Citations sur Une jeune fille aux cheveux blancs (13)
Relire un roman, c'est retrouver des amis.
Je ne veux pas vieillir. Pas comme ça. J'aimerais que mes journées s'amusent, qu'elles me remercient de les aimer autant. Je voudrais prendre mon temps sans lui rendre des comptes. Pédaler sans les mains, dire merde aux gens qui m'ennuient et préférer la solitude aux dimanches obligatoires.
Un bon retraité est un retraité en bonne santé. La plupart d’entre nous portent des montres High Tech- cadeau de Noël de leurs enfants en mal d’idées originales probablement – qui mesurent leur poids, leurs dépenses caloriques, leur vitesse, et qui font même GPS.
À présent, je vais finir mon ouvrage et essayer de trouver ça mignon. C’est le mot que tout le monde employait d’ailleurs quand je me baladais avec les colliers de nouilles que les filles me confectionnaient. Le fait maison n’est pas noté pareil, tout est dans l’intention. Au nom de toutes les croûtes qu’elles m’ont offertes, je revendique le droit à la vengeance. Tiens, je vais de ce pas leur confectionner à chacune un joli petit paquet et hop : une coupelle apéro en terre cuite et un cendrier informe. Qu’elles s’estiment heureuses encore. Si j’étais vraiment méchante, je soudoierai Sylvianne pour qu’elle leur lègue son amphore !
Relire un roman, c'est retrouver des amis. L'histoire est écrite d'avance et réserve assez peu de surprise, mais on est toujours content de se revoir et de se tenir un peu compagnie. l'avantage, c'est qu'on peut partir avant le dessert ou passer les chapitres qui ne nous emballent pas. Je saute les pages, je reviens en arrière, j'ai tous les droits sur mon auteur. Je suis chez moi dans cette histoire.
Il parait que les Français ne rient plus assez. Y aura-t-il bientôt des publicités pour la rigolade, comme pour les fruits et légumes ? "Se taper 10 bons fous rires par jour peut diminuer le risque de maladies cardiovasculaires. Ceci est un message du ministère de la Santé". A force d'ingérence, nous allons crever d'ennui. Cela leur apprendra à nous soigner avant que nous ne tombions malades.Des vies de premiers de la classe, saines et millimétrées.
Vous voyez, ce qui est bizarre c'est qu'aujourd'hui ça fait un an tout rond et je ne peux sourire qu'à demi, l'autre partie est anesthésiée. C'est symbolique. J'ai fait la moitié du chemin, mais je ne suis pas encore arrivé. La question est de savoir si j'y parviendrai un jour.
-Chéri, qu’est-ce que tu fais ?
-Rien, je fais un rêve érotique, rendors-toi.
-Avec moi ?
Je déteste quand il prend cet air de petite chatte.Ca nous infantilise et nous n’avons pas besoin de ça.
-Non, Philippe, tu ronfles comme un gorille, ça ne m’excite pas, je t’assure.
-C’est sympa de me réveiller en tout cas.
-Tu ne manques pas d’air : je n’ai pas dit un mot.
-T’es debout au milieu de la chambre, toute nue devant ton miroir, excuse-moi si ça m’angoisse.
-On n’a plus le droit de rêver alors ?
Je me grise peu à peu et cède à ses sollicitations par paresse autant que par curiosité, lorsqu'elle me propose la formule tout en un : aisselles, demi-jambes et maillot. Je me rends compte chemin faisant que j'ai sauté une génération quand elle me lance sans pudeur à plein la cabine :
- Je dégage aussi l'anus ou on reste sur quelque chose de sobre?
C'est précisément cette gémellité frappante avec l'école et le travail qui me gêne. Ces arrangements incessants avec notre liberté de penser, d'agir et d'aller où bon nous semble, nous ne les avons acceptés qu'en rêvant à ce moment béni où nous pourrions nous en affranchir : "Quand je serai à la retraite, j'aurai le temps de faire ci, de voir ça, d'aller là-bas..." Tu parles. A peine libéré, ça recommence : il faut dérouler le fil dans l'autre sens, en cherchant à recréer au plus vite le cadre qui nous étouffait tellement. L'emploi du temps, le lieu unique, les camarades, les obligations quotidiennes sont de retour. Plus de parents, plus de profs, plus de patron. On se croit sauvé, on s'imagine qu'on sera libre, mais tout à coup, c'est pire : c'est la mort qui nous talonne, surveillant le moindre de nos pas.