témoignage de la réalité sociale des quartiers de banlieues et on voit bien qu'elle n'est pas homogène ou unique. Enfin c'est un élan d'espoir contre le déterminisme social et la violence faite aux filles.
Début des années 1980.
Magyd Cherfi est arabe et vit dans le quartier nord de Toulouse. Il raconte sa jeunesse entre le lycée et la cité, deux mondes bien différents. Il se sent français au lycée et algérien dans la cité.
Magyd c'est un de ceux qu'à l'époque on appelait "Les grands frères ", animateur de quartier, organisateur du soutien scolaire et d'un atelier théâtre. Il aime Brassens et n'est jamais bien loin de ses potes Samir, le militant, et Momo, le comédien.
Quelle émotion quand Momo passe une audition pour le conservatoire de théâtre. Soutenu par les siens, il va échouer car il n'est pas dans son monde et n'a pas les codes. J'ai vécu ce genre de situation en tant que Française mais vivant dans une cité de banlieue.
Magyd Cherfi parle aussi très bien des filles qui doivent se soumettre à l'autorité masculine et raconte l'histoire de Bija, hospitalisée après avoir été rouée de coups par son père et son frère qui veulent lui arracher les yeux parce qu'elle lit un livre. Magyd Cherfi montre sa colère face à cette violence mais aussi son impuissance.
Il comprend qu'il ne peut pas être un sauveur mais il va devenir un modèle sans le vouloir. Son amour de la littérature va lui permettre d'assumer sa part de gaulois, son côté français qui va le mener jusqu'au bac littéraire. Et c'est le premier de la cité à l'obtenir. Il faut dire que sa mère ne l'a pas lâché car elle était convaincue que le bac est une façon de s'élever socialement. L'ambition c'est donc elle qui la porte.
Et puis 1981 c'est l'arrivée de la gauche au pouvoir et l'élection de Mitterrand. Les algériens sont paniqués car ils se souviennent des condamnés à morts durant la guerre d'Algérie quand Mitterrand était garde des sceaux (ce qui rappelle une période pas très glorieuse, c'est le moins que l'on puisse dire).
Enfin, ce récit autobiographique a une dimension socio-politique toujours d'actualité.


Commenter  J’apprécie          181



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}