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Critique de livr0ns-n0us


Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un aussi bon roman. Je n'ai d'ailleurs pas souvenir d'une telle révélation littéraire depuis La confusion des sentiments de Stefan Zweig, mon livre fétiche (je dis toujours que j'en ai plusieurs mais si je devais n'en choisir qu'un, ce serait celui-ci !). Avec La jeune fille à la perle, Tracy Chevalier nous propose de pénétrer l'intimité du peintre Johannes Vermeer, né dans les années 1630 aux Pays-Bas. Cet artiste est une énigme qui continue encore de fasciner les historiens puisqu'on dispose de très peu de traces de son quotidien. On lui attribue à peine une quarantaine de tableaux mettant le plus souvent en scène un ou plusieurs personnages en intérieur (probablement son atelier). A son époque, Vermeer n'était pas un de ces génies méconnus ; on sait qu'il bénéficiait d'un certain prestige puisqu'en 1653, la guilde de Saint-Luc l'accepte comme maître-peintre. C'est également l'année de son mariage avec Catharina Bolnes dont il aura quinze enfants (!). Vermeer peignait principalement sur commande (son père fut son premier mécène) mais son rythme très lent ne lui permettaient pas de subvenir aux besoins de sa trop nombreuse famille. Vermeer décède à l'âge de 43 ans, laissant sa femme et ses enfants criblés de dettes. Oublié pendant près d'un siècle, le peintre fut redécouvert grâce à la critique d'art et connu un succès fulgurant. Ses tableaux les plus célèbres tels que "La Laitière", "La jeune fille à la perle" ou la "Vue de Delft" ont inspiré bon nombre d'écrivains et d'artistes. La peinture de Johannes Vermeer est considérée par les critiques comme un miracle de lumière, d'harmonie et de subtilité dans les tons et la composition.

Bien que le roman de Tracy Chevalier soit entièrement fictif, il s'appuie très soigneusement sur les détails que nous connaissons de la vie du peintre. Je nourrissais déjà une fascination et un attachement particulier pour le tableau "La jeune fille à la Perle", couramment surnommée "la Joconde du Nord". J'ai eu l'occasion de l'étudier en cours d'histoire de l'art à de multiples reprises mais je suis toujours aussi séduite par le mystère et la délicatesse qui s'en dégagent. le roman est à l'image du tableau : tout en douceur, en subtilité, plein de pudeur et de retenue. Plus troublant encore, il agit sur moi de la même manière que le chef-d'oeuvre du peintre, en s'imposant subrepticement, presque en me hantant. le plaisir de la lecture n'est pas spectaculaire mais n'en est pas moins saisissant. Tout l'ouvrage est dominé par les sensations, les émotions. La beauté, la tristesse et le pureté se cristallisent au fil des pages pour former une oeuvre pleine de poésie et de raffinement.

La méconnaissance de la vie du peintre a permis une très grande liberté d'imagination à l'auteure mais j'ai l'impression qu'elle a réussi à être fidèle à l'esprit du tableau. Elle propose en tout cas une plongée minutieuse dans le processus créatif et sa sensibilité exacerbée permet de retranscrire toute la magie de la naissance d'un chef-d'oeuvre. Dès les premières lignes, j'ai été saisie par l'urgence d'observer le tableau en même temps que la lecture. Je suis sortie de ce roman émerveillée, un peu étourdie, avec l'envie dévorante de percer à mon tour les secrets de Vermeer... et de lire d'autres romans de Tracy Chevalier.
Lien : http://livr0ns-n0us.blogspot..
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